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Fleur Delacour fulminait. La sorcière aux cheveux blonds éclatants parcourait les corridors du manoir familial d'un pas rageur, son aura de Vélane irradiant visiblement autour d'elle en réponse à la colère de sa propriétaire. La dispute qu'elle venait d'avoir avec sa mère les avait toutes les deux exténuées mentalement, et Fleur avait quitté la pièce en claquant violemment la porte quand il devint évident que toutes deux étaient fermement décidées à rester campées sur leur position.

La femme d'âge mûr avait osé suggérer qu'elle restât à la maison pour l'année scolaire à venir, et Fleur n'avait pas manqué de lui faire savoir exactement le fond de sa pensée concernant cette lumineuse idée.

Rester à la maison alors que le Tournoi des Trois Sorciers allait prendre place ? Ha ! Aucune chance. Ses parents ne comprenaient pas. Elle avait besoin de ça. Elle avait besoin de l'emporter afin que ses camarades de classe, ses amis, ses professeurs, tout le monde pussent se rendre compte que ce n'était pas seulement la Vélane qui constituait Fleur Delacour, mais aussi d'autres choses. La force. L'intelligence. Le charisme. Fleur en avait à revendre, mais si peu de personnes se donnaient la peine de regarder au-delà de son visage. Elle avait besoin de prouver à ces personnes que son héritage seul ne saurait la définir complètement.

Car Fleur désirait sortir avec des garçons dont les yeux ne devenaient pas vitreux à sa vue et dont la langue ne se perdait pas à chaque fois qu'elle leur adressait la parole. Elle désirait des amis qui ne se rallieraient pas à elle en vertu de sa seule beauté Vélane. Elle désirait une vie basée sur ses mérites en tant qu'individu et non pas sur son apparence de poupée de cire.

Fleur entra dans la chambre d'ami tel un ouragan, sa colère exudant toujours de sa personne en violentes vagues d'aura Vélane.

Elle était consciente du danger. Sa mère avait soutenu le contraire, mais c'était loin d'être le cas. L'élection de Sébastien au poste de Ministre de la Magie n'avait pas été une surprise pour la famille. L'honneur et les valeurs morales qu'il possédait et qui avaient tant séduit Apolline avaient prouvé être des qualités plus qu'appréciables sur la scène politique. La population l'adorait. Mais c'était un sentiment qui était loin d'être partagé par les sang-purs du pays, et lorsqu'une portion du Manoir Delacour avait explosé il y avait de cela pas même trois semaines, les premiers soupçons s'étaient reportés sur eux.

Or pas la moindre preuve n'avait été découverte. Tout ce qui n'avait pas été réduit en cendres du fait de la déflagration avait tout simplement mystérieusement disparu, aussi le Ministère Français n'avait-il rien pu faire d'autre que de prévenir la communauté magique dans son ensemble que les actes de terrorisme ne seraient en aucun cas tolérés par le gouvernement.

Fleur était consciente qu'en tant que membre de la famille, elle était une cible pour les ennemis politiques de son père, mais cela importerait peu une fois à Poudlard. L'antique école de sorcellerie était le château le mieux protégé de toute l'Europe, et les cohues d'Aurors que le Ministre Fudge s'était fait fort d'assigner à la sécurité des invités seraient à même de dissuader tout assassin potentiel. Fleur en était certaine. Ses parents s'inquiétaient pour rien, et à cause de cela, son unique chance de prouver au monde entier qu'elle n'était pas juste une quelconque jolie fille seulement bonne à émerveiller les badauds était en train de lui échapper.

Elle en était là de ses ruminations quand la porte de la chambre d'ami dans laquelle elle se trouvait s'ouvrit avec hésitation, et son père entra en affichant une mine légèrement nerveuse. Sans perdre de vaines secondes en hésitation, Fleur s'avança à grandes enjambées vers l'homme, prête à avoir de nouveau droit à une discussion interminable.

« Ma petite fleur, » sourit Sébastien, « pourquoi donc ce visage si triste ? »

« Maman a décidé d'être intransigeante concernant ma sentence de réclusion ferme pour cette année scolaire. » Son père grimaça lorque le terme 'réclusion' fut prononcé et son sourire se fit hésitant. « J'espère que tu finiras par entendre raison, Papa, et que tu me laisseras participer au Tournoi des Trois Sorciers. »

« Argumenter avec une Vélane dont l'opinion est déjà faite, c'est inviter en son endroit une cuisante défaite. » cita Sébastien en soupirant d'un air effectivement défait, et Fleur se prit alors à espérer. « Cela me vaudra le plus grand mécontentement d'Apolline, mais je t'autoriserai à te rendre à Poudlard cet Automne. »

Fleur poussa un cri de joie et jeta ses bras autour de son père sous le coup de l'euphorie. Sébastien étreignit instinctivement sa fille contre sa poitrine avant de la relâcher, tous deux affichant des visages radieux.

« J'ai cependant une condition. » commença Sébastien et à ces mots le sourire de Fleur se flêtrit légèrement. « Il y a quelqu'un que tu dois amener avec toi à Poudlard. »

Le sourire disparut complètement.

« Est-ce que c'est un garde du corps ? »

Sébastien toussota soudainement et afficha une expression nerveuse.

« Pas du tout, ma petite fleur des champs. C'est un neveu à moi, provenant d'une famille éloignée, et qui est venu étudier en France. Il rêve de visiter l'Angleterre et le Tournoi s'est révélé être une opportunité unique pour lui. »

« Je pensais que la plupart des membres de ta famille étendue n'était plus dans tes bonnes grâces. » déclara lentement Fleur en arquant un sourcil de suspicion.

« Ah, hum, eh bien, il vient d'une partie de la famille avec laquelle je suis resté en bons termes. » Sébastien se trémoussa avec inconfort ce qui lui valut un regard noir de sa fille. « Quoi qu'il en soit, le voici à présent. Sois gentillle avec lui s'il-te-plaît, ma petite fleur. »

Son père fit prestement un pas de côté pour révéler derrière lui un garçon aux yeux d'émeraude.


Battement de paupières.

Une pause.

Un autre battement de paupières.

Bon sang. Cette habitude survient toujours au pire des moments. J'avise une main offerte devant moi. Je la saisis et en baise le dos. Une salutation standard pour les clients féminins.

« Veuillez m'excuser. » m'entends-je dire. « Un vieux trait de famille. Il semble que nous ayons tendance à perdre notre concentration aux moments les plus inopportuns. »

La froideur dans le regard de la fille s'estompe, remplacée par une lueur d'intérêt.

« Ze n'est rien. » Son accent est fort, mais étrangement attirant.

« Ah, mais j'ai bien peur que ce ne soit quelque chose lorsque je me rends coupable d'offenser une si belle lady. » ses joues se tintent de rouge. « Peut-être pourrions-nous converser en français ? »

« Vous parlez Français ? »

J'ignore le doute qui transpire de sa voix et je suis sur le point de répondre lorsque Sébastien le fait pour moi.

« Bayard est polyglotte. Il connaît beaucoup de langues, et les maîtrise toutes à la perfection. »

J'incline ma tête en direction du Ministre. Il semble presque desespéré de faire en sorte que sa fille ait une bonne impression de moi. Un homme de famille. Je suppose que c'est quelque chose que je peux respecter.

« Bayard est un prénom plutôt curieux. » répond Fleur à son père en français, bien que son regard soit toujours porté sur moi.

« En ce cas il vous faudra vous entretenir avec mon père et ma mère à ce sujet. » l'aisance que je démontre à parler sa langue semble la surprendre.

« Il semble à présent que ce soit moi qui vous ai offensé. » me sourit-elle.

« Pas le moins du monde, Mademoiselle Delacour. »

« Il semblerait que vous vous entendiez à merveille tous les deux. » se réjouit Sébastien, mais sa posture transpire de nervosité et d'anxiété. « Malheureusement, je dois vous quitter pour aller m'occuper de ma femme. » le Français se dirige vers la porte et en me dépassat se retourne vers moi. « Je vous verrai au dîner Bayard. »

Je le regarde disparaître à ma vue en empruntant un couloir tout en criant « Apolline ! Apolline! » à pleins poumons.

Je retourne mon attention vers la fille que je suis censé protéger, et je m'aperçois qu'elle m'observe avec une expresion calculatrice. Et c'est avec un regard innocent que Fleur pose une main sur mon bras.

« Venez Bayard, je vais vous faire visiter le manoir si vous le voulez. »

« Je ne voudrais pas vous importuner… »

« Je vous en prie, Bayard. » son sourire se fait prédateur. « Ce sera un véritable plaisir. »


Des yeux verts glaciaux. Qui la toisent. Qui l'accusent. Un petit doigt pointé vers elle. Exigeant une réponse.

« Pourquoi ? » lui demande le garçon aux cheveux noirs désordonnés et à la cicatrice en forme d'éclair.

« Harry ! Harry ! Je peux t'expliquer-»

« Pourquoi ? » demande à nouveau le garçon, et elle peut apercevoir la douleur de la trahison gravée sur ses traits.

« Harry ! Reviens vers nous ! Je t'en prie ! Je-»

« Pourquoi lui et pas moi ? Pourquoi aimer Adam plus que moi ? »

« Nous n'en avions pas l'intention ! Je peux expliquer Harry ! S'il-te-plaît reviens ! »

Sans un mot, le garçon se retourne et s'éloigne , disparaissant dans la brume.

Lily Potter se releva violemment de son lit, des larmes ruissellant de ses yeux. Le même rêve. Encore et toujours.

Avec un trémolo dans la voix, le Professeur d'Etudes des Moldus quitta son lit, et chancela jusqu'à son bureau. Ignorant les imposants grimoires qui gisaient de façon désordonnée sur la table, elle s'effondra sur le fauteuil et enfouit son visage dans ses mains.

Harry aurait eu quatorze ans cette année. Un brillant et enthousiaste garçon s'épanouissant en un homme généreux et empreint de noblesse.

La culpabilité arriva. Accablante. Destructrice. Telle un raz-de-marée impitoyable.

Lily aggripa douloureusement sa poitrine tandis qu'elle se remémorait son fils et la dernière fois qu'elle l'avait vu. Une petite silhouette fluette avec de grands yeux emplis d'amour. Ces cheveux noirs ébouriffés qui refusaient catégoriquement d'être dressés en une coiffure nette. La façon silencieuse dont il aimait à observer les choses. Et le sourire triste qui étirait ses lèvres lorsqu'elle se détournait de lui pour aller s'occuper d'Adam.

Essuyant faiblement ses larmes, Lily se leva de son fauteuil et se dirigea en titubant vers la porte. Elle irait parler à Albus. Il l'écouterait. Elle savait pertinemment que cela n'allégerait nullement sa conscience, mais une conversation avec Dumbledore calmerait au moins son esprit troublé.


J'avise sa main s'approchant doucement de sa baguette. Le léger raidissement de ses épaules. Un changement de rythme presque inperciptible. Mes doigts se mettent à effleurer ma propre baguette. Non, voilà qui serait malvenu. Je ne peux pas jeter de sort à la cliente que je suis supposé protéger.

Aussi ne suis-je nullement surpris de sentir la baguette de Fleur contre mon menton.

Un battement de paupières.

Une pause.

Un autre battement de paupières.

« Je sais que vous n'êtes pas là parce que vous êtes un parent éloigné. » la tirade de Fleur m'oblige à me concentrer. « Beaucoup des parents de mon père l'ont renié quand il s'est marié à ma mère. Mon père est un homme fier, et il n'accepterait jamais leurs excuses après s'être vu trahi par eux. »

Trahi. Elle n'a aucune idée de ce que ce mot signifie vraiment.

« Vous ne pouvez pas non plus être son ami. L'attaque survenue à notre manoir l'a rendu méfiant de tout le monde. Il ne vous aurait pas invité ici sans raison valable. »

La fille est intelligente. Un peu lente au niveau duel, cependant. La prise qu'elle exerce sur sa baguette est bien trop légère et les gestes qu'elle exécute avec cette dernière, bien trop malhabiles.

« Alors cela nous amène a deux conclusions, Monsieur Bayard. »

« Quelles sont-elles? » demandé-je, en observant avec intérêt mes alentours. Des photos de familles et des bustes aux aspects revêches. Des statues aussi.

« Regardez-moi quand que je vous parle ! » me somme Fleur avec hauteur.

« Je suis toute ouïe. » dis-je en m'approchant de la photographie de deux adultes radieux. « Vos parents ? Lorsqu'ils étaient jeunes, je présume ? »

« Nous ne sommes pas en train de parler de mes parents ! Nous sommes en train de parler de vous ! » Je suis amusé par l'expression décontenancée de son visage. Toujours prendre son adversaire au dépourvu.

« Et qui y a-t-il à dire à mon sujet ? »

« Je ne vous trouve pas digne de confiance ! » gronde-t-elle.

« Vingt-quatre centimètres. Bois de rosier. Un cheveu de Vélane pour noyau. »

« Quoi ? » Fleur cligne des yeux d'un air interdit suite à mon commentaire soudain.

« Votre baguette. »

« Comment avez-vou su- » commence-t-elle avant de me voir faire tournoyer entre mes doigts un instrument qui lui semble très familier. Un autre regard vers sa main lui révèle que sa baguette n'y est en effet plus. Ses yeux se rétrecissent dangereusement en deux fentes furieuses. Je lui présente sa baguette afin de la lui rendre, le manche pointé vers elle.

« Un homme ne méritant pas votre confiance vous rendrait-il votre baguette ? »

« Je suppose que la voie normale de communication ne fonctionnera pas avec vous, Monsieur Bayard. » déclare Fleur avec un regard noir en arrachant violemment sa baguette de la paume de ma main.

« Mes lèvres sont scellées, mademoiselle. »

« Alors je vais devoir recourir à d'autres moyens. »

Après une demi-seconde passée à m'interroger sur le sens de ses propos, son Charme de Vélane me frappe de plein fouet. Ses longs cheveux blonds. Ses grands yeux bleus emplis de promesses de plaisirs tentateurs. Le léger enflement de ses seins. Je sens ses doigts délicats effleurer ma joue. Un frisson parcourt mon épine.

« Vous allez tout me dire. » reprend-elle en employant de nouveau l'Anglais, son accent travaillant magnifiquement de concert avec son Charme, « Tout me dire à votre zujet. »

Ses lèvres paraissent irrésistibles d'aussi près.

« Mon nom est Bayard. » commencé-je et Fleur opine du chef en guise d'encouragement. « Et je crois que nous manquerons sans nul doute le dîner si nous continuons plus avant sur le sujet. »

Elle semble stupéfaite. J'échappe à son étreinte, avant de me retourner pour la regarder.

« Y allons-nous ? »


Albus Dumbledore poussa un soupir en regardant son Professeur d'Etude des Moldus quitter son bureau. Le vieux directeur s'adossa avec lassitude contre son fauteuil et entremêla ses longs doigts fins. Les cauchemars qui hantaient Lily Potter faisaient parti de ces choses qui la hanteraient jusqu'à la fin de sa vie. C'était une chose qu'aucune Potion de Sommeil sans Rêves ne pourrait guérir. La magie était certes un remède à la plupart des maux d'ordre mental, mais elle ne pouvait absolument rien contre la culpabilité. Et la culpabilité règnait en maître dans les cœurs de la famille Potter.

Albus secoua tristement sa tête.

Il avait été le premier à découvrir l'absence de Harry, et ce seul fait avait été suffisant pour entâcher durant de longues années la relation qu'entretenait le Directeur de Poudlard et les Potter. La simple pensée qu'une famille pût en tout acquis de conscience se pâmer devant un enfant tout en ignorant complètement un autre avait suffi à attiser les flammes vivaces d'un courroux sans précédent chez le vénérable sorcier.

Il se souvenait être entré dans le Cottage des Potter et avoir aperçu Lily et James exultant de la toute première manifestation de magie accidentelle d'Adam. Il y eut force rodomontade de la part du jeune couple, et Albus n'avait pas manqué de les féliciter comme il se devait. Puis il s'était enquis au sujet de Harry et son cœur s'était glacé face aux regards vides qu'il avait reçus en retour.

Harry avait toujours été là. Toujours près de sa famille, à regarder Adam avec envie tandis que ce dernier recevait l'attention qui lui revenait à moitié de droit. Dumbledore avait tenté de prévenir les Potter quant aux dangers que finir par s'aliéner leur autre fils par leur comportement amènerait, mais ses avertissements étaient tombés dans l'oreille de deux sourds. Alors que les enfants grandissaient, Albus avait pris sur lui de parler à Hary à chaque fois qu'il visitait les Potter, et il avait découvert à son plus grand ravissement que le jeune garçon possédait à la fois un esprit vif et une sagesse au-delà de son âge. Harry avait chéri de tout son cœur ces moments que le vieux sorcier passait avec lui, et Albus s'était bien vite mis à l'aimer de cet amour qu'un grand-père a pour son petit-fils.

Hélas, l'amour d'un grand-père ne pouvait pas remplacer celui d'un parent, et en ce jours fatidique, lorsque Dumbledore, faisant fi de son âge avancé et des protestations de son corps, s'était précipité dans les escaliers animé d'une inquiétude grandissante, il avait découvert la chambre de Harry douloureusement vide.

Huit ans. Huit années durant lesquelles Lily et James avaient traité Harry comme un banal objet de leur quotidien, et huit années durant lesquelles il s'était vu spolié de tout amour. Huit années qui avaient finalement chassé le garçon de chez lui.

Albus porta une main trémulante à son front tandis que des larmes menaçaient de se former aux coins de ses yeux. C'était partiellement de sa faute, il le savait. S'il n'avait pas annoncé qu' Adam était le Garçon-Qui-A-Survécu, cela ne se serait jamais produit, et Harry serait toujours avec sa famille, à partager l'attention parentale avec son frère. Dumbledore s'interrogeait parfois : si Harry avait été marqué par Voldemort, Adam aurait-il pareillement été poussé à la fuite ? Il en doutait fort. Harry n'aurait jamais laissé ses parents négliger ainsi son frère.

Les Potter avaient été devastés. Anéantis. Mentalement comme physiquement. James avait paru prendre des années tandis que les semaines s'égrenaient sans qu'ils pussent trouver Harry. Lily se recroquevilla sur elle-même et perdit son lustre brillant et joyeux qu'elle possédait depuis sa première année à Poudlard. Adam était devenu indifférent à toute forme d'attention ainsi que maussade en l'absence de son frère.

Dumbledore était peiné qui leur eût fallu tout ce temps pour qu'ils realisâssent à quel point Harry comptait dans leur vie. La célèbrité que leur conférait le fait d'être les parents du Garçon-Qui-A-Survécu leur était monté à la tête et ce ne fut que lorsque leur fils fût perdu que le sens commun leur revint.

Sirius et Rémus avaient été les premiers à pardonner. Ils étaient les meilleurs amis de la famille, et les parrains des deux enfants Potter. La perte de Harry les avait beaucoup touché, et Dumbledore avait soupçonné qu'entre les deux rejetons Potter, ils avaient nourri une préférence pour Harry. Mais les Potter souffraient, alors Sirius et Rémus étaient venus apporter tout le soutien et toute l'aide qu'ils étaient en mesure de leur donner en pareil cas.

Quelques jours plus tard, les Weasley s'étaient rendus chez les Potter par voie de Cheminette. Arthur avait mis James au tapis d'un vicieux coup de poing au nez. Molly n'était pas demeurée en reste et avait giflé Lily. Puis Arthur avait aidé James à se relever et Molly avait enlacé Lily dans une traditionnelle étreinte Weasley. Tous deux avaient exprimé leur révulsion quant à la maltraitance dont Harry avait souffert avant de se déclarer prêts à pardonner. Les deux familles avaient discuté jusqu'à tard dans la nuit et ils s'étaient quittés plus grands amis que jamais.

Mais c'était là le comportement des plus proches amis, et cela exigea des années avant que les Potter ne reçoivent pareilles sentiments de la part de leurs autres connaissances. Frank et Alice Londubat avaient été les plus longs à renouer leur amitié. Ils aimaient plus que tout au monde leur propre enfant et étaient férocement protecteurs à son égard. De leur avis, négliger un enfant était rien de moins qu'un sacrilège. Ce fut seulement après que James eut entraîné Frank hors de son bureau pour une discussion à cœur ouvert que les Londubat entreprirent le délicat processus de réconciliation avec les Potter.

Puis il y eut ceux qui refusèrent de pardonner. Ceux qui refusèrent d'être encore amis avec des personnes qui s'étaient rendues coupables d'un pareil blasphème. Minerva McGonagall avait été de ceux là. Et depuis, toutes les réunions du Corps Enseignants qu'organisait Dumbledore se déroulaient dans une atmosphère tendue, suscitée et alimentée par les regards torves et les propos polaires que la Vice-Directrice de Poudlard adressait à son Professeur d'Etude des Moldus.

Dumbledore se fit violence pour chasser ces souvenirs de son esprit las. Le premier jour d'école de l'année se profilait dans quelques jours, et avec la réinstauration du Tournoi des Trois Sorciers, il avait beaucoup de travail sur lequel se pencher.

En soupirant encore, le vieux Directeur adressa une prière à la déité, quelle qu'elle soit, qui veillait sur Harry Potter, avant de retourner à l'étude des documents que ses Directeurs de Maison lui avaient soumis.


« Je crois qu'elle sait. » déclara Sébastien d'un ton morose.

Le garçon, nommé à présent Bayard, lui adresse un regard insondable.

« Ai-je été mauvais à ce point ? » soupira l'homme plus âgé.

« Mauvais dans quel domaine ? » interrogea calmement Bayard, en faisant les cent pas dans la bibliothèque du manoir.

« Mauvais pour ce qui est de dissimuler des choses à ma famille. »

« Cela dépend. Voulez-vous que je mente ou que je dise la vérité ? » Le garçon s'était arrêté et était en train d'inspecter une étagère pleine de vieux grimoires arcaniques. Il saisit l'un d'entre eux et se mit à le feuilleter avec soin.

« Et si je désirais que vous mentiez ? »

« Alors je dirais que vos tentatives vouées à tromper votre fille pour son propre bien se sont avérées des plus fructueuses vu qu' elle pense réellement que je suis votre neveu. J'ajouterai aussi qu'elle ne conçoit aucune suspicion à nos endroits et que par voie de conséquence elle se rendra à Poudlard convaincue que son père est le meilleur des hommes qui soient. »

Sébastien renifla.

« Et si je désirais la vérité ? »

« Une bien piètre performance, j'en ai bien peur. »

L'ombre d'un sourire sembla s'installer sur le visage du Ministre de la Magie Français. Puis il disparut, laissant place à une mine inquiète.

« Pensez-vous que Fleur me détestera ? Pour lui avoir menti ? »

Le garçon haussa les épaules, et replaça le volume à sa place dans l'étagère.

« Elle est votre fille. »

C'était une phrase toute simple, mais étrangement, cela remit du baume au cœur de Sébastien. Le Ministre de la Magie se rengonça dans son fauteuil et observa Bayard tandis que ce dernier se remettait à faire les cent pas.

« Ma famille a été tout proprement enchantée de votre présence ce soir. » commenta Sébastien en changeant de sujet pour ce qu'il espérait être un sujet plus léger. « Tout particulièrement Gabrielle. Je ne l'avais pas vu aussi heureuse depuis fort longtemps. »

Le garçon haussa de nouveau les épaules, laissant l'homme poursuivre.

« Aussi incroyable que cela puisse paraître, Appolline s'est également aisément entichée de vous. Mais ce qui me surprend le plus est le comportement de Fleur. Elle n'a pas cessé de vous regarder tout le long du dîner. D'un air scrutateur, si je puis dire à défaut d'un terme plus approprié. »

« La visite dont elle m'a fait bénéficié s'est avérée être des plus intéressantes pour chacun d'entre nous. » Bayard nota l'expression alarmée de Sébastien, et esquissa un léger sourire. « Détendez-vous, Monsieur le Ministre. Vous êtes mon contractant et elle est ma cliente. Rien de plus, rien de moins. »

« Très professionnel à ce que je vois. » commenta Sébastien.

« Si je ne l'étais pas, vous ne m'auriez pas engagé. »

« En effet, en effet. » répondit l'homme d'un ton songeur. « Mais le rôle que vous avez joué devant ma famille était si convainquant que c'en était troublant…si tant est que vous jouiez réellement un rôle. »

« C'était le cas. » confirma Bayard sans la moindre once d'émotion. « Mon travail se trouve grandement facilité si les clients que je protège ont une opinion favorable de moi. Ils ne se doutent jamais-»

« Ils ne se doutent jamais qu'au fond, vous êtes une coquille vide dépourvue du moindre sentiment. » supputa Sébastien. Le garçon le fixa du regard de ces yeux verts lugubres, et le Ministre craignit d'avoir dépassé les limites.

« Je suis désolé-» commença Sébastien, mais Bayard secoua légèrement sa tête. Le garçon passa une main dans ses cheveux blonds indisciplinés et Sébastien crut pendant un instant avoir décelé la trace légère d'une cicatrice en forme de zigzag.

« Vous avez raison. Comme certains de mes clients se plaisent à le dire au terme de leur contrat, » le sourire vicieux fit son retour, bien plus glacial que le gel hivernal, « je suis un véritable monstre. »

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