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Espoir
Barcelone

By Ysfrael

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« Harry ? »

Harry ouvrit ses yeux avec hésitation, seulement pour les refermer brusquement immédiatement après. « Je ne rêvais pas alors. » commenta-t-il d'une voix rauque. « Je me suis vraiment saoulé hier et suis venu te rendre visite ? »

« Oui. » confirma-t-elle. « Je t'ai amené un autre verre ainsi qu'un petit déjeuner dont Dobby m'a assurée qu'il est le meilleur remède contre la gueule de bois. »

Il ouvrit de nouveau ses yeux, battant vivement des paupières dans une vaine lutte contre la vive lumière du jour qui semblait bien décidée à lui griller ses nerfs optiques.

Il se mit lentement en position assise et sentit Gabby placer un plateau sur ses genoux. Il ouvrit bravement ses yeux et il la regarda prendre un siège au pied de son lit.

« Ne devrais-tu pas être en train de prendre ton petit-déjeuner en bas ? » s'enquit-il, tendit qu'il se servait du jus d'orange.

« J'ai informé Madame Maxime que je prendrais mon petit-déjeuner avec toi. » répondit-elle gaiement. « Et j'ai omis de mentionner le fait que tu aurais la gueule de bois. »

« Merci. » sourit-il avant de baisser les yeux sur son plateau. « Dobby a dit que je dois manger ça ? » interrogea-t-il d'une voix incertaine.

« En effet. » répondit Gabrielle, en prenant une petite assiette sur laquelle se trouvaient deux croissants. Elle s'assit en tailleur sur son siège et prit une bouchée.

Harry secoua lentement sa tête et coupa l'une des saucisses qui constituaient son petit déjeuner purement britannique.

« Nous n'avons aucune chance de remporter le Tournoi de Quidditch, n'est-ce pas ? »

« Que veux-tu dire ? »

« Je me suis rendue compte de notre niveau hier et avec les quelques mois qu'il nous reste, il est impossible que nous parvenions à atteindre le niveau des autres équipes qui jouent depuis des années. »

Harry leva les yeux vers elle et poussa un profond soupir. « Pas un mot à quiconque à propos de cela, Gabby. Il est important qu'ils croient en nos chances, même si nous n'en avons aucune. »

« L'école entière est derrière nous, Harry ; je ne veux pas que nous perdions. »

« C'est une bonne chose. » répondit-il avec l'ombre d'un sourire en se mettant à manger. Après avoir dépassé la révulsion qu'il avait éprouvée plus tôt, il se sentait bien mieux à présent qu'il avait quelque chose de solide dans son estomac. « Parce que tout va dépendre de toi. »

« Moi ? » répéta Gabrielle, surprise.

« Une grande équipe avec un grand Attrapeur est pratiquement imbattable. Une mauvaise équipe avec un Attrapeur brillant ou chanceux peut quand même l'emporter. »

« Mais je ne suis pas une bonne Attrapeuse. » déplora-t-elle.

Il eut un léger sourire. « Quand j'en aurai fini avec toi, tu le seras. » assura-t-il avec confiance.

« Vraiment ? » s'enquit-elle, les yeux écarquillés.

« Eh bien, je me suis dit que ce serait une bonne façon de passer beaucoup de temps ensemble, à t'entraîner. En outre, en ce qui concerne le caractère et le profil, de toutes les personnes qui ont passées les épreuves, tu es celle à qui le poste d'Attrapeur sied le mieux. »

Elle eut un faible sourire et détourna le regard. « En quoi ? »

Il attendit qu'elle reporte son regard sur lui. « Tu portes toute ton attention sur la cible, et tu n'en démords pas jusqu'à ce que tu l'aies, peu importe le temps qu'il te faut attendre. »

Elle rougit et tourna de nouveau sa tête. « Je n'ai jamais pensé à toi comme à un Vif d'or. » murmura-t-elle.

« Mais cela n'en demeure pas moins vrai. De cette façon, nous serons en mesure de passer beaucoup de temps ensemble, sans que tu n'aies à souffrir de rumeurs douteuses sur ta personne. »

« Cela ne va pas me laisser beaucoup de temps pour étudier. » dit-elle lentement. « Alors, nous allons faire un marché. »

« Oh ? » s'enquit-il, secrètement amusé par la manière dont elle voyait les choses.

« Oui. Si j'accepte de faire ça, tu dois accepter en retour que je fasse mon projet de fin d'études sur toi. »

« Sur moi ? » répéta-t-il, stupéfait.

« Plus spécifiquement, sur ta relation avec la magie. Elle est différente de toutes les personnes que j'ai vues ou que je connaisse, et je ne raterai pour rien au monde l'occasion d'être diplômée une année en avance»

« Pourquoi veux-tu finir une année plus tôt ? »

« Parce que je ne vais pas passer toute une année loin de toi. Tu retourneras au Quidditch professionnel l'année prochaine, et je ne vais pas me contenter de rester à l'école à me languir de toi de loin. »

Harry ne put s'empêcher de rire sous cape et termina son petit-déjeuner. Une partie de lui voulait lui dire 'non' immédiatement, sous l'impulsion que le fait de préserver son intimité provoquait en lui, mais une autre, plus grande, reconnaissait que sa requête était juste. Il allait prendre énormément de son temps, et il n'était que de juste qu'elle puisse en tirer quelque chose.

« As-tu pensé à jouer professionnel ? » lui demanda-t-il, curieux.

« Oh non. » sourit-elle. « Je vais faire de mon mieux pour être la meilleure possible pour me prouver ainsi qu'à toi, que j'en suis capable, mais je n'ai aucun désir de passer ma vie à pratiquer ce sport. A part être avec toi, je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, mais j'ai encore beaucoup de temps pour le découvrir. »

« Je vois. » dit-il doucement. « Sous réserve de quelques limitations, telles que ne pas parler de mon champ suppresseur, tu peux faire ton projet sur moi. »

Sa récompense pour avoir accepté, fut le sourire le plus éclatant qu'il ne lui ait jamais vu.






« Ne crois pas que je ferai ça à chaque fois que tu seras saoul. » prévint Hermione, alors qu'elle plaçait une potion fumante sur les genoux de son mari.

« Est-ce que ça va me tuer ? » s'enquit Ron, avec une légère nuance d'espoir dans sa voix.

« C'est un remède contre la gueule de bois. »

« Wow. » fit-il et il s'empressa de boire le verre. « Beuhh ! C'est dégoûtant ! »

« Bien sûr que ça l'est. » approuva Hermione. « Si c'était bon, il n'y aurait aucune raison pour que tu restes sobre. »

« Je vois. » fit sèchement Ron.

« Alors, que s'est-il passé la nuit dernière ? »

« J'ai eu une discussion avec Harry, je me suis assuré qu'il déverse la plus grosse partie de sa colère, et nous sommes redevenus amis. »

« Je t'ai dit de ne pas me protéger. »

« Et je t'ai ignorée. » statua tranquillement Ron.

« Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire avec toi ? »

« Porter ce costume d'infirmière ? » suggéra Ron avec un sourire en coin.

« Si tu es chanceux. » répondit-elle avec un léger sourire. « Mais plus sérieusement, que s'est-il passé ? »

« Harry est très irrité contre toi, mais avant que nous continuions sur cette voie, sais-tu qui est le joueur de Quidditch le mieux payé du pays ? »

« Quoi ? Non, qui ? »

« Harry. »

« Vraiment ? »

« Oui. » continua Ron. « Et tu sais qui négocie les contrats de Harry ? »

« Euh, non. »

« Il le fait lui-même, y compris la gestion de quelque chose appelé droits d'image. Cela, je crois, veut dire qu'il obtient une part pour chaque poster Harry Potter, jouet, jeu et tout ce qui porte son nom ou son visage. »

« Tu essaies de me dire quelque chose là, Ron. Qu'est-ce que c'est ? »

« Que Harry a grandi Hermione. Il n'est plus un adolescent de dix-huit ans sans grande confiance en lui. C'est un homme, qui gagne une fortune, qui possède une fortune, et qui a voyagé presque partout dans le monde. Il n'a plus vraiment besoin de quelqu'un pour le materner. »

« Mais il était déprimé et vivait dans le noir ! »

« Et alors quoi ? » rétorqua Ron. « Est-ce que ça nous donne le droit de décider uniquement par nous même de qui il doit tomber amoureux ? »

« Mais… »

« Oui, j'ai ressenti la même chose lorsque Harry m'a dit ça. Il a aussi comparé notre comportement à celui de Dumbledore, et tu sais que dans sa tête, c'est la pire insulte imaginable. »

Hermione soupira faiblement. « Je dois aller lui parler. » déclara-t-elle.

« En effet. » acquiesça-t-il. « Cet après-midi. »

Elle se pencha vers lui et l'embrassa tendrement. « Merci, et si je suis encore en un morceau quand je rentrerai, il se peut que tu découvres que je me rappelle où se trouve cet uniforme. »

Le sourire de Ron manqua fendre son visage en deux.






Après avoir déjeuné avec Gabby, Harry passa la matinée assis à même le sol de sa chambre, à essayer de déterminer un régime d'entraînement approprié pour chaque équipe de Maison. Mais cela eut tôt fait de l'ennuyer de même que de penser à son imminent retour officiel à Poudlard, où il ne pourrait probablement pas traiter Malefoy comme il le méritait.

Il sauta sur ses pieds et se dirigea vers la Salle Commune des Septième année. Le fait que les élèves fussent séparés par année, rendait plus aisé de parler à tous les élèves les plus âgés en même temps.

Il entra dans la pièce sans préambule – en tant que Professeur, il était plus qu'invité à les surveiller de temps à autre.

« Quelqu'un est-il intéressé par le fait de me donner un coup de main sur un projet magique ? » demanda-t-il, sa voix s'élevant au-dessus des conciliabules des élèves.

« Quel projet ? » cria à son tour Claude.

Il eut un sourire espiègle. « Comme vous le savez tous, nous allons retourner à mon Alma Mater dans quelques semaines, et la dernière fois, l'entrée de Beauxbâtons était admirable. Cette fois-ci, je veux la surclasser ! Mais pour ce faire, j'ai besoin d'une proposition que je pourrais soumettre à Madame Maxime. »

« Vous voulez que nous vous aidions à trouver une entrée cool ? » s'enquit Claude, en s'avançant vers lui.

Harry opina du chef.

« Simone. » interpella Claude. « Cours chercher Gabrielle, et ensuite prend les meilleurs sixième année avec toi. Tu sais où ils sont. »

La jeune fille acquiesça et sortit de la pièce en courant tandis que tous les autres élèves installaient des chaises autour de Harry pour mieux participer. « Gabrielle est probablement la meilleure théoricienne de Magie de l'école. » expliqua Claude. « Et en tant que Préfète-en-Chef, elle peut vous aider à persuader Madame Maxime de nous autoriser à nous occuper de ça. Et pour ce qui est des sixième année, il est toujours bon d'avoir de l'aide intelligente. »

Harry saisit une chaise pour lui-même, et s'assit les jambes croisées.

« Que se passe-t-il ? » interrogea Gabrielle, en entrant en trombe dans la pièce ses cheveux cascadant derrière elle. « Simone m'a dit qu'on avait besoin d'aide ? »

Claude grogna audiblement. « Simone est un peu excitable. » expliqua-t-il à Harry. « Le Professeur Potter a demandé de l'aide pour trouver une proposition afin de rendre notre arrivée à Poudlard un peu plus sensationnelle. »

Gabrielle sourit. « Excellente idée. Simone est allée chercher les sixième année ? »

« En effet. » approuva jovialement Claude. « C'est pour la fierté de la France, » dit-il en se tournant de nouveau vers Harry. « Et en tant que tel, nous avons suspendu toutes les vieilles rivalités entre les différentes années et nous travaillons ensemble pour aider à restaurer un peu de notre fierté. »

Harry sourit et hocha la tête.

« Tant que nous y sommes. » intervint Gabrielle en se retournant pour faire face aux élèves. « Pouvons-nous nous occuper rapidement d'une de ces rumeurs ? »

« Quelle rumeur ? » questionna Claude.

« Celle qui prétend que j'ai envoûté le Professeur Potter afin d'avoir de meilleures notes et passer plus de temps avec lui. » énonça-t-elle en plaçant ses mains sur ses hanches. « J'en ai plus qu'assez de l'entendre. »

Harry put voir plusieurs visages se colorer d'un rouge coupable.

Gabby se retourna pour lui faire face, et ses cheveux commencèrent à se mouvoir comme pris dans une brise qui n'avait pas existé une seconde plutôt, et il soupira doucement, laissant ses boucliers s'élever, tandis qu'il demeurait assis d'un air impavide, en la regardant. Il eut l'ombre d'un sourire en voyant les visages de quelques élèves, victimes collatérales du charme, devenir inexpressifs. Les yeux de Gabby semblèrent grandir tandis qu'elle activait son pouvoir, et il éprouva une légère sensation de bien-être et il se rendit compte que le Lien lui envoyait des petits messages. C'était une toute nouvelle sensation et quelque chose d'entièrement unique.

Gabrielle réprima son pouvoir de Vélane et se retourna pour faire face aux autres. « Comme vous pouvez le voir, » dit-elle sèchement, « je ne pourrais pas l'envoûter même si je le voulais. Et je n'en ai nullement besoin, quoi qu'il en soit. J'obtiens mes notes, honnêtement. »

« Comment avez-vous fait ça ? » demanda Claude à Harry avec une expression ébahie mêlée de respect sur son visage.

« Je ne laisse personne entrer dans mon esprit. » dit-il d'une voix douce. « Pas depuis que Voldemort m'a possédé. »

Il y eut un frisson visible qui parcourut l'assemblée au nom de Voldemort, et certains visages qui avaient rougis plus tôt étaient à présent cramoisis d'embarras.

« Je les ai ! » s'exclama Simone avec excitation, en entrant dans la Salle Commune d'un pas précipité. Elle était suivie par un autre groupe d'élèves.

« Très bien. » dit Claude en se levant. « Que tout le monde se mette à son aise. Vous venez juste de manquer la preuve que le Professeur Potter est immunisé contre le Pouvoir de Vélane, alors tous ceux qui ont lancé les rumeurs de ce goût-là auront l'air stupide lorsque cela leur parviendra.

« Mais nous sommes tous là parce que, comme vous le savez, nous nous rendrons bientôt à Poudlard, et la dernière fois que nous y sommes allés, nous sommes apparus dans un carrosse tiré par des chevaux ailés. Cela fait bien trop rétrograde, alors il nous faut trouver une idée qui est bien plus cool et qui nous permettra de montrer à l'Angleterre que nous avons évolué, nous aussi. »

« Quelles sont nos limitations ? » demanda une fille du groupe des sixième année.

« Seulement votre imagination. » répondit doucement Harry en se levant. « L'idée est de trouver quelque chose d'excitant que je présenterai à Madame Maxime, et si nous obtenons son aval, je travaillerai avec vous pour la mettre en œuvre. » expliqua-t-il en souriant aux élèves.

« Lorsque vous aurez une idée, venez me trouver, et nous en parlerons. »

Il sortit de la pièce, et ne fut pas surpris lorsque Madame Maxime surgit à ses côtés. « Est-ce que tous les directeurs et directrices savent toujours ce qui se passe dans leur école à tout instant ? » s'enquit-il.

« Mais certainement. » sourit-elle. « A vrai dire, en ce qui me concerne, je me trouvais juste dans la pièce quand Simone est entrée comme si l'école était en feu. Dites-moi Harry, n'avez-vous pas apprécié mon carrosse ? »

« J'ai pensé que cela serait un projet intéressant sur lequel ils pourraient travailler. » répondit Harry avec un haussement d'épaules, évitant avec soin une réponse directe. « Et pour être honnête, j'aimerais retourner à Poudlard avec classe, et comme cette fois-ci toute l'école se rendra au Tournoi, j'ai pensé que nous aurions besoin de quelque chose de plus spectaculaire. »

« Réfléchir à quelque chose pour remettre Albus à sa place ne rencontrera jamais mon désaccord. » déclara Olympe d'une voix joyeuse. « A présent, dites-moi. Comment vous sentez-vous ? »

« Que voulez-vous dire ? »

« J'ai passé assez de temps en Angleterre pour reconnaître un remède contre la gueule de bois lorsque j'en vois un, et le registre d'utilisation de Cheminette m'a révélé que Mr Weasley vous a visité hier. »

Harry rougit et baissa la tête. « Nous avons parlé autour de quelques bières, puis nous en avons fait part à Gabby. »

Olympe rit doucement avant de reprendre une expression mortellement sérieuse. « Cette situation est quelque peu délicate pour moi. » confessa-t-elle. « Mon instinct naturel me pousse à avoir une discussion très sérieuse avec vous sur le fait de vous retrouver dans la chambre d'une élève, mais cette situation n'a rien de naturel, n'est-ce pas ? »

« Pas vraiment. » soupira Harry. « Je tends à oublier la plupart du temps qu'elle est beaucoup plus jeune que moi. »

« Je ne dirais pas beaucoup plus jeune. » corrigea gentiment Olympe. « Et une chose importante que vous devez savoir à propos des règles est qu'elles possèdent toujours des exceptions. Je sais que vous pensez probablement beaucoup à la façon dont cela vous a affecté, mais cela a aussi grandement affecté Gabrielle. »

« Oh, je sais. » acquiesça Harry, en ouvrant la porte de sa chambre et en invitant la Directrice à rentrer. « Je pensais à cela l'autre jour, de même qu'à quel point je suis heureux que les erreurs que j'ai commises à huit ans n'aient pas eues de telles conséquences. »

« Alors vous ne blâmez pas Gabrielle ? »

« Du thé ? » proposa Harry, en se dirigeant vers la cuisine.

« Sans sucre, je vous prie. »

Il mit la bouilloire sur le feu et retourna à la porte d'entrée de ses quartiers. « Non. » soupira-t-il. « Enfin, un peu. Je m'efforce de ne pas lui en vouloir, et j'en ai discuté quelques fois avec elle. »

Olympe hocha lentement la tête. « Vous prenez cela bien différemment que l'on me l'avait annoncé. »

Harry renifla. « Les informations que vous avez reçues étaient quelque peu obsolètes. »

« Oui, je m'en rends compte, et je dois dire, Harry, que j'en suis très heureuse. Et pour être complètement franche avec vous, je vous suis reconnaissante de m'avoir évitée d'avoir une autre Fleur sous les bras. Je pense que j'aurais pris ma retraite. »

Harry éclata de rire alors qu'il retournait à la cuisine pour préparer les tasses de thé.

« Tenez, » dit-il en lui présentant une tasse avant de s'asseoir en face d'elle. « J'ai à présent les effectifs de toutes les équipes, ainsi que quelques idées sur la façon dont je vais les entraîner. »

« Dites-moi. » l'incita Olympe, en prenant une gorgée. « Comment donc êtes-vous parvenu à convaincre Gabrielle de consacrer autant de temps dans un sport, quand sa véritable passion réside dans les disciplines académiques ? »

« Cela lui donne une chance de passer du temps avec moi ? »

« Harry. » l'admonesta Olympe, semblant extrêmement amusée.

« J'ai accepté de la laisser faire son projet de fin d'études sur ma relation avec la magie. »

Olympe posa sa tasse de thé et frappa des mains. « Parfait ! » s'exclama-t-elle avec un sourire. « Voilà la Gabrielle que je connais. »

« Je ne vous le fais pas dire. » acquiesça Harry. « Pour quelqu'un qui est supposée être assujettie, elle ne craint pas de montrer sa volonté. »

« La respecteriez-vous si elle ne le faisait pas – ou si elle n'était pas en mesure de le faire ? »

Il ouvrit sa bouche seulement pour la refermer aussitôt après. Il n'avait pas de réponse à cela.






« Est-ce que je peux au moins lui apporter une bouteille de vin ? » proposa Hermione.

« Il ne va pas vouloir boire ce soir. » fit raisonnablement observer Ron. « Et tu es en train d'atermoyer. »

« Je sais. » soupira-t-elle. « Je suis juste nerveuse. »

« C'est ton meilleur ami, tu te rappelles ? »

« Un meilleur ami qui pense que je ne vaux pas mieux que Dumbledore. » rétorqua Hermione.

« Vas-y simplement, excuse-toi, redevenez amis, et amène-le pour dîner ; je préparerai quelque chose d'agréable pour nous trois. »

« Tu es en train de me brusquer. » se plaignit Hermione.

« Je sais. » répondit Ron, en la poussant sans ménagements dans le feu et l'envoyant dans les quartiers de Harry avant qu'elle ne puisse réagir.

Elle arriva et cligna des yeux de surprise, et pour la première fois, elle réalisa réellement que Harry avait changé et avait mûri. Il était sur son bureau à travailler sur des papiers, les mouvements de sa main fermes et décisifs tandis qu'il grattait la plume sur les parchemins.

« Je suis à toi dans une seconde, Hermione. » déclara-t-il, sa voix glaciale.

Elle regard autour d'elle et s'assit nerveusement sur l'un des fauteuils, celui qui n'avait pas de verre à côté, ne désirant pas prendre sa place. Elle n'appréciait pas de se sentir ainsi, et savoir qu'elle n'avait qu'elle-même à blâmer n'avait rien de réconfortant. C'était facile quand vous étiez un homme, pensa-t-elle d'un air maussade ; vous n'aviez qu'à ingurgiter quelques bières, vous crier dessus, effectuer quelques postures macho, et finir ivre mort sur le parquet de la chambre d'une fille.

« Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » demanda Harry.

« Du thé s'il-te-plaît. »

Elle suivit ses mouvements grâce au bruit qu'il faisait, réalisant soudainement qu'elle avait l'impression d'être de retour à l'école, à devoir expliquer pourquoi elle avait enfreint les règles – seulement cette fois, elle n'avait aucune excuse valable.

Il plaça la coupe sur la table basse à côté d'elle, il savait comme elle l'aimait, et s'assit sur le fauteuil opposé.

Il ne semblait pas pressé de parler, et elle trouva cela quelque peu intimidant. Elle prit une profonde inspiration. « Je suis désolée. » dit-elle, en exhalant avec difficulté.

Il leva les yeux vers elle. « Pourquoi, Hermione ? Toi, plus que tout autre, sait à quel point je déteste qu'on prenne des décisions à ma place. » La déception qu'il ressentait à son endroit était pleinement visible sur son visage et clairement audible dans sa voix.

Elle soupira doucement, en se tordant les mains. « Parce que cela semblait si parfait que je n'ai même pas pensé ainsi. » avoua-t-elle. « Quand Jean nous a parlé de Gabrielle, tout a semblé s'emboîter comme si c'était prédestiné. J'ai juste sauté jusqu'au résultat, en oubliant les étapes intermédiaires, pour arriver au moment où tu étais heureux. »

« Alors tu as juste décidé à ce moment-là avec qui je devais tomber amoureux – pour le reste de ma vie ? »

« Ca ne sonnait vraiment pas mieux quand Ron l'a dit. » murmura-t-elle, en baissant les yeux sur ses mains. « Oui. » avoua-t-elle honnêtement, en relevant les yeux vers lui. « J'ai senti que la situation, et tout ce qui était impliqué, seraient parfaits pour te rendre heureux. Oh j'ai pris quelques dispositions ; j'ai passé du temps avec Gabrielle pour m'assurer qu'elle était honnête à propos de ce qu'elle disait, et j'ai fait quelques recherches sur les Vélanes, et comme j'avais tout vérifié, j'étais confiante. »

Harry sembla s'effondrer sur son fauteuil, et elle sentit une nouvelle vague de culpabilité s'écraser sur elle. Ses excuses semblaient insignifiantes, même à ses propres oreilles.

« Pourquoi ne m'en as-tu pas juste parlé ? »

« Je pensais que je savais mieux que toi ce qui était bon pour toi. » confessa-t-elle, d'une petite voix.

Il leva les yeux vers elle, une expression abasourdie gravée sur son visage. Il se leva de son fauteuil et alla s'agenouiller devant elle, la regardant droit dans les yeux. « Tu m'as blessé, Hermione. » murmura-t-il. « Plus que tu ne pourras jamais t'en rendre compte – cela m'est douloureux que ma meilleure amie ait pu penser qu'elle pouvait diriger ma vie, comme toutes les autres personnes qui ont essayé de le faire durant ces douze dernières années. Je suis un adulte, Hermione ; j'ai ma propre vie, mes propres motivations, et si je désire faire quelque chose de stupide et destructeur, c'est mon fichu droit ! »

« Je suis désolée. » souffla-t-elle, sentant des larmes commencer soudainement à rouler sur ses joues. Elle croisa son regard aussi ouvertement qu'elle le pouvait. « Je t'en prie, pardonne-moi. Je te promets que je ne le ferai plus jamais. »

« Je ne te pardonnerai pas. » murmura-t-il, et elle se raidit, sentant qu'un mot de plus ferait éclater son monde en millions de morceaux, et signifierait la fin de sa vie comme elle l'avait connue jusqu'alors.

« Le pardon est la permission de pouvoir recommencer, et tu ne l'as pas. Je suis disposé à passer outre, d'oublier ce qui s'est passé, mais si tu le refais encore, il n'y aura plus rien entre nous. Tu as mis à mal ma confiance en toi, Hermione, et un dommage de plus la brisera entièrement et je ne te ferais plus jamais confiance. Mais je suis prêt à mettre ça derrière nous. »

Elle hocha avec ferveur, un sentiment d'espoir incontrôlable grandissant en elle. « Est-ce que tu le penses vraiment ? »

Il hocha la tête et ouvrit ses bras.

Elle plongea vers lui en sanglotant et elle l'étreignit en enfouissant son visage dans son cou. Elle sentit ses bras autour d'elle et elle se détendit, laissant le nœud glacé qui l'avait accablée toute la semaine durant, s'évanouir. « Merci. » marmonna-t-elle. « Je jure que je ne le ferais plus jamais. »

« Je t'en prie, ne le fais plus. » dit-il, et elle leva de nouveau les yeux et s'aperçut une fois de plus la douleur qu'elle lui avait causé.

« Je te le jure. » souffla-t-elle. Elle le tint dans ses bras pendant quelques minutes, puis leva la tête vers lui. « Vous êtes vraiment en train de mûrir, n'est-ce pas ? Ron et toi ? »

« Je m'y efforce. » dit-il avec un petit demi-sourire. « Et cet idiot semble y être parvenu, lui aussi. »

Elle eut un petit rire et frotta ses yeux contre la chemise de Harry. « Je préférais presque lorsque vous étiez jeune ; la colère était bien plus simple à gérer que la logique. »

« Oh ? »

Elle hocha la tête avec ferveur. « Mais les mots sont beaucoup plus efficaces. »

Il rit doucement et la relâcha.

« Est-ce que tu viendras dîner avec nous ce soir ? » demanda-t-elle. « Ron a promis quelque chose de spécial. »

« Il est lui-même spécial. » commenta Harry. « Il est parvenu à faire en sorte que je revoie mes positions sur les choses les plus exotiques que je prévoyais de te faire subir. »

Elle hocha la tête en signe d'approbation, son mari était vraiment spécial. Et autant elle se plaisait à le taquiner à ce propos, elle savait exactement où son uniforme d'infirmière se trouvait, et dès qu'ils auraient fini de manger, et que Harry serait rentré, elle montrerait à Ron à quel point elle lui était reconnaissante pour ses actions discrètes et attentionnées.






« Madame Maxime. » appela Gabrielle en frappant à la porte du bureau de la Directrice.

« Entrez, Gabrielle. »

« J'ai les mérites et démérites de la semaine. » déclara-t-elle, en plaçant un dossier devant elle. C'était son travail de les collecter tous les Vendredi.

« Merci. » répondit gentiment Olympe. « Asseyez-vous. »

Gabrielle se percha sur le bord du fauteuil qui lui était présenté, ses doigts lui démangeant de sortir son bloc-notes.

« Dites-moi, comme avance votre campagne avec Harry ? »

« Lentement. » soupira-t-elle, en se relaxant après avoir réalisé qu'il n'était pas question de travail scolaire. « Mais j'ai un plan qui, je l'espère, devrait beaucoup m'aider. »

« Vraiment ? »

« Oui, j'aimerais votre permission pour quitter l'école demain soir. »

« Oh ? »

« J'aimerais emmener Harry à Barcelone pour la soirée. Ce sera un endroit où nous pourrons être nous-mêmes, sans nous soucier des autres, et je ne pense pas que Harry ait vraiment réalisé qu'enseigner était un travail aussi difficile. »

« Il m'a paru un peu fatigué. » reconnut Olympe.

« Il travaille trop dur, à tenter de créer une équipe pour chaque Maison, et à travailler avec tous les étudiants après les classes. Mais, ses amis vont venir lui rendre visite ce dimanche, et cela le revigorera. »

« Je sais. » acquiesça. « Comment est votre espagnol ? »

« Presqu'aussi bon que mon anglais. » répondit Gabrielle. « C'était amusant d'apprendre une autre langue durant mon temps libre. »

« Je m'en doute. » approuva succinctement Olympe.

« Alors puis-je l'emmener ? »

La Directrice hocha la tête.

« Excellent. » sourit-elle. « En ce cas, avec votre permission, je m'en vais de ce pas lui demander de sortir avec moi pour notre premier rendez-vous galant. »

Olympe eut un petit rire. « Comme c'est moderne de votre part. »

« Mais, certainement. » sourit Gabrielle avec malice. « C'est moi qui mène la chasse, et même si je dois faire preuve de la plus grande prudence en chassant mon tigre, c'est un étrange mélange d'appréhension, d'excitation, et d'espoir. Cela a rendu ma vie incroyablement plus intéressante dernièrement. »

Après avoir fait ses adieux, elle se fit violence pour garder un pas égal, tandis qu'elle se dirigeait vers sa chambre.

Une fois arrivée, elle se rendit immédiatement devant la Cheminée et appela Harry.

« Gabby ? » s'enquit Harry avec un sourire en apparaissant dans le feu.

« Est-ce que tu as quelque chose de prévu pour demain soir ? » demanda-t-elle.

« Non. »

« Alors j'aimerais te demander si tu voudrais te rendre avec moi, pour un rendez-vous galant, à Barcelone demain soir. »

Les sourcils de Harry se haussèrent tellement qu'ils vinrent tutoyer ses cheveux rebelles qui lui tombaient élégamment sur le front. « Un rendez-vous galant ? »

Elle hocha la tête, se sentant soudainement tendue.

« Ce serait un plaisir. » répondit-il d'une voix douce.

Elle ne put réprimer le sourire éblouissant qui fleurit sur son visage et dont les racines provenaient du plus profond d'elle-même. « A sept heures. » informa-t-elle.

Il opina du chef, et elle interrompit la connexion avant de jeter un coup d'œil à sa montre. Elle avait à présent exactement vingt-deux heures et trente minutes pour se préparer. Elle allait avoir besoin d'aide.

« Fleur. » appela-t-elle avec enthousiasme à travers le feu. Cela prit une minute pour que sa sœur apparaisse. « J'ai besoin de ton aide. » dit-elle sans préambule. « J'ai mon premier rendez-vous galant avec Harry demain, et il faut que je sois parfaite. »

« Alors va dormir. » lui rétorqua à brûle-pourpoint Fleur. « Et je viendrai te voir demain matin. Sans sommeil, aucune quantité de pouvoir de Vélane ne sera en mesure de t'aider. »

« Mais je suis trop excitée. » soupira Gabrielle.

« Je sais, mon ange. » dit Fleur d'une voix adoucie. « Prend une tasse de ce truc dégoûtant que tu oses appeler thé et détends-toi. Demain, je viendrai, et j'amènerai aussi avec moi Maman. »

Gabrielle acquiesça silencieusement et entreprit de suivre à la lettre le conseil prodigué. Elle se glissa dans son lit et ne tarda pas à s'endormir, son esprit travaillant déjà à déterminer ce qu'elle pourrait porter pour couper le souffle de son Compagnon.

 


Gabrielle se réveilla quand elle sentit une main chaleureuse remettre avec tendresse en place les cheveux qui lui tombaient sur le visage.

« Maman. » souffla-t-elle en esquissant un sourire, et elle se leva prestement, pour étreindre sa mère, de toutes ses forces.

« Je suis là,» commença Aimée avec un petit sourire, « comme demandé. Quel genre d'apparence désires-tu pour ce soir avec Harry ? »

« Je pense qu'il est temps que Harry s'aperçoive que je ne suis définitivement pas aussi jeune que mon âge pourrait le faire croire. » répondit-elle. « Et je pense vraiment qu'il est temps qu'il réalise que je suis une Vélane. Il m'a vue ensommeillée, il m'a vue relâchée, et il m'a vue formelle, et il m'a même vue en maillot de bain. Il est à présent grand temps qu'il se rende compte que je peux tout aussi bien être audacieuse et aventureuse. »

Aimée esquissa une légère grimace. « Donc, tu veux que je t'aide à paraître désirable ? »

Gabrielle hocha fermement la tête en signe d'approbation. « Nous allons nous rendre à Comerç puis à Mitsa pour danser. »

Aimée soupira doucement. « C'est dur, Gabrielle, de me rappeler que tu n'es pas moi, que tu es différente. »

« Maman. » souffla Gabrielle. « Si tu te rappelles bien, tu m'as dit toi-même que les Vélanes qui possèdent un Compagnon mûrissent plus vite, alors ne pense pas à moi comme à une adolescente de seize ans. Pense à moi comme à une jeune femme de vingt ans, qui fait la cour à son futur mari. »

« Tu es trop intelligente pour ton propre bien. » murmura Aimée.

« Mais tu vas m'aider, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr. Il nous faudra aller faire les boutiques, cependant. »

« Très bien. » dit Gabrielle avec enthousiasme.

« Maintenant, tu aimes faires les boutiques. » soupira théâtralement Aimée. « Je me souviens avoir dû te trainer de magasin en magasin lorsque tu étais petite. »

« J'ai grandi. J'ai une motivation à présent. » conclut Gabrielle avec un sourire.

« Va t'habiller ma chérie, pendant que je vous prépare, à Fleur et toi, un petit déjeuner. »

« Oui, Maman. »






Harry jeta la dernière liasse de papiers qu'il venait d'achever sur son bureau et soupira. La perspective d'être instructeur de vol dans une école avait semblé être quelque chose d'extrêmement amusant. Et ça l'était. En revanche, tous les rapports et formulaires qu'il était tenu de remplir entre ses séances de vol n'avaient quant à eux rien d'amusant. Il semblait que même la capacité d'un balai à voler devait être évalué et consigné.

Lorsqu'on ajoutait à cela l'obsession qui l'animait à s'assurer que les enfants ne seraient pas humiliés pendant le Tournoi, même s'ils ne gagnaient pas, cela expliquait pourquoi il était épuisé et légèrement grognon.

Il n'avait toujours pas eu de réel repas en compagnie des autres professeurs parce que le seul moment durant lequel il pouvait travailler sur le projet magique avec les élèves, était quand ils n'avaient pas classe, ce qui se réduisait malheureusement aux heures de repas.

Il se dirigea vers sa salle de bains, en se déshabillant avec désintérêt. C'était une autre chose ; il se sentait plus que nerveux. Il s'apprêtait à se rendre à un rendez-vous galant avec l'une de ses élèves, seulement, il ne se souciait pas qu'elle était jeune, ni qu'elle était une élève. Il allait sortir avec quelqu'un qui parvenait à le faire sourire, était toujours prête à aider, et qui était jolie, qui plus est.

Il se tint sous les jets d'eau chaude de la douche pendant quelques minutes, puis augmenta la température de l'eau pour se réveiller un peu. Complètement propre, il sortit de la douche et se rasa prestement, avant de retourner, une serviette sur les hanches dans sa chambre pour déterminer ce qu'il allait porter.

Gabby ne lui avait pas vraiment dit où ils allaient, aussi ne savait-il pas à quel point il devait être habillé. Il opta pour un style vestimentaire simple et efficace, et retira une élégante chemise noire, la laissant déboutonnée au niveau du col, ainsi qu'un pantalon noir avec des chaussures et des chaussettes assorties.

Il se regarda dans le miroir et eut un léger sourire. Il était bien plus aisé de s'habiller sans un miroir qui commentait d'un ton sarcastique votre accoutrement.

Il jeta un regard à sa montre, et s'aperçut qu'il s'était apprêté bien en avance. Sans rien d'autre à faire, il prit les suggestions que les élèves avaient faites sur leur arrivée à Poudlard et se mit à les passer en revue.






« Alors, comment je suis ? » s'enquit Gabrielle.

« Je crois que je suis jalouse. » commenta Fleur en rejetant ses cheveux en arrière d'un geste éprouvé de la main. « Je n'était pasaussi belle à ton âge. »

Gabrielle eut un sourire rayonnant. « Maman ? »

« Tu sembles être bien trop âgée. » soupira Aimée. « S'il-te-plaît, pour le bien de mon mariage, ne laisse pas ton père te voir ainsi avant quelques années. Tu sais qu'il te considère toujours comme sa petite Gabrielle. »

« Je te le promets. » acquiesça-t-elle. « Est-ce que Harry aimera ? »

« Si tel n'est pas le cas, alors il ne tombera jamais amoureux de toi. » déclara Aimée d'une voix douce. « A présent, j'ose croire que tu seras sur tes gardes, n'est-ce pas ? »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Tu es vêtue pour attirer l'attention, et cela ne suscitera pas que celle de Harry. Tu te souviens de tes cours de défense ? »

« Oui, Maman, mais Harry ne laissera rien m'arriver. »

« Ce qui est la seule raison pour laquelle je te laisse sortir en public ainsi. » acheva Aimée, en ne plaisantant que très légèrement. « Mais il est toujours mieux d'être préparée. »

« Je ne me pétrifierai plus. » assura-t-elle d'une voix ferme.

« Bien. Comme allez-vous y aller ? »

« Nous prendrons la poudre de Cheminette jusqu'à notre maison, et ensuite Harry nous fera Transplaner jusqu'à notre destination. Il serait malvenu d'être aperçue en sa compagnie par les autres élèves, habillée ainsi. »

Aimée acquiesça. « Il est temps que tu y ailles, Gabrielle. Bonne chance, ma chérie. »

« Oui. » ajouta Fleur. « Bonne chance, mon petit ange. »

Gabrielle leur sourit et jeta un peu de poudre dans le feu et disparut dans un murmure.

Aimée échangea un regard avec sa fille ainée pendant une seconde puis hocha la tête avant de jeter à son tour de la poudre dans le feu. « Jean. » appela-t-elle.

« Aimée ? »

« Peux-tu mobiliser quelques Aurors ce soir ? »

« Pourquoi ? »

« Gabrielle emmène Harry à Barcelone pour leur première sortie. Je préfèrerais qu'ils aient une soirée paisible. »

« Harry peut se charger de ça. » fit remarquer Jean.

« J'ai aidé Gabrielle et Fleur à choisir sa tenue, sans réaliser ce que cela donnerait exactement. » confessa-t-elle. « Elle va attirer l'attention. »

« Je ne veux pas savoir. » soupira Jean. « Je ne veux vraiment pas ! Je parlerai à quelques amis en Espagne et j'enverrai quelques-uns de mes hommes pour surveiller la foule. »






Harry leva les yeux quand des flammes jaillirent de la Cheminée, laissant Gabrielle en sortir. Elle fit un pas sur le côté, et se cambra légèrement vers l'arrière, ses mains derrière la tête, dans une dévastatrice posture de maligne innocence.

Harry fit parcourir lentement ses yeux le long de son corps, et la seule pensée qui parvint à émerger de son esprit était que le terme jolie qu'il lui avait attribuée pour la qualifier plus tôt, était sans nul doute le plus gros euphémisme qu'il ait jamais fait de sa vie.

Ses yeux remontèrent jusqu'à ceux de Gabrielle – dans son regard se trouvait une invitation claire lui autorisant à regarder tout son content, et c'est ce qu'il fit.

Ses jambes étaient moulées par un matériau blanc translucide, qui nimbait sa peau d'une lueur presque irréelle ; ses pieds étaient glissés dans des escarpins délicats possédant trois lacets noués dans un motif sophistiqué pour les maintenir en place. Il était pratiquement certain que le matériau blanc constituait des bas, ses jambes semblant disparaître dans une jupe mie-courte et qui semblait être faite d'un matériau proche du gaze, tel de la dentelle brodée – de la dentelle qui suggérait discrètement la peau nue à la naissance de ses jambes fines, sans toutefois la révéler. Plus il remontait, et plus le motif se compliquait, couvrant ainsi avec efficacité ce qui était en dessous, tout en parvenant à la suggestion la plus totale.

La jupe était retenue par une ceinture en argent qui semblait luire et étinceler sous les feux de la pièce.

Plus haut, s'offrait à lui une vision à couper le souffle de peau claire et soyeuse qui révélait son ventre, avant un haut court du même tissu que sa jupe qui recouvrait ses seins d'une manière qui séduisait et suggérait sans rien révéler. Le top était tenu par deux bretelles blanches qui tenaient par les épaules et qui contrastait agréablement avec sa peau au bronzage doré.

Ses cheveux étaient relevés, en une coiffure qu'il n'avait jamais vue auparavant, avec seulement quelques mèches libres qui encadraient son visage. En dépit de sa pose suggestive, elle avait un léger regard vulnérable dans ses yeux, comme si son approbation signifiait tout pour elle.

« Waouh. » murmura-t-il le souffle coupé, soudainement extrêmement conscient que, peut-être, toute cette affaire n'était pas aussi horrible qu'il l'avait cru. « Tu es magnifique. »

Elle lui sourit, et pour la troisième fois, il sentit son cœur lui répondre. « Y allons-nous ? » demanda-t-elle, en adoptant une posture plus commune et en lui en présentant une main.

Il acquiesça et s'avança d'un pas, prenant sa main. Elle se déplaça légèrement, avec le plus grand naturel, et il se retrouva le bras autour de sa taille, sa main posée sur sa peau chaude et douce.

Ils firent un pas dans la Cheminée et disparurent. Il prit soin de garder son sort d'équilibre actif, ne désirant pas que la tenue de Gabby soit mise à mal par un voyage en sa compagnie par la Poudre de Cheminette.

« Pourquoi sommes-nous ici ? » questionna-t-il, alors qu'il regardait autour de lui, reconnaissant les intérieurs de la résidence Delacour.

« Nous devons Transplaner, et je ne voulais pas que quelqu'un à l'école nous voie ensemble. » dit-elle d'une voix douce.

Il acquiesça. « Bonne idée. »

« Viens. » continua-t-elle. « Et ensuite tu nous feras Transplaner à Barcelone. »

Il opina de nouveau et ils sortirent du Château, marchant paisiblement dans l'air chaleureux de la nuit. Il ne se sentait pas le besoin de parler pour le moment, et il était ravi qu'elle aussi ne se sentît pas obligée de meubler le silence.

« Nous avons dépassé les protections. » informa-t-il en sentant la Pression Magique s'évanouir autour de lui.

« Prends le lieu de notre destination dans mon esprit. » instruisit-elle, en saisissant légèrement la main de Harry et en la posant sur son front. Le geste n'était pas nécessaire, mais cela rajoutait à l'intimité du moment.

Il entra doucement dans son esprit et réprima une exclamation de surprise lorsqu'il sentit une lumière éclatante l'engouffrer. C'était chaleureux et pur, et d'une certaine manière, fusionnel.

« Il faut que tu saches, » souffla-t-elle doucement, « que ce que je ressens pour toi est réel ; cela est seulement magnifié par l'Union. »

Il hocha la tête avant de lire en elle le lieu de leur arrivée, et se retira de son esprit avec une petite pointe de regret.

Il s'approcha plus près d'elle, et elle leva ses bras pour les placer autour de son cou, pour se serrer davantage contre lui. Il glissa ses mains contre son dos et transplana.

Ils arrivèrent dans une petite ruelle, et elle brisa leur étreinte sans protester et prit sa main.

Il avait déjà eu sa dose en émotions fortes cet après-midi, et ce mélange d'innocence, d'espièglerie, et de beauté séductrice achevait de mettre à mal le fil de ses pensées cohérentes.

Elle sembla prendre pitié de lui en le guidant dans une rue animée. Ils traversèrent, évitant avec précaution le trafic routier, et entrèrent dans un restaurant aux attraits modernes. Elle s'adressa en espagnol au maître d'hôtel qui les avait salués et une minute plus tard ils étaient assis sous une immense fenêtre en forme d'arche, une bouteille de vin devant eux et leur commande effectuée.

« Combien de langues parles-tu ? » s'enquit Harry, curieux.

« Cinq. » répondit-elle. « Je parle aussi l'italien et l'allemand. Il est toujours amusant d'apprendre une langue. Papa à insisté pour que nous apprenions l'Anglais quand nous étions petites ; j'ai appris les autres à l'école. » Elle marqua une pause et se pencha légèrement vers l'avant, ce qui obligea ses yeux à se concentrer sur la zone d'ombre crée par le mouvement de son haut. « Je peux les parler sans peine, mais je ne peux pas en dire autant de mon écriture. »

Il eut un petit rire. « Je suis impressionné. » commenta-t-il, en arrachant ses yeux à la vue qui s'offrait à lui et en remontant à son visage. Il versa le vin dans son verre, sans daigner le tester comme Jean le lui avait appris ; cela ne lui semblait pas de circonstance, cette soirée ne s'y prêtait tout simplement pas.

« Pose-moi une question. » l'invita-t-elle, en le regardant avec un doux sourire.

« Pardon ? »

« Il doit y avoir quelque chose à mon sujet que tu souhaites savoir ; demande-le moi, et je te répondrai. »

Il pencha sa tête sur le côté et réfléchit pendant une seconde. « Je pense avoir deviné, mais je souhaite te l'entendre dire. »

« Te dire quoi ? »

« Pourquoi as-tu usé d'un tel stratagème ? »

Ses yeux s'assombrirent un peu, et elle soupira presque silencieusement. « Cela m'apprendra ; tu ne poses jamais de questions faciles. »

Elle prit une gorgée de vin et ne proféra pas un mot lorsque le serveur apparut avec leur premier plat.

« Culpabilité, peur, » murmura-t-elle finalement, « et peut-être de l'espoir ; l'espoir que tu n'aurais jamais besoin de connaître le côté moins reluisant de la vérité. »

« Continue. » dit-il d'une voix douce.

« Je t'ai dit dans le Verger que je voulais que tu tombes amoureux de moi, et c'est la vérité. Mais c'est bien plus que ça. Je te voulais dans ton intégrité et je ne voulais pas que tu te sentes forcé. Je te veux, mais je ne te veux pas brisé. Il y a un feu en toi, Harry, et il me réchauffe lorsque je suis près de toi, mais t'obliger à m'aider l'aurait réduit, et j'aurais eu à vivre à jamais avec la culpabilité qu'une erreur que j'ai commise a éteint ce feu.

« Je ne pouvais pas te faire ça, ni à moi. » Elle le regardait droit dans les yeux, ses yeux grands ouverts, sans aucune trace de duperie ou de malhonnêteté. « Nous ayant mis tous les deux dans cette situation, je désirais prendre la meilleure voie possible, alors j'ai persuadé Papa que c'était la meilleure chose à faire – Maman n'était pas d'accord – et il a demandé l'aide de Ron et Hermione.

« Mais, comme tout le monde, je n'ai pas pris en considération à quel point tu avais changé ces dernières années. Obtenir des informations précises sur toi était difficile ; même tes amis n'avaient pas réalisé à quel point tu avais changé du jeune homme qui avait vaincu Voldemort. »

« J'imagine que c'est en partie ma faute. » dit-il doucement. « Lorsque j'étais à la maison, j'étais capable de me détendre et de plaisanter ; je n'avais pas besoin de feindre, et je n'ai jamais pris le temps de leur faire part de mon développement, même si d'un autre côté, je ne m'en suis pas vraiment rendu compte moi-même – c'était juste ainsi. »

Elle hocha doucement la tête. « Je savais, en grandissant, que Papa ne serait pas en mesure de me guérir, parce que je ne voulais pas être guérie. J'étais consciente que ce que je faisais était risqué, et cette conscience s'est affirmée au fil des ans, mais cela m'a permis cet espoir, ce sentiment, aux tréfonds de moi, que si je pariais tout ce que j'avais, je pouvais tout gagner. Et que si, malgré tout je perdais, alors au moins j'aurais essayé. »

« Si tu peux mettre en jeu tout ce qui t'appartient, et en risquer l'enjeu d'un coup de pile ou face, » cita Harry dans un murmure.

« En ayant tout perdu, pourtant garder la face, repartir à zéro, sans un mot, ni chagrin. » acheva Gabrielle.

« Mon poème favori. » déclara Harry avant de devenir silencieux, étudiant son visage. Elle soutint fermement son regard, le laissant la voir pour ce qu'elle était, sans peur ni hésitation.

Et il hocha lentement la tête, acceptant ses explications, et décida de mettre cela derrière eux, et de ne plus se sentir ennuyé par cet incident. C'était une étrange dichotomie que malgré sa haine de la manipulation, ce fût la manipulation elle-même qui l'ait conduit à ce moment, à une sublime fille qui ne se cachait pas de l'aimer pour lui-même, et non pas l'une des nombreuses façades qu'il avait exhibées au grand public durant ces dernières années. Il savait que cela n'aurait rien changé s'il n'avait pas été célèbre ; elle ne se souciait pas de cela. Tout ce qu'elle désirait, c'était lui.

Le serveur débarrassa les apéritifs et amena leur repas.

Il parcourut du regard son visage, et l'apparence qui lui provenait autant de ses gènes de Vélane que de la nature elle-même. Quand il avait vu pour la première fois des Vélanes, il se souvenait avoir pensé qu'elles étaient les plus belles femmes qu'il eût jamais vues, et Gabrielle était de loins la plus belle Vélane qu'il ait vue de sa vie – et ces dernières années, il en avait vu un certain nombre durant les matches de Quidditch.

Elle lui sourit, et pendant un moment, elle parut éthérée, comme une image mentale de quelque chose dont il avait toujours rêvé mais qu'il n'avait jamais trouvé. Il tendit le bras et lui prit lentement la main, comme pour l'empêcher de disparaître.

« Jamais. » souffla-t-elle

Il la regarda avec perplexité.

Elle sourit, une lueur de mystère dans ses yeux. « Je peux savoir, juste un peu, à quoi tu penses. »

Il hocha lentement la tête ; le Lien pouvait lui permettre de faire ça.

Ils demeurèrent silencieux pendant le reste du repas, passant davantage de temps à se regarder dans les yeux qu'à parler. Lorsqu'ils eurent terminé, elle saisit la note avant qu'il ne puisse esquisser le moindre geste pour s'en emparer, et présenta une carte de crédit. Elle signa, et il se leva, fit le tour de la table et lui présenta sa main, pour l'aider à se lever.

Elle la saisit, et ils quittèrent le restaurant. « Dis-moi, » commença-t-elle. « Sais-tu danser ? »

Il lui sourit. « Un peu. »

Elle lui rendit son sourire et porta ses mains à ses cheveux et les libéra, elle glissa les attaches qui les avaient maintenus dans les poches de Harry et elle secoua légèrement sa tête ce qui fit cascader ses cheveux en des vagues dorées sur ses épaules.

Quand ils furent hors de vue, Harry les transplana à la destination suivante que Gabby lui avait donnée. Ils joignirent une longue queue à l'extérieur d'une boîte de nuit. Elle frissonna et se serra contre lui. Il enveloppa ses bras autour d'elle et murmura quelque chose dans un souffle presque inaudible, jetant ainsi un charme de réchauffement sur elle, persuadé qu'elle méritait un petit quelque chose en retour pour avoir porté cette tenue pour lui.

Ils ne faisaient la queue que depuis quelques minutes, quand ils furent escortés jusqu'à l'avant de la queue par un 'videur' et autorisés à rentrer, dépassant ainsi toutes les personnes qui attendaient depuis des heures.

En voyant l'expression surprise de Gabrielle, il eut un sourire malicieux et murmura, « Les boîtes de nuit adorent les sublimes jeunes filles en tenues ravageuses. »

Elle eut un petit rire et saisit sa main, l'entraînant dans la bruyante salle. « Est-ce que tu veux un verre ? »

Il secoua sa tête ; il ne voulait vraiment pas davantage d'alcool cette nuit. « Dansons. » proposa-t-il.

Elle acquiesça, et il prit sa main, en jouant des coudes pour se frayer aisément un chemin à travers la foule surpeuplée jusqu'en plein cœur de la salle.

Elle rit, rejetant sa tête en arrière, et s'interrompit lorsque la chanson s'arrêta, attendant tranquillement la nouvelle.

La musique commença, et elle leva ses mains hauts dans les airs, ses yeux plongés dans les siens, et elle se mit à bouger au rythme de la musique. Elle dansa avec un rythme naturel et un abandon qui fit s'écarter les gens autour d'elle, pour pouvoir l'observer. Mais elle ne semblait pas le remarquer. A aucun moment elle ne détourna le regard de lui, excepté lorsqu'elle tournoyait, et même alors, elle accrochait son regard aussi vite qu'elle le pouvait une fois la figure effectuée.

La danse était passionnée, et pourtant profondément intime, comme si toutes les autres personnes qui se trouvaient là n'étaient que des simples illusions, alors que la jeune fille aux Pouvoirs de Vélane usait de tout ce qu'elle avait pour montrer à son Compagnon à quel point elle le voulait, à quel point elle le désirait, et à quel point elle l'aimait.

Il la contempla, envoûté d'une manière que la simple magie ne saurait reproduire, ignorant tout et toutes les autres personnes, lui accordant l'attention qu'elle désirait si ardemment, reconnaissant son rôle dans l'acte. Elle semblait libre, heureuse ; comme si elle pourrait danser pour lui pour toujours, s'il le lui demandait.

Mais ils n'étaient pas seuls, et il pouvait voir les hommes, aux teint assombris par les jeux de lumière, des hommes aux yeux sombres, regardant son corps tout autant qu'il le faisait, et il se mut, glissant vers elle avec grâce.

C'était la liberté dans sa plus grande magnificence, c'était l'excitation dans sa plus exquise volupté, et cela ressemblait fortement à ce pourquoi elle avait été créée. Tout cela lui échoyait à elle, Gabrielle Delacour, qui était parvenue à trouver un chemin à travers les défenses de son Compagnon.

Elle n'avait jamais éprouvé cela auparavant ; bien sûr elle avait dansé avec sa sœur, avec sa famille, aux fêtes de l'école, mais jamais seule, jamais dans des vêtements aussi suggestifs quant à sa véritable silhouette, et jamais dans une boîte de nuit.

Mais ses yeux – ils étaient les plus grands ouverts qu'elle ne les ait jamais vus depuis qu'elle le connaissait, tandis qu'elle se mouvait au rythme de la musique. Ils la caressaient, ils la réchauffaient, et ils l'autorisaient à croire que cela fonctionnerait, qu'elle le remporterait.

La soirée avait été parfaite jusqu'à présent. Même quand elle s'était sentie un peu glacée par une brise, il l'avait tenue dans ses bras et l'avait réchauffée. Elle n'avait pas su à quoi s'attendre dans la boîte de nuit, mais il avait semblé confiant, et elle réalisa qu'il avait dû se rendre dans un tel lieu bien des fois.

Elle lui avait offert un verre, plus par habitude qu'un désir quelconque de s'enivrer ; son regard était plus qu'assez pour cela, et elle l'avait ensuite suivi jusqu'à la piste de danse. Il se déplaça à travers la foule de personnes et, ils s'écartèrent tous de son chemin, comme si c'était une chose naturelle à faire pour eux. Et une fois au milieu de la piste de danse, elle l'avait dépassé et s'était arrêtée, ne sachant pas s'il pouvait danser, et ne s'en souciant aucunement. Et la musique commença.

Elle pouvait le sentir au plus profond d'elle-même, quelque chose de primal réagissait à la situation, à la manière dont son Compagnon la regardait, comme s'il voulait la dévorer, et elle bougea, écoutant ses instincts, et non pas les pas chorégraphiés qu'elle avait prévus d'utiliser. Elle plongea son regard dans les siens, s'abreuvant de sa réaction tandis qu'elle dansait pour lui.

Et tant qu'il la regardait, elle ne s'arrêterait pas ; il y avait quelque chose de primal qui se produisait, quelque chose qui outrepassait toutes les formalités, et les autorisait seulement à être seuls, Harry et sa Gabrielle.

Et alors, après ce qui avait semblé être une vie entière plongée dans son regard, il se mut, glissant jusqu'à elle, et il se mit à danser.

Ses pas complétaient à la perfection ses mouvements, ses yeux dans les siens, tandis qu'il bougeait aussi, lui répondant, et lui montrant qu'il avait le pouvoir lui aussi, qu'il pouvait trouver son chemin à travers ses défenses.

Elle répondit à son défi, ses gestes plus rapides, plus exotiques, révélant le haut de ses bas – c'était la première fois qu'elle en portait – alors qu'elle se battait pour avoir à nouveau le dessus.

C'était exactement comme Fleur le lui avait dit, mais elle ne l'avait pas crue à ce moment-là, cet incroyable mélange de sons et d'images, d'odeurs et de goûts, ainsi que de caresses. Ses mains la touchaient légèrement alors qu'elle le touchait aussi, tandis qu'ils se mouvaient en parfaite symbiose.

La danse était unique, enivrante, sans commune mesure avec tout ce qu'elle avait pu expérimenter jusqu'à présent, et elle leva les yeux vers le plafond réfléchissant, et eut du mal à se reconnaître en se voyant danser pour lui et seulement lui, en plein milieu d'une boîte de nuit bondée.

Elle ressemblait à une jeune femme amoureuse, une femme qui avait trouvé tout ce dont elle avait rêvé, une femme qui se laissait porter par ses émotions, en faisant fi du comportement qui lui était habituel.

La musique s'arrêta, et elle fit de même, ses mains derrière sa tête, son regard ancré dans le sien. Il ne détourna pas le regard, et elle sentit le feu en elle brûler d'un éclat encore plus vif. Pour la première fois, elle put sentir les yeux des autres hommes sur elle, et elle souhaita qu'ils ne fussent pas là – qu'elle et Harry puissent être seuls, pour qu'elle puisse faire cela pour lui sans aucune réserve.

La musique recommença de nouveau, et elle dansa, cette fois-ci le rythme était plus lent. Elle combla l'écart entre eux, effectuant des gestes brefs en concordance avec la musique. Elle était en sécurité avec lui, il ne laisserait jamais personne s'approcher d'elle, ne laisserait jamais personne la toucher. Ses caresses le lui rappelait à chaque fois, la marquant comme sienne alors que ses mains effleuraient son dos, son ventre, ses hanches, la revendiquant comme elle voulait être revendiquée.

Elle dansa dans ses bras, le concours oublié, et se pressa contre lui se sentant flotter tandis qu'ils dansaient tout autour de la piste, ne remarquant pas les personnes s'écarter de leur chemin. Elle savait juste qu'elle se sentait sur un petit nuage et qu'elle ne désirait pour rien au monde quitter l'asile sanctifié de ses bras.






Eric Caton observait le couple danser et avala sa salive avec difficulté. Ce qu'il avait jugé être en premier lieu une horrible mission avait changé drastiquement du tout au tout. Il n'avait pas remarqué que la fille cadette du Boss avait grandi, et maintenant qu'il s'en rendait compte, il était presque jaloux à en verdir de Harry Potter.

Qu'un homme puisse avoir une femme qui danse ainsi pour lui, avec ce degré d'abandon le plus total, n'était tout simplement pas juste. La manière dont elle se mouvait, la manière dont sa jupe tourbillonnait lorsqu'elle tournoyait, était presque lyrique dans sa séduction. Ses longs cheveux blonds, la faisait ressembler à une créature de l'au-delà, descendue des cieux pour donner aux mortels un aperçu de ce à quoi ils pourraient s'attendre lorsqu'ils mourraient, parce qu'aucune humaine ne pouvait avoir une telle apparence, ne pouvait se mouvoir ainsi, ne pouvait avoir un corps comme celui-là.

Et puis, il avait bougé lui aussi.

Harry Potter, mondialement réputé en tant que guerrier, en tant que combattant, en tant que personne qui n'abandonnait jamais, et Eric se sentit inapproprié. Les mouvements de Harry étaient plus subtils, mais ils irradiaient de pouvoir et d'autorité ; une autorité que personne de son âge ne devrait être en mesure d'exercer.

Il lançait un message clair – tout homme qui désirait l'ange avec laquelle il dansait devrait passer par lui d'abord, et personne ne semblait désireux de relever le défi. Les hommes qui s'étaient avancés vers la beauté blonde s'étaient dérobés avec humilité, sans qu'Harry n'eût à les remarquer.

Politiquement parlant, il pouvait voir pourquoi Jean-Sébastien autoriserait Gabrielle à sortir avec Harry, c'était une liaison qui élèverait Jean au sommet de son pays – même s'il s'avait aussi que Jean aurait tôt fait de quitter la politique plutôt que d'user de sa fille ainsi. Il n'avait pas compris pourquoi il avait été envoyé sur cette mission, quand tout le monde savait que Harry Potter pouvait très bien se défendre tout seul – mais il leur avait été expliqué, que plutôt que d'avoir un Harry contrarié de voir sa soirée ruinée détruisant accidentellement la moitié de Barcelone, il serait préférable qu'Eric et son équipe s'emploient dans l'ombre de la discrétion à supprimer les problèmes avant qu'ils ne parviennent jusqu'à lui.

C'était cette formulation, détruisant'accidentellement' la moitié d'une des plus grandes villes du monde qui leur avait fait réaliser que les histoires à son propos étaient bel et bien réelles. Que Potter avait été capable de transplaner à travers les champs de Protection parmi les meilleurs de France et avait détruit par la même une grande partie d'un verger dans un accès de colère – mais était pourtant parvenu à préserver assez de sang-froid pour ne pas blesser l'ange avec laquelle il dansait.

Il balaya de nouveau la foule du regard, et quand il reporta son regard vers la piste de danse, ils étaient partis. Il cligna des yeux, et l'un de ses hommes l'informa grâce aux sorts de communication qui les reliaient en permanence qu'ils s'étaient dirigés vers les toilettes.

« Pourquoi nous suivez-vous ? »

La question était en Français, et provenait de derrière son oreille droite. Il se retourna, déjà conscient de ce qu'il découvrirait. Il croisa les yeux de Harry Potter et eut des furtives pensées de sa mort prochaine.

« Aimée et Jean-Sébastien nous ont demandé de garder un œil ouvert ce soir pour nous assurer que vous passiez une bonne soirée. » laissa-t-il échapper avec précipitation, la pensée de lui mentir ne lui venant même pas à l'esprit.

« Pourquoi ? » pressa-t-il.

« Parce qu'ils savent que vous pouvez vous défendre, mais ils ne voulaient pas que cela en arrive-là. » bégaya-t-il. « Avec l'apparence angélique de Gabrielle, ils savaient qu'elle attirerait l'attention et ils ont pensé qu'il serait préférable si vous n'aviez pas à vous en occuper personnellement. »

Harry regarda au plus profond de ses yeux. « Il y a six d'entre vous qui sont du Ministère Français, n'est-ce pas ? Et cinq Aurors Espagnols ? »

Eric opina du chef, légèrement impressionné qu'Harry les eût tous repérés.

« L'homme à la veste blanche à ma gauche, vend de la drogue. La femme vêtue d'une robe rouge à côté de lui porte un revolver. Et il y a deux résidus au bar en jeans et t-shirt jaune qui versent du Rohypnol dans les boissons.

« Du quoi ? »

« C'est une drogue utilisée pour les viols. » expliqua Harry. « Occupez-vous d'eux. »

Il hocha la tête et quand il leva de nouveau la tête, Harry avait disparu. Il prit une profonde inspiration. « Vous avez entendu ? »

Il reçut une réponse affirmative instantanée de tous les autres et appela. « Aaron ? »

La voix à l'accent lourd de son collègue Espagnol lui répondit une seconde plus tard. « Les drogues et les revolvers ne sont pas autorisés dans les boîtes de nuit. Mes collègues Moldus seront heureux si nous agissons comme on nous l'a conseillé. »

Eric hocha la tête. Harry et Gabrielle étaient de retour sur la piste de danse, en se mouvant tout autour, comme s'ils en étaient les propriétaires, et d'une certaine façon, c'était le cas.

« On couvre tes arrières, Aaron. »

Aaron donna ses instructions dans un murmure rauque, en espagnol, avant de se répéter en Français.

Comme convenu, Eric suivit Aaron jusqu'au niveau du dealer de drogue. Dès qu'ils les eurent rejoints, la femme commença à esquisser un geste, sa main plongeant vivement dans son sac à main, mais elle se pétrifia soudainement. Il se retourna et croisa les yeux de Harry, et fut parcourut d'un frisson.

Tellement de pouvoir, tellement de capacités, et tellement de noblesse ; peut-être Jean avait-il raison ; peut-être Harry était-il le dernier Chevalier au monde.






Gabrielle était fatiguée, presque épuisée, mais plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été au cours de ces huit dernières années.

« Sortons d'ici. » murmura Harry, et elle acquiesça.

Ses bras étaient autour d'elle lorsqu'ils quittèrent la boîte de nuit chauffée pour être accueillis par l'air glacial du dehors. Elle frissonna de nouveau et il lança un charme pour la garder au chaud. Dès qu'ils furent hors de vue, il la serra dans ses bras et les transplana au Château de sa famille.

Elle sourit, et il la souleva délicatement, un de ses bras sous ses genoux, et l'autre sur ses épaules. Elle enroula un bras autour de son cou et se blottit davantage contre lui. Elle ne voulait pas parler maintenant – elle n'en avait pas besoin. Ils s'étaient tout dit dans leur danse quelques instants plus tôt. Leur relation avait avancé. Elle ne savait pas exactement à quel point, mais elle en était certaine. Et elle était beaucoup plus optimiste quant à la réalisation de son but.

Elle pensa l'embrasser, mais se ravisa – à moins qu'il ne prenne l'initiative, bien sûr – d'une certaine manière cela ne semblait pas approprié qu'elle initie cet acte. Cette nuit avait été une nuit véhiculant autre chose, cela avait été une nuit de promesses et d'exemples ; un autre jour serait à propos de baisers et de caresses intimes.

Et ainsi, elle s'autorisa à s'endormir dans ses bras tandis qu'il la portait jusqu'à chez elle.

Cela lui paraissait tellement adéquat, la tenir aussi serrée dans ses bras, sentir le délicat parfum qu'elle portait, et la maintenant au chaud.

Cela avait été une nuit qui n'avait ressemblé en rien avec ce qu'il avait pu expérimenter de toute sa vie. La danse primale et l'amusement ressenti en réalisant que sa petite démonstration de sa réaction lorsqu'on l'enrageait, avait incité Jean à s'assurer qu'il ne détruise rien accidentellement. Et Gabrielle : une Gabrielle plus âgée, plus mature, qui l'enchantait par sa sensualité innocente, et qui l'envoûtait par la totale exposition de son être.

La même Gabrielle qui dormait présentement dans ses bras, la Gabrielle qu'il était à présent prêt à protéger de sa vie. La Gabrielle dont il était à présent certain qu'il allait tomber amoureux, si tant est que cela n'ait pas déjà commencé.

Mais il ne voulait pas précipiter les choses ; cela ne lui semblait pas convenable. Ils avaient du temps, beaucoup de temps, et faire les choses correctement lui tenait beaucoup à cœur à présent. L'explication qu'elle lui avait donné plus tôt dans la soirée lui avait permis d'enfouir son ressentiment, et lui avait permis de faire face au fait que la situation, causée par l'erreur d'une enfant, ne s'était pas avérée si mauvaise après tout.

Ce qu'il y avait entre eux était amusant ; cela ressemblait presqu'à une sorte de cour, mais après cette nuit, les choses allaient être différentes. Il n'allait plus accepter passivement de se faire chasser – il n'y avait rien d'amusant à cela. Non, après cette nuit et quand ils seraient seuls, il allait lui aussi s'adonner à la chasse, loin des regards des autres élèves, bien entendu.

Il la porta jusqu'à sa chambre dans le Château Delacour, décidant de ne pas la réveiller en l'amenant à l'école à travers la Poudre de Cheminette, et la déposa dans son lit. Il lui enleva ses chaussures, et caressa doucement ses chevilles, ce qui fit apparaître un sourire sur son sublime visage.

Il la contempla pendant quelques instants, et tendit le bras pour caresser les mèches de cheveux soyeux qui lui tombaient sur le visage, avant de la recouvrir tendrement de ses draps. Il traversa la pièce, éteignit la lumière de la chambre, puis s'arrêta sur le pas de la porte pour se retourner et lancer un dernier regard à la jeune femme endormie. Elle était tout simplement splendide et irradiait, même endormie, d'une innocence qui lui donnait envie de la protéger du monde entier. Il sourit et murmura doucement « Bonne nuit, ma Gabrielle, » avant de quitter la chambre, refermant silencieusement la porte derrière lui.

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