Une dernière fois encore
Partie II
By Ysfrael
« Quelqu'un a-t-il gardé le compte? » demanda Harry en contemplant le carnage qu'ils avaient causé à l'entour.
« Nous sommes onze de moins, deux morts ; le reste devrait s'en sortir. » informa Matt.
« Qui ? »
« Chris et Kyle. »
Harry hocha du chef et inclina sa tête pendant une seconde. Cela lui permit de reprendre son souffle alors qu'il disait adieu à ses deux fidèles soldats.
La seule chose qu'il pouvait faire pour eux à présent était de s'assurer que leurs familles n'aient plus jamais à craindre le moindre problème financier à l'avenir pour compenser quelque peu l'immense perte qu'ils allaient endurer.
« Gabrielle » appela-t-il.
Elle s'avança vers lui, un simple bandage autour de son bras droit, seule trace de blessure visible sur son uniforme couvert de son sang.
« Tourne-toi. »
Elle lui lança un sourire malicieux et obtempéra. Il leva le bras pour faire courir ses doigts sur ses cheveux, et s'arrêta lorsqu'il sentit le contact glacé du métal.
Il écarta ses cheveux et observa avec soin ce qu'il découvrit. C'était un vicieux dispositif dangereusement aiguisé recouvrant chaque mèche de ses cheveux et dont les pointes luisaient d'un mélange de sang et de poison.
« Tu as fait d'une faiblesse une force redoutable. »
Elle se retourna et le regarda dans les yeux.
« Fleur a toujours aimé mes cheveux. Je ne peux pas m'en débarrasser alors je devais faire quelque chose. »
Harry acquiesça. Il avait vu un Mangemort agripper ses cheveux et avait été prêt à intervenir lorsqu'il avait vu le Mangemort s'affaisser au sol en se convulsant violemment.
Le combat avait été long et ardu, comme si Voldemort avait décidé que les petites escarmouches n'avaient aucun sens et que tout devait s'achever en un coup.
Ils avaient été en infériorité numérique alors qu'ils combattaient dans une immense cour se situant entre les murs extérieurs du domaine de Voldemort et la forteresse où il se terrait. Et cela n'avait pas eu la moindre incidence quant à l'issue du combat. Ses hommes étaient bien trop bon, bien trop entraînés. Et il n'avait eu de cesse de leur demander le meilleur d'eux-mêmes pendant une année complète avant d'arriver à ce niveau. Gabrielle avait fait de même en France.
Il y avait une étrange tension quand les Mangemorts rencontraient le Paladin ou la Sorcière Blanche.
Les Mangemorts ne voulaient pas mourir.
Le Paladin n'en avait cure, ni la Sorcière Blanche.
Les Mangemorts agissant comme un rideau de protection pour Voldemort croupissaient désormais en Enfer, pendant que le Paladin et la Sorcière Blanche continuaient de combattre parmi les vivants.
Le prix qu'il aurait à payer pour son entraînement ne l'effrayait pas. Il n'avait jamais eu peur de la mort, et accueillerait les bras ouverts la paix, lorsqu'elle surviendrait finalement. L'année prochaine, la décade suivante, le siècle prochain. Cela n'avait aucune importance, du moment que Voldemort était mort.
Il pouvait difficilement se rappeler ce qui s'était passé lorsqu'il était dans le passé, qui il avait tué, qui il avait sauvé et qui il avait laissé mourir dans la fièvre des batailles ; tout ce dont il pouvait se souvenir était l'entraînement, le combat et l'apprentissage perpétuels, affûtant les compétences qui lui permettaient de tuer lorsque c'était nécessaire.
Il avait été absent moins d'une seconde, et quand il était revenu, cela avait été le commencement du changement. Il n'y avait plus d'achoppements en réponse aux exactions de Voldemort. Au lieu de cela, il avait réuni les meilleurs combattants et commencé à pourchasser à la fois les Mangemorts et les Horcruxes restants.
Ce fut durant la destruction de l'un des Horcruxes de Voldemort que quelque chose avait mal tourné ; au lieu de disparaître dans une brume glaciale, il avait explosé.
Harry avait lancé le plus puissant bouclier qu'il pouvait, et cela avait été assez pour sauver leurs vies, mais il aurait une cicatrice sur son dos jusqu'à la fin de ses jours, et Hermione avait perdu ses deux jambes.
Cela leur avait pris quelque temps pour surmonter leur culpabilité, chacun se blâmant pour les blessures de l'autre.
Une fois Harry remis sur ses pieds, il avait redoublé de zèle dans sa chasse aux serviteurs de Voldemort.
Au début Voldemort les avait ignorés, puis s'était mis à se moquer d'eux en leur laissant des messages narquois après les raids des Mangemorts contre les Moldus et les Cracmols. Mais le nombre de Mangemorts tombés commença à s'empiler.
Voldemort avait alors changé de tactique, s'attaquant à leurs alliés ainsi que leurs familles, mais Harry s'y était attendu et avait usé de son immense pouvoir et de sa richesse pour contrer le Seigneur des Ténèbres.
Cela avait requis une autre année de ce jeu du chat et de la souris avant de découvrir la base de Voldemort, et deux mois supplémentaires pour qu'ils puissent se procurer les ressources nécessaires afin de s'assurer que Voldemort ne puisse pas s'échapper.
Toutes les personnes à qui ils faisaient confiance étaient sous le commandement de Hermione, renforçant les champs de protection et leur donnant ainsi le temps dont ils avaient besoin.
Il leva les yeux vers Matt et quelques uns de ses hommes qui se préparaient à utiliser des sorts de destruction de boucliers qui permettraient d'ouvrir la voie vers l'intérieur de la tanière de Voldemort.
« Matt. » interpella-t-il.
« Boss ? »
« Passez à travers les murs, pas les portes »
Matt fit une pause et salua avec un large sourire au visage.
« Bon plan »
Gabrielle leva les yeux vers lui avec curiosité.
« Règle numéro un ; ne jamais faire ce que l'ennemi attend de toi que tu fasses si tu as ton mot à dire »
Gabrielle opina.
« Règle numéro deux. » continua Harry avec un léger sourire. « Parfois, fais ce qu'il attend de toi. Cela donne à tes adversaires l'idée que tu es prévisible, ainsi tu pourras les surprendre par la suite. »
Elle sourit légèrement, mais son sourire n'atteignit pas ses yeux. Peu de choses semblaient être en mesure de la faire réellement sourire.
« Mes hommes savent ce qu'ils doivent faire. » dit-il doucement. « J'avais prévu de m'occuper de luipersonnellement mais je te le laisserai. »
« Merci » murmura-t-elle.
« Ne te préoccupes pas des autres, occupe-toi juste de lui. »
Elle hocha la tête.
« Et Gabrielle. »
« Oui, Harry ? »
« Fais le souffrir »
« J'ai planifié sa mort un million de fois. » souffla-t-elle. « Cela a été mon rêve et mon cauchemar depuis si longtemps. »
« Nous sommes prêts, Boss » cria Matt.
Harry se dressa sur toute sa hauteur et balaya les alentours du regard. Les Aurors Anglais et Français semblaient à présent presque indiscernables, tous formant un groupe hétérogène soudé et concentrés sur la tâche qui se dressait devant d'eux. Quelques uns pratiquaient des sorts, d'autres jouaient avec des couteaux et autres sortes d'armes.
« Gabrielle a entamé quelque chose. » dit Harry, s'attirant leur attention avec aise. « Et je pense que je la finirai maintenant, parce que les mots que Shakespeare a dit sont aussi vrais aujourd'hui que lorsqu'il les a écrits. »
« Nous sommes un petit nombre, un heureux petit nombre, car nous sommes un groupe de frères ; parce qu'aujourd'hui celui qui versera son sang avec moi, sera mon frère. » Il s'interrompit le temps de croiser le regard de chaque personne, l'une après l'autre. « Nous y voilà mes amis, c'est ce pourquoi nous avons travaillé si dur. Derrière ce mur se tiennent Voldemort et son Cercle Intérieur. Vous savez que Gabrielle et moi avons quelques dettes à payer, et c'est ce que nous ferons. Ne vous inquiétez pas trop de Voldemort lui-même, il est à moi. »
« Vous avez travaillé si dur pour en arriver là, et ceci n'est pas la fin. Un dernier glorieux combat, un dernier glorieux effort, et nous aurons achevé ce que personne n'a réalisé – nous aurons vaincu le plus puissant Seigneur des Ténèbres de l'Histoire. Et lorsque nous aurons fini, lorsque nous aurons gagné, vous pourrez regarder tout le monde dans les yeux et savoir que vous avez fait ce que vous aviez à faire, vous vous êtes dressés et êtes sortis du rang là où beaucoup d'autres se sont enfuis. Je suis fier de vous tous, et vous avez ma parole que cette amitié ne cessera jamais. »
« Je vous ai tous vu combattre, et j'ai été émerveillé par vos habilités, et je peux dire sans aucun doute que si j'avais accès aux héros des légendes, je n'échangerai aucun d'entre vous pour eux. Vous êtes les héros d'aujourd'hui, et bientôt, vous l'aurez prouvé. »
« A présent, êtes-vous prêts pour l'immortalité ? »
Le mugissement qu'il reçut ne laissait aucun doute que ses hommes étaient prêts.
Il croisa le regard de Gabrielle.
Elle hocha la tête.
Il se retourna sa baguette dans sa main gauche, son épée dans celle de droite, et se prépara pour la bataille de sa vie.
« Détruisez-les. » souffla-t-il.
Matt opina du chef et activa les sorts. Il y eut un tonitruant bang quand le mur se désintégra. Sans hésitation, il commença à courir droit devant lui et à travers les nuages de poussière, et fut le premier à pénétrer dans la salle de trône de Voldemort.
Il sourit, les Mangemorts qui s'étaient tous concentrés sur la porte, commençaient juste à se retourner vers lui. La première chose qu'il fit fut de lancer un sort qui jeta à bas tous les masques des Mangemorts et les propulsa dans un coin, afin que tout le monde puisse identifier qui était qui.
Les Malefoy, Nott, Parkinson, deux générations de Crabbe et Goyle, tous les Lestrange, Rogue, et d'autres qui n'étaient pas aussi familiers. Derrière eux, sur un trône en or d'aspect vulgaire était assis Lord Voldemort arborant un rictus sur son visage serpentin.
Harry dévia vers la gauche, prenant en premier Rogue pour cible. L'ancien professeur aux cheveux graisseux eut un ricanement et brandit sa baguette, en se mettant dans une posture avancée de duel.
Rogue lança un maléfice à Harry – qui esquiva facilement – et abandonnant l'usage de la magie, Harry utilisa l'épée de Gryffondor. Rogue hurla quand Harry d'un mouvement fluide trancha le bras qui brandissait la baguette – le membre tomba dans un bruit net sur le sol et les Mangemorts le regardèrent avec horreur.
Harry termina en portant un coup d'estoc au niveau du ventre et en lui décochant un coup de pied dévastateur au visage. Rogue trébucha et tomba à la renverse sur le sol, sa main restante tentant désespérément de garder ses entrailles à l'intérieur de son corps.
Oubliant déjà son adversaire de quelques secondes, Harry se tourna vers son prochain adversaire – elle était là où il s'attendait à ce qu'elle soit, protégeant Voldemort et affrontant quelques uns de ses hommes.
« Bellatrix » hurla-t-il.
« Potty » s'écria-t-elle avec un rire maniaque, en envoyant deux sorts de mort à ses hommes – qui se jetèrent au sol pour éviter le maléfice. « Aujourd'hui est un beau jour pour ta mort. »
Harry ne se daigna pas répondre, il se contenta de lui lancer une volée de sortilèges. Bella cligna de surprise et fit apparaître un bouclier autour d'elle en même temps qu'elle évitait la vague de sorts par la gauche.
Voldemort les observait, un sourire sur son visage dénotait une confiance évidente en son Cercle le plus fermé de partisans.
« Expelliarmus ! » hurla Bellatrix, réussissant à atteindre Harry avec le sort.
Harry laissa délibérément sa baguette lui échapper.
« Ohhw, pauvre petit Potty n'a plus de baguette ? J'ai tué petit Ronald exactement comme cela, et maintenant je vais te tuer, et après ça, ce sera le tour de cette petite garce de Sang-de-Bourbe. »
« Tu as oublié une chose » déclara Harry avec un sourire narquois.
« Oh ? » railla Bellatrix.
« Je n'ai pas besoin de baguette. Reducto! » Comme cela s'était produit auparavant le sort jaillit d'une couleur différente que celle attendue.
Bellatrix eut un sourire railleur en voyant le sort frapper son bouclier, et ce fut la dernière expression qu'elle afficha de sa vie, le sort passant à travers le bouclier et produisant un trou béant dans sa poitrine.
« Accio baguette » incanta Harry en se retournant vers Voldemort.
« Dansons » gronda-t-il à l'encontre de sa Némésis, et se mit à lancer un barrage de sorts offensifs.
Gabrielle suivit Harry dans la salle de trône, un petit sourire sur son visage en le voyant écraser Rogue comme s'il n'était qu'un vulgaire insecte.
Mais alors qu'elle balayait la pièce du regard, elle leremarqua, et toutes pensées s'évanouirent de son esprit.
Elle courut à son encontre, coupant et tranchant sa route à travers les nombreux Mangemorts qui se dressaient devant elle, ne daignant même pas sortir sa baguette. Elle n'entendit pas leurs cris ni ne fit cas de leur douleur ; elle était totalement concentrée sur la personne entre toutes qui avait détruit sa vie.
Son père s'avança devant elle et elle le décapita. Ce fut alors que son visage railleur et ses ricanements disparurent remplacés par un regard choqué et un visage apeuré.
« Attends. » dit-il, en levant ses mains.
Elle n'attendit pas, elle ne ralentit pas quand elle sauta et tourbillonna dans les airs, son pied l'atteignant à la mâchoire.
Il atterrit maladroitement, à-demi accroupi, et elle fondit sur lui, frappant sa main aussi fort qu'elle le put. Il glapit de douleur et sa baguette alla s'envoler bien loin de lui.
« Je… » commença-t-il.
Elle n'écoutait pas; il pensait manifestement que la mort était négociable. Elle ne l'était pas. Ce n'était pas une bataille, ce n'était pas un combat, c'était une exécution – et elle allait être aussi douloureuse que faire se pouvait. Elle sauta et le frappa au visage d'un violent coup de pied l'étalant sur le dos sur le dur parquet en bois.
Elle se plaça devant lui et jeta un sort sur sa botte droite. La botte changea de forme et une lame plate apparut à son bord.
Elle avança d'un pas et le frappa de toutes ses forces, son pied s'arquant vicieusement contre son entrejambe.
Son cri de douleur fut si perçant qu'il en fut presque inaudible alors que des monceaux de vêtements et des parties importantes d'un corps masculin s'envolaient dans les airs.
Elle lui jeta un autre sort, diminuant légèrement la douleur et cautérisant la plaie – il serait malvenu qu'il meure avant qu'elle en ait fini avec lui.
Ses mains étaient pressées contre son désormais-vacante entrejambe, et il avait les larmes aux yeux.
Elle asséna un nouveau coup de pied à ses mains pour desserrer leur prise et s'agenouilla sur sa poitrine.
« Pitié » gémit-il « Je peux te donner tout ce que tu voudras »
« Peux-tu changer le passé ? » chuchota-t-elle avec hargne en le toisant du regard. Elle n'attendit pas sa réponse, et lança un sort qui bloqua sa trachée.
Ses yeux s'écarquillèrent et ses mains sautèrent vers sa gorge alors qu'il s'efforçait de reprendre sa respiration.
Elle regarda, ne détourna pas les yeux pendant qu'il devenait pourpre et se débattait, avant de devenir flasque. Ce fut avec un étrange sens de vide qu'elle se leva, attrapa son épée, et alla aider les autres à vaincre les Mangemorts restants.
Cela ne prit pas longtemps. Leurs attaques impitoyables étaient un facteur intimidant pour des personnes qui avaient pendant si longtemps été assurées de leur propre supériorité. Comme la plupart des brutes, lorsque confrontés à une force supérieure, ils s'effondraient, et avec leur chute, leur chance de survie s'évanouissait.
Avec le dernier mort, une garce avec un horrible visage de pékinois, elle se retourna ainsi que tous leurs hommes pour regarder le combat final.
Harry contre Voldemort.
Elle sourit faiblement. C'était évident qui aller gagner. Voldemort désirait plus que tout vivre. Pour Harry, peu lui importait qu'il vive ou qu'il meure du moment que Tom Jedusor était mort à la fin du jour.
Voldemort était puissant, érudit et dévoué à sa cause.
Harry ne semblait pas en faire cas. Il flottait d'avant en arrière se mettant hors de portée où s'avançant de façon téméraire vers le Mage Noir, évitant les maléfices qui volaient vers lui tout en envoyant des sorts de son crû. Chacun lançaient les plus vils des sorts, des sorts dont le but était de déchirer la chair et de détruire les esprits. Mais ils semblaient avoir peu d'effet, chacun des belligérants donnant tout pour leurs idéaux, leurs croyances – l'un pour la liberté, l'autre pour la tyrannie.
Un sort percuta un autre et les baguettes furent bloquées. Voldemort eut un rictus satisfait. Harry lâcha simplement sa baguette et plongea en avant, son épée tendue rencontrant la baguette de Voldemort. Des éclats de bois d'if s'envolèrent un peu partout, et une plume de phénix s'enflamma.
Voldemort hurla de rage, mais ne s'arrêta pas de combattre, sa magie libre aussi dévastatrice que sa magie suppléée avec une baguette.
Harry réalisa une roulade arrière et ramassant sa baguette il lança une nouvelle flopée de maléfices à Voldemort.
« Avada Kedavra! » hurla Voldemort, lançant le maléfice à Harry.
Harry s'accroupit, raffermit sa prise sur l'épée de Gryffondor et la brandit d'une vague fluide, presque comme une révérence à Voldemort.
Le sort frappa le plat de la lame et rebondit, brisant la lame en deux et repartit en direction d'un Voldemort ahuri.
Harry bondit sur ses pieds et suivit le sort de mort et enfonça l'épée brisée dans l'abdomen de Voldemort.
Le visage du Seigneur des Ténèbres exprimait l'agonie la plus douloureuse, le sort de mort l'ayant simplement distrait. L'épée engoncée dans ses tripes, cependant, avait toute son attention.
Harry pointa le plafond avec sa baguette et hurla des mots dans un langage qu'elle ne comprenait pas, et qu'elle ne voudrait jamais comprendre. Un trou apparut, plus noir que tout ce qu'elle avait pu voir dans sa vie.
Il regarda dans les yeux de Voldemort, mais il n'y eut pas de mots, pas de raillerie, seulement un sort de propulsion chuchoté qui expédia l'âme immortelle de Voldemort en Enfer. Il fut arraché à la lame et plongea dans la noirceur la plus absolue.
Le cri de Voldemort se répercuta à travers la chambre avant que le trou ne se referme brusquement et il fut coupé avec une soudaineté qui fit se répandre une vague de frissons parmi les troupes d'Aurors restantes.
Harry contempla avec tristesse l'autrefois rutilante épée de Gryffondor, avant qu'elle ne s'évanouisse d'un geste de sa main.
Il regarda autour de lui lentement, observant la mort et la destruction de ce qui avait été le Cercle Intérieur de Voldemort.
Un son étouffé attira son attention, et il suivit le son pour arriver au niveau de Rogue, qui se convulsait toujours au milieu d'une grandissante flaque de sang.
« Tu es juste comme ton père. » Rogue cracha du sang et du mucus aux pieds de Harry.
« Non » répondit Harry d'une voix douce. « Il t'a sauvé la vie auparavant. » Il s'accroupit. « Je vais l'achever. » termina-t-il en exécutant des mouvements acérés à l'aide d'un couteau qu'il avait tiré de sa hanche.
Quelques secondes plus tard, Severus Rogue était mort.
A présent le silence de la pièce n'était perturbé que par les halètements des vainqueurs épuisés. Personne ne dit rien. Personne ne savait ce qui pouvait être dit. Pratiquement toute leur vie avait eu ce jour pour but, et maintenant qu'il avait été réalisé, il y avait un sentiment de trouble, comme s'ils n'arrivaient pas à croire qu'ils étaient à la fin de leur calvaire.
Harry plongea sa main dans sa poche et en retira la radio.
« Hermione ? »
« Harry ? »
« C'est fini. »
« Merci. » souffla-t-elle dans un murmure. « Rogue ? »
« Eventré. »
« Lucius Malefoy ? »
« Accidentellement décapité. »
« Bien. » La voix de Hermione avait un ton amusé. « Drago Malefoy ? »
« Fleur peut reposer en paix » dit-il simplement.
« Bellatrix ? »
« Littéralement sans-cœur. » fut la réponse laconique de Harry.
« Et Voldemort ? »
« En Enfer. »
Il y eut le son de pleurs étouffés à travers la radio.
« Bon travail Harry » dit la voix de Neville, sa voix rauque d'émotion.
« Les préparatifs sont-ils prêts ? »
« Bien sûr. Les protections de Voldemort se sont écroulées et nous sommes en train d'abaisser les nôtres. L'équipe de nettoyage est en route. »
« Merci. Paladin out. »
Harry jeta de nouveau un coup d'œil à la pièce.
« Je veux que vous ameniez tout ceux que vous voulez au Quartier Général. » dit Harry. « Vous y trouverez de quoi faire une fête qui restera dans l'Histoire, et ensuite quand vous aurez terminé, je veux que tout le monde prenne des vacances. Vous le méritez, chacun d'entre vous. »
Des lents sourires se dessinèrent sur le visage des Aurors.
« Allez vous saouler. » poursuivit Harry, « et prenez du bon temps. Vous avez réalisé ce que beaucoup de gens, Voldemort y compris, pensaient impossible. »
Il y eut une immense clameur parmi les Aurors, qui augmenta encore de volume lorsque l'équipe de nettoyage arriva. Il y avait des Guérisseurs pour s'occuper des blessés et des Aurors pour ramasser les morts.
Gabrielle se sentait perdue. Tout ce pourquoi elle avait travaillé, tout ce pourquoi elle avait tout sacrifié était terminé, et elle ne savait pas quoi faire à présent. Tous ses rêves l'avaient exhorté à prendre la vie des Mangemorts, mais elle n'en avait aucun qui lui donnait un indice sur ce qu'elle ferait ensuite.
Elle voulait acclamer cette victoire, célébrer, mais elle ne pouvait pas. Sa sœur était toujours morte. Son beau-frère était toujours mort. Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire à présent. Elle avait gagné la guerre, mais perdu le pari, le compte de Harry excédait le sien de cinq corps.
Harry se dirigea vers elle et posa ses yeux vers elle, ses yeux cherchant les siens.
« Pourquoi as-tu proposé ce stupide pari ? » demanda-t-elle.
« Parce que je savais que je gagnerais. Est-ce que tu veux l'annuler ? » interrogea-t-il.
Gabrielle secoua sa tête. Il s'avança et la prit dans ses bras. Il y eut un sentiment de désorientation alors que le paysage changeait de façon spectaculaire.
Ils étaient sur un pont. Le son de l'océan léchant doucement une plage avoisinante était le seul bruit qui perturbait le silence tranquille du lieu alors qu'elle fixait du regard le bâtiment en forme de coquillage qui se dressait devant elle. C'était la nuit, et les étoiles semblaient incroyablement lumineuses tandis qu'elles scintillaient dans le ciel uniformément noir.
Harry la regarda pendant une seconde, et lui fit gentiment desserrer sa prise sur l'épée qu'elle tenait encore et la fit disparaître. Il jeta un charme de nettoyage sur eux deux, supprimant les signes évidents de la bataille à laquelle ils avaient participé quelques minutes plus tôt.
Il prit son bras et la conduisit à l'intérieur du bâtiment à travers les portes tournantes en verre. Un tapis luxueux étouffait le bruit de leurs bottes frappant sur le sol alors qu'ils s'approchaient un comptoir derrière lequel se tenait une femme.
Elle leva les yeux vers Harry puis posa son regard sur Gabrielle avant de le ramener à Harry.
« Bienvenue au Burj Al Arab » dit-elle dans un parfait anglais.
Une porte qui se trouvait à leur gauche s'ouvrit et un homme au costume immaculé apparut.
« Lord Baron Potter-Black » salua-t-il en inclinant sa tête.
Harry fronça les sourcils devant lui.
« Harry » ajouta l'homme avec un léger sourire, relâchant un peu de son formalisme rigide.
Harry lui offrit un sourire fatigué.
« Dois-je présumer que vous avez conclu avec succès vos affaires ? »
Harry le scruta du regard pendant un long moment.
« Vous le pouvez Zayed. » dit-il d'une voix douce. « Au final, cela n'a pas constitué une compétition digne de ce nom. C'était une OPA, et les membres de l'ancien conseil d'administration ont présenté leur démission en masse, ainsi ils n'occuperont plus jamais de postes dans cette entreprise, ou n'importe quelle autre d'ailleurs. »
Zeyed sourit – l'expression semblant quelque peu étrange sur son visage. Il s'inclina profondément devant eux.
« C'est un ravissement de vous voir de retour, monsieur. » dit-il à Harry. « Et bienvenue en notre humble établissement ma Dame. »
Gabrielle tenta un sourire, mais il ne sortit pas correctement.
« Nous sommes venus aussitôt que cela s'est terminé. » dit Harry. « Cela a été une journée riche en émotions. »
« En effet. » approuva l'homme, hochant fermement la tête. « Au nom d'un Dubai et Jumeirah reconnaissants, nous insistons pour que vous restiez avec nous, à notre charge. »
« Merci. » dit Harry en inclinant sa tête à son tour.
« J'ai…une faveur à vous demander. » ajouta Zayed avec ce qui semblait être un haussement d'épaules embarrassé.
« Nommez-la, Zayed. »
Zayed hocha la tête.
« Sa Majesté requiert une audience à votre convenance. »
La réceptionniste eut une exclamation de surprise, ce qui lui attira un regard noir de Zayed. Gabrielle eut le sentiment que si des invités pouvaient être sollicités à rencontrer le dirigeant de Dubai, c'était chose inédite de sa part de demander une rencontre à la convenance d'un invité.
« Je vous prie de bien vouloir adresser mon plus grand respect à sa Majesté » dit formellement Harry « et assurez-le que nous nous rendrons disponible au plus tôt. Cependant, Lady Delacour et moi-même avons veillé pendant un moment assez long, et cela nous prendra quelques jours pour récupérer. »
« Sa Majesté sera grandement reconnaissante. » assura Zayed avant de se diriger derrière le comptoir et récupérer un petit bout de plastique. « Je vous accompagnerai à la Suite Royale moi-même. »
Gabrielle éprouva un complet sentiment d'irréel la recouvrir tandis qu'elle marchait vers l'ascenseur, sans vraiment se rendre compte de ce qui l'entourait.
« Félicitations Harry. » déclara Zayed alors que les portes se refermaient sur eux. Gabrielle pouvait à peine sentir l'ascenseur bouger. « Je peux vous dire qu'il y aura quelques célébrations ce soir, partout dans le monde. »
Harry eut l'ombre d'un sourire.
« Les gens ont vécu sous la menace de Voldemort pendant bien trop longtemps. » approuva-t-il. « Cependant, cela prendra du temps à Gabrielle et à moi pour récupérer et être d'humeur festive. Nous avons été dans les affres de la guerre pendant un peu trop longtemps. »
La porte de l'ascenseur coulissa silencieusement, pour révéler un somptueux hall privé avec une seule porte se situant à l'opposé de l'ascenseur.
« Bien sûr. » dit Zayed en les dirigeant vers le hall et en présentant à Harry la carte de la porte.
« Pouvez-vous me faire une faveur et apporter à Gabrielle quelque chose dans lequel elle pourrait dormir ? »
Zayed la regarda pendant un moment puis opina.
« Et un peu de nourriture. Nous allons prendre une douche digne de ce nom »
« Je dirai à l'un des chefs de vous préparer quelque chose de léger. »
« Merci. » dit Harry en ouvrant la porte.
« Tout le plaisir est réellement pour nous. » assura Zayed. « Puis-je demander une dernière chose avant de vous laisser en paix ? »
Harry acquiesça.
« Un mot pour la presse, parce que je ne pense pas que vous serez capable de vous cacher ici pendant longtemps.»
Harry grogna.
« Improvisez juste quelque chose racontant à quel point nous sommes heureux de la mort de Voldemort, et que nous aimerions quelques semaines pour récupérer de la bataille. »
Zayed hocha la tête, s'inclina, et recula dans l'ascenseur.
Gabrielle observa l'immense parloir d'entrée et réussit presque à sourire. Cela semblait être un paradis de Gryffondor, avec un ameublement dont les couleurs rouge et or s'harmonisaient agréablement, conférant à la pièce une sensation de chaleur réconfortante.
Harry prit doucement son coude et la poussa en avant, en passant une horloge qui annonçait qu'il était juste quatre heures du matin, un hall, une somptueuse suite, et ils entrèrent dans une luxueuse salle de bain plus grande que certains appartements dans lesquels elle avait vécu. Elle avait une baignoire profonde qui pouvait facilement recevoir trois ou quatre personnes, une zone de douche séparée avec plusieurs jets, une vanité avec deux lavabos et une luxueuse pile de serviettes et d'accessoires de toilette. Les toilettes, remarqua-t-elle distraitement étaient hors de vue.
Il se rendit au niveau de la baignoire et ouvrit deux robinets au maximum avant de la faire s'asseoir avec délicatesse sur un banc qui était suspendu au plafond. Il s'assit à côté d'elle et retira sa casquette de baseball de sa tête. Elle essaya de lever les yeux vers lui, mais il lui fit gentiment détourner le regard pour qu'il puisse défaire ses cheveux.
Elle avait tressé ses cheveux le jour où elle avait appris que Fleur était morte, et ne les avaient défaits qu'une seule fois – pour ajouter les pointes acérées comme des rasoirs et recouvertes de poison. Elle avait gardé ses cheveux propres et les avaient empêchés de casser grâce à la magie depuis lors.
Avec une tendresse qu'elle ne lui savait pas posséder, il démêla ses cheveux, enlevant avec précaution ses pointes et la fine chaîne de métal qui les reliait, jusqu'à ce que ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules.
Il se leva et déposa le mortel accessoire à cheveux sur le comptoir.
« Lève-toi. » souffla-t-il.
Elle se leva, obéissant passivement à son ordre.
Il s'approcha plus près d'elle et commença à déboutonner sa chemise. Ses mains dansaient avaient confiance en descendant à mesure qu'il déliait son haut. Il fit glisser la chemise de ses épaules à ses bras et la jeta nonchalamment dans un coin. Sans aucune hésitation visible, il posa ses mains autour d'elle et souleva le bas de son top de sports. Elle leva les mains, lui permettant de l'enlever complètement.
Elle n'avait jamais été torse nu devant un homme auparavant, mais elle ne parvenait pas à en être embarrassée, ou choquée, ou même excitée. Cela aurait demandé de l'énergie dont elle ne disposait pas.
Il se mit à genoux devant elle, et défit les lacets de ses bottes. Elle leva une jambe puis l'autre, lui permettant de les enlever. Elle n'avait pas besoin de s'appuyer contre lui pour garder l'équilibre. Se battre était autant une question d'équilibre qu'autre chose, et elle avait maîtrisé cela depuis bien longtemps.
Ses mains allèrent à sa taille, défaisant son pantalon, le baissant rapidement jusqu'à ses chevilles en même temps que sa culotte, la laissant complètement nue devant lui – une autre première.
Il se leva et recula d'un pas, enlevant ses propres vêtements avec la même efficacité et dénuement de tout sentiment. Elle l'observa, notant mentalement les muscles souples et la force brute derrière chacun de ses mouvements, ainsi que les petites cicatrices qui recouvraient sa poitrine.
Il se courba, davantage de muscles jouant sous sa peau fine d'une fascinante manière et referma les robinets. Les chauffe-eau dans la baignoire garderaient l'eau à la bonne température. Il ouvrit la douche, trois jets d'eau se déversant, et il prit sa main, la plaçant sous l'eau chaude.
Voilà qui était plus familier. Elle avait pris beaucoup de douches récemment, n'ayant jamais le temps où l'inclination pour un long bain.
Elle ne pouvait le quitter des yeux, comme si elle était envoûtée par ses mouvements, par ses yeux. Elle sentait que si elle s'arrêtait de le regarder, elle s'effondrerait, que tout viendrait s'écraser, et la laisserait émotionnellement dévastée.
Il commença à la laver, ses mais frottant doucement mais fermement le savon contre elle. Elle se positionnait en fonction de lui, permettant à ses mains un total accès à son corps. Elle n'avait jamais expérimenté des mains masculines la touchant aussi intimement, mais elle n'était pas effrayée, n'était pas vexée. Ses yeux étaient chaleureux et emplis de sollicitude ; il faisait un travail et prenait soin d'elle, sans prendre avantage d'elle.
L'eau chaude tombait drue sur sa peau, et elle pouvait la sentir sur son visage, se mêlant à ses larmes, et elle se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de quand exactement elle avait commencé à pleurer.
Il bougea autour d'elle et se mit à laver ses cheveux. Ses mains s'enfonçaient dans son cuir chevelu, la massant, et les larmes s'arrêtèrent alors qu'elle fermait les yeux et se souvenait. Fleur lui lavait les cheveux quand elle était plus jeune. Elle était dans la baignoire et gloussait en essayant de toucher Fleur avec les bulles pendant qu'elle lui lavait les cheveux.
C'était un bon souvenir. Un qu'elle n'avait pas évoqué depuis un long moment.
Elle n'avait aucune idée du temps pendant lequel elle s'était tenue là, l'eau chaude se déversant sur elle semblant infinie.
Les mains de Harry s'écartèrent d'elle. Elle se retourna et le regarda se laver rapidement – ce qui contrastait fortement avec le temps et le soin qu'il avait pris pour elle.
Ce fut la cicatrice dans son dos qui gagna son attention. Elle semblait méchante et brute, même si elle savait qu'elle avait presque deux ans. Une cicatrice causée par la plus vile des magies, un rappel constant de ce par quoi il était passé, de comment il avait souffert autant, si ce n'est plus qu'elle.
Au moins elle avait de bons souvenirs de celle qu'elle aimait. Il n'avait aucun souvenir de ses parents.
Il termina et ferma les robinets. Il prit sa main et la fit sortir de la douche.
Elle le suivit dans le bain et se détendit, laissant l'eau chaude soulager ses muscles.
Elle voulait faire quelque chose à propos de ses cheveux. Elle voulait lui dire quelque chose, mais elle ne pouvait pas. Sa santé mentale ne tenait qu'à un fil, et si elle faisait quelque chose, si elle disait quelque chose, il se casserait et elle serait détruite.
Fleur aimait les bains, les longs bains en utilisant sa baguette pour garder l'eau à la même température. Gabrielle hurlait souvent à sa sœur d'arrêter de monopoliser la baignoire, mais elle l'ignorait.
Les disputes lui manquaient autant que l'amour.
Le temps passa, incroyablement vite. Elle aventura un coup d'œil à Harry. Ses yeux étaient fermés et sa tête était rejetée en arrière, ses bras grands ouverts.
Il était sans défense.
Finalement il bougea, glissant hors de la baignoire avec une grâce évidente dans chaque mouvement qu'il esquissait.
Il se sécha d'un geste de sa baguette et s'enroula dans un épais peignoir blanc, puis revint vers elle.
Le silence entre eux n'était pas oppressant ; c'était le silence de la compréhension, du respect.
Elle se leva, sortit de la baignoire, et se dressa silencieusement de nouveau alors qu'il la séchait avec sa baguette avant de lui présenter également un peignoir.
Ils marchèrent silencieusement vers la chambre, où un chariot se trouvait à côté d'une table nettement dressée et d'une paire de chaises. Il y avait une boîte en argent sur l'étage inférieur du chariot. Il tira une des chaises pour elle et elle s'assit.
Harry souleva la cloche en argent posée sur le chariot. L'odeur s'élevant des plats chauds lui fit réaliser que tout compte fait, elle avait faim.
Il remplit son assiette et la plaça devant elle. Elle essaya de manger, mais ne semblait pas capable d'arrêter ses mains de trembler. Elle ne savait pas pourquoi elles tremblaient, elle était certaine qu'elles ne le faisaient pas quelques instants plus tôt.
Il prit délicatement ses mains et les posa sur ses genoux, et ensuite comme si elle était un enfant, il la fit manger.
Fleur avait fait cela lorsqu'elle était petite. « Et voilà le balai qui arrive » disait sa sœur, et elle faisait un bruit de balai fendant l'air. Elle n'ouvrait pas la bouche avant la dernière seconde, juste aussi heureuse de s'en barbouiller la figure que de manger.
Cela avait toujours fait rire Fleur.
Elle mangea sous la direction de Harry, mangeant plus qu'elle ne l'aurait fait toute seule, et le regarda ensuite engloutir son plat. Elle commença à se sentir coupable du fait qu'il la fasse passer en premier quand il avait aussi besoin que quelqu'un prenne soin de lui.
Ils demeurèrent assis en silence pendant un temps qui aurait pu être l'éternité, avant qu'il tende son bras et trace sa joue avec sa main, l'obligeant à le regarder.
« Gabrielle » chuchota-t-il.
Et le fil se cassa.
Elle plongea vers lui, enfouissant son visage dans son cou et pleura. Elle pleura pour Fleur, elle pleura pour Bill, elle pleura pour tous ceux qui étaient morts, et elle pleura pour l'enfant qu'elle avait été et la tueuse qu'elle était devenue. Elle pleura parce qu'elle avait été forcée de devenir la Sorcière Blanche afin que personne d'autre ne perde ceux qu'ils aimaient. Elle pleura parce que la Sorcière Blanche était une supercherie, une fille effrayée qui ne connaissait aucun autre moyen de faire face à la mort de sa sœur que de la venger.
La dernière fois qu'elle avait pleuré avait été au mariage de Bill et Fleur, lorsqu'elle avait été si heureuse que les larmes en avaient coulé. Elle n'avait pas pleuré lorsque Fleur avait été portée disparue, ni lorsqu'elle avait identifié le corps ravagé de Fleur.
Elle avait baissé les yeux sur sa sœur bien-aimée et juré vengeance sur le nom que Fleur avait écrit dans le sang sur sa propre peau. Mais elle n'avait pas pleuré.
A présent elle pleurait jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de larmes. Tout le long elle était consciente que les mains de Harry caressaient son dos de haut en bas, et qu'il lui chuchotait des mots de réconfort et d'espoir.
Elle renifla et essuya son nez sur son épaule très peu gracieusement, comme une petite fille, et se recula pour le regarder. Elle ouvrit sa bouche pour poser une question, mais les mots ne sortaient pas.
Elle essaya encore, mais son index toucha ses lèvres, la réduisant au silence.
Ses yeux devinrent distants tandis qu'il la regardait.
« J'ai eu de l'aide – j'ai eu Hermione. » dit-il d'une voix douce. « Je n'ai pas pleuré quand Remus a été tué, ni Tonks. Mais ensuite ils ont eu Ron. Il est mort pendant un entraînement d'Aurors. Ron savait qu'il ne pouvait pas m'égaler en combat, et il désirait apprendre les compétences correctement pour qu'il puisse se défendre seul. »
« Hermione faisait des recherches. Nous allions tous nous rejoindre pour diner cette nuit là. Voldemort lui-même a mené l'attaque. La cible était Ron, mais nous avons perdu presque la classe entière ainsi que Maugrey Fol-Œil.
« Ron est parvenu à en prendre quelques uns, mais ils étaient trop nombreux, et c'est Bellatrix qui l'a exécuté. »
« Hermione et moi sommes allés identifier son corps avec Ginny, Molly et Arthur. Ils se sont effondrés. Hermione et moi ne l'avons pas fait. Nous les avons laissés à leur peine. Et nous avons juré vengeance. En dépit de toutes les personnes que les Mangemorts avaient tué auparavant, c'était différent, c'était devenu plus personnel. »
« Hermione s'est abîmée dans la recherche. Elle a installé un lit dans la bibliothèque et a vécu là-bas, les elfes de maison lui apportant sa nourriture.
« Je suis allé en mission, toutes les missions, me jetant imprudemment dans la bataille. » il s'interrompit et ouvrit un peu sa robe, révélant une cicatrice de quelques centimètres au dessus de son cœur. « C'était un sort de découpe qui a simplement raté parce que j'ai trébuché. »
« J'étais à l'hôpital quand Hermione m'a rendu visite. Nous nous sommes disputés. Nous avons crié et hurlé contre l'autre. Elle m'a accusé de vouloir aller mourir avec Ron, et je pense que c'était vrai. Son amitié était la seule chose qui m'empêchait de le faire j'imagine. »
« Nous avons essayé de le surmonter, mais nous ne pouvions pas. Il y avait cette barrière entre nous, et le sentiment que ma santé mentale ne tenait qu'à un fil, et que faire mention de Ron le casserait. »
« Puis, durant une autre mission, un des Mangemorts m'a raillé à propos de Ron. Je l'ai mis en pièce et j'ai transplané chez Hermione.
Elle m'a regardé, et m'a serré dans ses bras, et nous avons pleuré tous les deux. Nous nous sommes agrippés l'un à l'autre et nous avons pleuré pour tout ce qui s'était passé, et pour les personnes que nous étions en train de devenir. Nous avons pleuré pour les personnes que nous voulions être. »
« Et nous avons finalement admis que Ron était parti et qu'il ne reviendrait pas, peu importe ce que nous faisions. »
« Et lorsque nous avons été à court de larmes, nous nous sommes mis à parler. Pour la première fois depuis la mort de Ron, nous nous sommes assis et jeté une vue d'ensemble sur l'effort de guerre, et constaté à quel point nous et les Aurors étions en train d'échouer. »
« C'est à ce moment là que Hermione m'a parlé du sort de Chrono-magie. Elle m'a dit que c'était une décision que je devais prendre seul, et qu'elle serait derrière moi quelque soit ma décision. J'ai regardé le sort et j'ai instantanément accepté. Soixante années de mon espérance de vie contre la mort de Voldemort ? A ce niveau, j'aurai sacrifié ma vie entière pour sa fin.
« Mais nous avions un plan, quelque chose sur quoi nous concentrer. Et j'ai commencé à me sentir mieux, j'ai accepté le fait que j'étais un tueur, que je tuerai de nouveau et Hermione et moi avons commencé à reconstruire nos vies.
« Lorsqu'elle a été blessée par ce maudit Horcruxe, Neville s'est présenté et a pris soin d'elle. Nous savions tous que je ne pouvais pas. Elle avait besoin de plus que ce que je pouvais donner, et elle comprenait, ne m'ayant jamais fait sentir coupable pour cela. »
Sa main s'éleva et parcouru doucement sa joue.
« Tu n'avais personne. » chuchota-t-il « Personne pour partager ton fardeau, personne qui pouvait te comprendre, personne qui pouvait continuer à te faire sourire, peu importe ce qui se produisait dans ta vie. »
Elle hocha la tête en signe d'acquiescement. Seulement, elle l'avait, lui, désormais. Il comprenait, il l'avait aidée quand personne d'autre n'aurait été capable de comprendre ne serait-ce qu'un peu ce qu'elle endurait.
Il se leva lentement et poussa le chariot et le fit sortir de la chambre, et revint avec juste la grande boîte en argent.
« Est-ce que tu penses que tu peux t'habiller ? »
Elle le pouvait. Mais elle ne voulait pas. Elle voulait qu'il continue de prendre soin d'elle juste encore un peu. Elle secoua la tête.
Il lui sourit tendrement.
« Lève-toi. »
Elle se leva, ôtant distraitement la robe qu'elle portait d'un coup d'épaule. Elle avait plus chaud à présent. Ses larmes avaient commencé à faire fondre la glace autour de son cœur.
Il ouvrit la boîte et fouilla dedans. Elle pouvait voir qu'il y avait des rangées de vêtements à l'intérieur.
Il en sortit un t-shirt volumineux, une culotte simple, et un boxer pour homme. Par son choix, deux choses évidentes en découlaient. Qu'il avait certainement passé du temps avec une autre femme, et qu'ils ne feraient pas l'amour ce soir.
Elle appréciait le rappel subtil, mais n'en avait pas eu besoin.
« Au lit. »
Elle le suivit, glissant à côté de lui et se coucha sur son dos, fixant le plafond. Son appartement à Paris avait une fissure au plafond, et elle avait passé bien trop d'heures à la regarder lorsqu'elle ne pouvait pas dormir. Elle trouva que la fissure lui manquait.
Il bougea, s'approchant d'elle, il saisit son épaule et la ramena contre lui de sorte quelle soit bien recouverte par la couverture, sa tête sur son épaule, son bras autour d'elle et sa jambe sur sa taille.
« Dors. » souffla-t-il.
Elle ferma ses yeux et prit une grande inspiration. Un sentiment qui ne lui était pas familier s'instilla en elle, un souvenir d'une époque longtemps oubliée. Elle essaya de s'en souvenir alors qu'elle sombrait lentement dans le sommeil.
Elle dormait avec Fleur quand elle était jeune. Elle se lovait contre sa grande sœur, et sa sœur lui racontait une histoire tout en se blottissant contre elle.
Fleur était sa grande sœur, son héroïne, son modèle, son professeur et sa confidente. Fleur avait toujours été là pour elle, si bien que lorsque Fleur était partie, il lui avait semblé que tout ce qui importait dans sa vie s'en était allé avec elle.
' Je ne t'oublierai jamais Fleur.' Pensa-t-elle. 'Je t'ai vengée, mais maintenant je dois continuer'
Elle sourit alors que le sommeil la prenait, son froncement de sourcils perplexe ayant disparu de son visage.
Elle reconnaissait le sentiment à présent. Elle ne l'avait plus ressenti depuis la mort de Fleur.
Elle était en sécurité.
Fin.