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L'ascension du réprouvé -Tome 1: L'enfant disparu
Enfances séparées

By Ysfrael

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Lieu : Ville sans nom quelque part en Europe Centrale – Date : 26 Septembre 1986

La petite ville construite à partir de bois de seconde main, d’acier rouillé et d’autres matériaux aux origines similairement douteuses ne pouvait être assimilée à rien de plus qu’à une décharge. L’amas difforme que constituaient les misérables baraques  au milieu de la forêt était un lieu prisé de rassemblement pour toutes sortes de créatures magiques : des sorciers et sorcières aux loup-garous, en passant par les vampires. Bien qu’une partie de la ville fût constituée de véritables établissements, le reste se démarquait par sa décrépitude et son insalubrité qui n’était pas sans rappeler les bidonvilles Moldus. Toutes sortes d’affaires peu scrupuleuses voire même frauduleuses s’y concluaient sans peur aucune de représailles de la part du Gouvernement Magique Allemand qui fermait les yeux.

La ville avait été construite en deux ans depuis le jour ou une explosion magique inexpliquée s’était produite au milieu de la forêt créant ainsi une clairière aux proportions significatives et propres à l’habitat. Les premiers à investir les lieux furent les savants du monde de la magie à la recherche d’une explication quant à la soudaine éruption de magie ambiante dans la zone. Certains d’entre eux commencèrent à construire leurs maisons directement sur les lieux lorsqu’il leur apparut que des années de recherches leur seraient probablement nécessaires afin de résoudre le mystère de la clairière. Bien vite toutes sortes de personnes se mirent à se rassembler autour  du petit village, en arrivant avec les convois de ravitaillement destiné à  la petite communauté. Et avant que quiconque ne puisse s’en rendre compte, la première guilde des marchants s’y était établie. Cela ne tracassa pas outre mesure les savants qui voyaient en cela un moyen commode de commander et recevoir les provisions dont ils avaient besoin.

Bien que la plupart de ces chercheurs ne fussent pas spécialement brillants, tout comme leurs pairs ils n’octroyaient que très peu de leur temps aux choses n’ayant aucun lien avec l’objet suscitant leur intérêt. Leur  petite colonie se situait entre deux villes magiques importantes et grâce à la guilde qui s’y était installée, elle devint bien vite un itinéraire apprécié pour toute personne désirant voyager à la manière des Moldus sans être repérée.

Ce n’était dès lors plus qu’une question de temps avant que les contrebandiers ne se mettent à utiliser cet itinéraire pour leurs propres fins. En conséquence, toutes sortes de poisons et d’artefacts dangereux et illégaux transitèrent bien vite par cette voie. C’était un moyen de transport bien primitif et lent, mais il avait cet avantage appréciable de ne pas être sujet à l’attention des autorités. Cela prenait assurément beaucoup de temps  à tout produit pour arriver à destination mais c’était un moyen bien plus sûr que les portauloins, dont l’usage et la création étaient surveillées de très près.  Il était donc difficile de faire passer de la contrebande par cette voie-là  sans s’acquitter d’un pot-de-vin conséquent, ce qui en retour augmentait significativement les prix des produits sur le marché noir.

Le gouvernement quant à lui, était au fait de la situation, mais n’éprouvait aucune peine à fermer les yeux. Du moment que les habitants de la ville s’en tenaient à leurs machinations sans  impliquer les honnêtes citoyens de leur pays, tout était sous contrôle pour autant qu’ils étaient concernés.

 D’une certaine manière, cela leur rendait bien plus aisé la tâche constituant à délimiter un trait de séparation entre la partie saine du pays et celle gangrénée par les rebuts de la société. Quelques pot-de-vin judicieusement placés, et revenant au final bien moins cher que ceux du Bureau de Régulation des Portauloins, permettaient par ailleurs à ces derniers de se prémunir efficacement contre les yeux et la main intransigeants de la Loi.

Ainsi menée, la ville ne tarda pas à se dégrader au fil du temps  et bien que les savants fussent laissés en paix dans leur propre coin de la ville, le reste devint bien rapidement le repère de toutes sortes d’individus et d’organisations aux activités peu ragoûtantes.

Bien évidemment  en des lieux comme celui-ci, où toutes sortes de désirs se voyaient aisément assouvis, il n’était pas étonnant de voir quelques orphelins en parcourir les sombres ruelles. C’était le genre d’endroit où des femmes aux familles vertueuses pouvaient disposer, à l’insu de tous, de leurs enfants conçus à titre bien moins vertueux.

C’était donc pour cette raison que personne ne prêta attention à l’enfant décharné et aux pieds nus qui déambulait dans les rues vêtu de haillons. Un enfant comme bon nombre d’autres de cette ville : sale, malodorant et bien sûr à l’estomac criant famine.

Par ailleurs, la physionomie du jeune garçon ne semblait pas faite pour attirer le regard. Si on ne prenait pas en compte ses yeux. Il possédait seulement deux traits caractéristiques qui le rendait reconnaissable pour quiconque le connaissant déjà. Le premier trait était des yeux verts à la nuance hors du commun et qui possédaient  une clarté et une vitalité qui en étaient presque hypnotisant. Ils convoyaient aussi un regard extrêmement dur, semblable à celui de la plupart des autres garçons vivant dans ce petit amas sans nom de baraques misérables en plein milieu de la forêt. Cependant la force intérieure que trahissait ce regard n’avait rien de commun, tout particulièrement en ce genre d’endroit apostasié, où la résignation et la misère régnaient en maître dans le cœur de la plupart de ses habitants. Le second trait qui était propre au garçon se trouvait dans une cicatrice en forme d’éclair bien moins perceptible sous ses cheveux noirs désordonnés, et qui lui avait valu le nom qu’il portait.

« La Balafre ! Viens ici ! TOUT DE SUITE ! » s’écria une vieille femme en allemand. Le garçon entra en courant dans une misérable masure à l’équilibre précaire où la vieille était affairée à remuer une mixture qui bouillait dans un chaudron.

« Je suis là ma tante. De quoi avez-vous besoin ? » répondit-il dans la même langue. La vieille femme qui l’avait élevé ne se donna pas la peine de se retourner pour le regarder et se borna à continuer de remuer son chaudron.  La similitude qu’offrait ainsi la vieille femme avec l’une de ces sorcières malfaisantes des contes de fées aurait sauté aux yeux du garçon s’il avait lu ou entendu un conte de fée au cours de sa jeune vie.

« Amène ces fioles à l’homme qui vit de l’autre côté de la colline, dans le grand manoir. » Le garçon se raidit perceptiblement à la mention de cet endroit. Il n’aimait pas aller là-bas et il appréciait encore moins rencontrer cet homme. La manière dont il le regardait à chaque fois qu’il s’y rendait constituait toute la hantise de sa vie. « Dépêche-toi, j’ai d’autres courses à te faire faire. » Le garçon n’esquissa pas un geste. « TOUT DE SUITE MON GARCON ! »

Le cri lancé le tira violemment de son état pétrifié. Il saisit hâtivement les fioles, les plaça dans son sac et sortit en courant.

Il continue de courir à travers la ville aux dimensions énormes pour un petit garçon, ses petits pieds nus foulant le sol glacial et boueux. Ses mains agrippaient fermement le sac, à la fois afin de ne pas se le faire voler et pour empêcher les fioles de tomber et de se briser. Il se rappelait encore de l’indicible douleur qu’il avait endurée la dernière fois  qu’il avait avoué à sa tante que cela s’était produit. Il pouvait d’ailleurs toujours ressentir la douleur  dans son dos. Les cicatrices qui s’y trouvaient n’avaient pas encore totalement guéri.

Il se faufila parmi la foule insouciante quant à son existence à travers les rues et continua sa course jusqu’à atteindre les limites de la ville et la forêt qui l’encerclait. Sa silhouette fut engloutie par la masse boisée semblant sans fin et où très peu de personnes osaient s’aventurer.

On ne le revit plus du reste de la journée.



 

 

Lieu : Godric’s Hollow – Date : 26 Septembre 1986

« Allez Alex ! Esquive plus vite ! »

James Potter envoya un autre sort Cuisant sur son fils.  Le garçon aux cheveux roux et aux yeux noirs sauta sur sa gauche pour éviter le rayon de magie qui se dirigeait vers lui. Son souffle se faisait haletant et il suait profusément. Depuis ce maudit jour d’Halloween son père avait commencé à l’entraîner jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tenir debout. Le garçon ne pouvait pas encore faire de magie, à la fois parce qu’il ne possédait pas de baguette et parce que son cœur magique était toujours affaibli suite à cette nuit ; mais cela ne voulait pas dire pour autant que son corps et son esprit ne pouvaient être entraînés.

« Déjà fatigué ? » le harangua son père en voyant son fils se démener pour rester debout après une demi-heure d’entraînement intensif.

« JAMES ! Arrête-ça tout de suite ! » s’écria Lily Potter en entrant dans la pièce après avoir été alertée par les cris de son mari. « Ne vois-tu pas qu’il a atteint ses limites ? »

James se recroquevilla face au ton orageux de sa femme.  Depuis la mort de Harry, un nom qu’on ne pouvait mentionner en sa présence, elle était devenue quelque peu surprotectrice à l’ égard de son dernier fils et ne manquait jamais d’arracher la tête de son mari à chaque fois qu’il dépassait les limites de ce qu’elle considérait comme sûr et sain.

« Mais, ma chérie… » essaya-t-il de protester.

« Non James. Tu ne peux pas l’éprouver aussi durement. Il n’a que six ans. Qu’espères-tu accomplir ainsi ? » Il était sur le point de répondre lorsqu’Alex parvint à rassembler assez de souffle pour défendre sa cause.

« M’man…tout va bien. S’il-te-plaît Papa, reprenons. » James sourit à son fils.

« Alex…tu n’as pas à te donner autant de mal. »

« Si je le dois. » répondit le garçon. « Je suis le Garçon-qui-a-survécu. Je suis celui désigné pour faire face à Voldemort lorsqu’il sera de retour. Je ne peux rien espérer accomplir de bon en paressant. Je dois devenir plus fort. »

« Alex, je t’en prie… » plaida Lily au bord des larmes.

« Non maman. J’ai déjà perdu un frère avant même de l’avoir connu. Je ne vais pas laisser ce monstre ou personne d’autre faire du mal à ma famille. Je vais vous protéger, toi, papa et Rose. Et je ne pourrai pas le faire ça si je ne donne pas tout ce que j’ai dans mon entraînement. »

James eut un sourire éclatant en entendant les paroles de son fils tandis que Lily se contentait de l’étreindre de toutes ses forces. Son père lui avait inculqué la valeur de la famille et l’importance qu’il y avait à protéger ceux qui lui sont chers. Alex avait été bien plus que réceptif à ce concept, une sensibilité exacerbée qu’il avait développé en voyant sa mère pleurer chaque jour son frère depuis longtemps disparu.

« Merci Alex. » souffla sa mère. « S’il-te-plaît n’en fait pas trop. Nous ne voulons pas que tu nous protèges au détriment de ta santé. » Elle délivra son fils de son étreinte et se tourna vers son mari. « Si jamais il est blessé, tu dormiras sur le canapé pendant une année entière. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Le pauvre James hocha furieusement la tête. Lily pouvait être vraiment terrifiante lorsqu’elle s’en donnait la peine.

La sorcière aux cheveux roux quitta la pièce tandis qu’elle entendait les deux garçons reprendre leur activité. Elle était si fière de son fils qui s’essayait avec tellement d’ardeur même si son cœur magique n’était pas encore entièrement remis.

Cela avait pris longtemps avant que l’énergie résiduelle du sort de mort ne fût complètement évacuée de son système. Il lui avait fallu passer un mois entier dans un coma artificiel pour cela. Son cœur magique serait complètement restaurée au moment où il se rendrait à Poudlard lui avait assurée la guérisseuse en charge de son fils. Une guérisseuse qui n’avait aucune idée de ce qu’était la confidentialité du patient. Après que les nouvelles de la disparition de Voldemort et que le garçon avait survécu au tristement célèbre Avada Kedavra, eurent éclaté au grand jour, son fils avait été élevé par tous au rang de Sauveur du Monde Sorcier même si personne ne savait exactement ce qui s’était passé cette-nuit là.

Quels tissus d’inepties.         

Dumbledore pensait que la mort de Harry avait déclenché une sorte de protection liée au sang sur son jumeau. Il n’était pas certain de pouvoir s’expliquer comment cela avait pu être possible, mais la magie n’était certes pas connue pour être une science exacte.

Les enfants étaient bien plus en phase avec leur cœur magique que ne l’étaient les adultes en raison de leur acceptation naturelle de leur environnement tout en faisant  manque de la concentration nécessaire  pour y faire appel correctement. Lorsqu’un être magique grandissait ce pouvoir était perdu en échange de celui lui permettant de contrôler la magie. Mais l’esprit d’un bébé était en mesure de réaliser des phénomènes magiques qui échappaient totalement aux ‘utilisateurs de baguettes’. C’était une habilité primaire, pure and spontanée. Ce n’était rien de moins qu’un miracle.

Quel malheur que personne n’ait pu être témoin de ce qui s’était passé cette nuit-là. Quel malheur que le prix de ce miracle ait été la perte d’un fils.

Elle n’avait jamais accepté le fait qu’Harry fût mort malgré le fait qu’aucune trace de lui n’ait été retrouvée. Sans son autre enfant, ce n’était pour elle qu’un demi-miracle. Elle continuait de prier tous les jours à n’importe quel pouvoir supérieur, Dieu, la Magie, le Destin, pour que le miracle soit complété et que son fils perdu lui soit retourné. Jusqu’à présent, ses prières avaient été ignorées.

Elle descendit les escaliers pour se rendre au salon. Ce même endroit où Voldemort avait combattu son mari après que ce chien traître lui eut révélé le lieu de leur domicile. La seule satisfaction qu’elle éprouvait  à son égard tenait dans le fait qu’elle le savait être en train de pourrir à Azkaban sous la torture des créatures les plus détestables qui soient connues sous le nom de Détraqueurs. C’était là la chose la plus semblable à un enfer qu’on pût trouver sur cette Terre.

Elle saisit un petit cadre qu’elle s’assurait de toujours positionner en pleine évidence dans le salon. Une photo d’elle tenant Harry dans ses bras tandis que James portait Alex. Les deux garçons étaient inséparables à l’époque.  Ils partageaient tout. Chaque moment de leur vie, du matin jusqu’à l’heure du coucher était passé comme s’ils étaient une seule et même personne. Ils avaient un lien si merveilleux…

Elle était sur le point de laisser libre cours à ses larmes difficilement contenues jusqu’à présent lorsqu’elle fut taclée par un petit missile humain.

« M’man ! » Une petite Rose Potter de quatre ans enlaça sa mère de ses petits bras comme elle s’en était fait une habitude depuis toujours. Elle était incroyablement sensible à l’atmosphère qui l’entourait et était toujours là pour sa mère à chaque fois que cette dernière était triste. « Ne pleure pas, m’man. » plaida-t-elle avec de grands yeux humides.

Lily ne pouvait rien lui refuser lorsqu’elle lui faisait ce visage-là. Cela la faisait immanquablement fondre. « Je suis désolée, mon cœur. Je ne voulais pas te bouleverser. Je ne pleurerai plus, c’est promis. »

L’enfant renifla bruyamment et étreignit sa mère d’autant plus fort.

La petite fille de quatre ans était la copie conforme de sa mère à cet âge. Des cheveux roux broussailleux, dont elle ne parvenait à avoir raison que lorsqu’elle avait recours à certains enchantements, jusqu’aux yeux verts éclatants qu’elle avait aussi en commun avec son frère Harry. La jeune fille était une sorcière avec un potentiel rare. A l’âge de quatre ans ses faits de magie accidentelle, ne semblaient en rien accidentels, sa magie se manifestant avec une terrifiante précision  à chaque fois que l’oncle Peter avait l’audace de la prendre pour cible d’une farce. L’ami de longue date avait appris très vite à ne pas provoquer l’ire de la cadette des Potter.

Peter avait été leur plus proche ami ces dernières années depuis la trahison de Sirius et que James et Remus se fussent perdus de vue. Non, ‘perdus de vue’ n’était pas l’expression correcte. C’était plutôt James qui avait éloigné Remus. Ce n’était pas tant dû à une hostilité ouverte, mais plutôt à une défiance inconsciente de sa part. Lunard était un loup-garou, les loups-garous étaient des créatures des ténèbres, et les ténèbres signifiaient le mal.

 Après s’être vu trahi par son frère en tout excepté par le sang, James ne pouvait se résoudre à faire confiance à quiconque n’étant pas de sa famille excepté Dumbledore. Peter était un cas à part mais c’était seulement parce que personne ne pouvait percevoir Peter comme une menace. L’homme avait peur de sa propre ombre. Le fait qu’il ait été admis à Gryffondor constituait un mystère qui demeurait encore irrésolu à ce jour.

Remus avait bien sûr été fortement attristé par la situation, mais il n’en concevait aucune amertume. La trahison de Sirius avait représenté  un coup dur pour lui aussi mais il pouvait comprendre le besoin qu’éprouvait son autre ami à garder sa famille en sécurité. Bien évidemment Lily et Peter continuaient de voir régulièrement Remus et l’animagus Rat continuer d’accompagner son ami ‘au petit problème de fourrure’ à chaque pleine lune.

James ne disait rien à propos de l’amitié de sa femme avec le loup-garou mais il était clair que cela ne lui plaisait guère. Il n’osait pas dire quoi que ce soit, cependant, car il se savait rationnellement être en tort. Il n’arrivait tout simplement pas à faire face et surmonter cette peur primale qu’il avait développée. Remus, quant à lui, ne l’en avait jamais blâmé. Son loup intérieur comprenait plus que quiconque  le désir viscéral qu’on éprouvait à vouloir garder ses rejetons en sécurité.

Lily s’installa sur la canapé avec sa fille sur ses genoux, caressant tendrement ses cheveux et lui chantonnant une douce berceuse à ses oreilles. Elle continua à la bercer ainsi jusqu’à ce la petite fille soit endormie dans ses bras. Elle contempla sa fille, et en repensant à toutes les choses qui s’étaient effondrées cette nuit-là, elle continua de prier intérieurement pour une seule et unique chose.

« Je t’en prie, reviens vite à la maison, Harry. Tu nous manques à tous terriblement. »  

Huit longues années auraient à passer avant que son vœu ne soit exaucé.

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