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Espoir
Normandie

By Ysfrael

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Author Notes:

 

Les mots soulignés et en italique sont en  français  dans le texte. Les mots seulement en italique représentent seulement des  inflexions  de voix lorsqu’un personnage parle (insistance par exemple).

 

 

Hermione Granger-Weasley était une sorcière brillante. Toute sa vie durant toutes les personnes qu'elle avait connues avaient loué son intelligence exceptionnelle. Si c'était dans un livre, elle le savait. Si c'était perdu, elle pouvait le retrouver.

Même après avoir quitté l'école, elle avait continué d'être brillante. Elle était parvenue à enseigner le français à Harry Potter, si bien qu'il était à présent capable de parler comme un véritable Parisien, et pour parachever son œuvre, elle lui avait même enseigné à parler comme le dernier des dockers.

Se sentir stupide n'était pas quelque chose dont elle avait l'habitude. Se sentir stupide était, en fait, quelque chose dont elle était si peu habituée, que la simple pensée d'avoir été stupide en était presque tétanisante.

« Hermione ? » s'enquit Ron. « Est-ce que tu vas bien ? »

« Par Merlin. » souffla Hermione, en secouant sa tête comme pour réfuter la réalisation qui venait de s'abattre sur elle, telle une pile de briques.

« Par Merlin ? » répéta Ron, affichant une expression inquiète. « Quel est le problème ? Tout s'est passé conformément au plan, n'est-ce pas ? »

Hermione leva les yeux vers son mari et soupira.

« Combien des petites-amies de Harry avons-nous approuvé ? »

« Ginny ? » offrit Ron.

« Exactement. » confirma Hermione et elle sentit un atroce mal de tête poindre le bout de son nez. « Je dois parler à Jean. »

« Jean ? Pourquoi ? »

« Réfléchis, Ron. Harry nous contacte par Poudre de Cheminette, nous parle d'une fille qui suscite son intérêt, et qu'est-ce que nous faisons ? »

Ron cligna des yeux et parut songeur.

« Nous lui disons de tenter le coup ? »

« Avec toute la subtilité d'un éléphant dans une boutique de porcelaine qu'est-ce que Harry va en penser ? »

« Par Merlin. » jura Ron en arrivant à la même conclusion qu'elle et en devenant extrêmement pâle sous le coup de la réalisation.

« Exactement. » gémit Hermione. Elle se leva et s'avança vers la cheminée et jeta un peu de poudre sur le feu.

« Jean-Sébastien Delacour. » scanda-t-elle.

Une tête chauve apparut dans l'âtre. « Résidence Delacour. » dit-elle en français.

« Serait-ce possible de m'entretenir avec Jean ? » demanda Hermione, en changeant de langue avec aisance.

« J'ai bien peur qu'il ait laissé des instructions strictes stipulant qu'il ne désire pas être dérangé, car il reçoit un invité important ce soir. »

Hermione hocha la tête. « Pouvez-vous lui demander de me contacter dès qu'il sera disponible ? »

« Certainement. »

Hermione coupa la connexion et s'assit, enroulant ses bras autour de ses jambes.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Ron.

« Jean a ordonné à ce qu'il ne soit pas dérangé pendant qu'il est avec Harry. Je ne peux pas le joindre. Même si nous lui envoyons un hibou, ça sera trop tard. » soupira-t-elle faiblement. « Il va nous détester, n'est-ce pas ? »

« N'est-ce pas quelque chose dont nous aurions dû nous inquiéter lorsque nous avons commencé ça ? » rétorqua sèchement Ron.

« Mais c'était la solution parfaite à tout. » soupira encore Hermione. « Cela allait faire sortir Harry de ses humeurs, de sa maison, et même lui trouver une sublime jeune fille qui l'aime pour lui-même, et non pas en tant que Harry Potter. Et cela allait sauver Gabrielle ! »

« Et au lieu de lui dire tout ça, nous l'avons manipulé. » déclara calmement Ron.

« Comment peux-tu être aussi calme ? » se récria Hermione, en lui lançant un regard noir.

« Parce que je me doutais que cela se produirait. » dit Ron, en se rendant à la cuisine. Il se mit à faire plusieurs tasses de thé.

« Alors pourquoi n'as-tu rien dit ? » s'écria Hermione depuis le salon.

« Je l'ai fait. » dit-il en revenant et en lui tendant une tasse de thé. « Mais cela ne sert à rien d'en parler maintenant, nous devons prendre les choses comme elles viennent. »

« Harry va nous détester ! »

« Pendant un moment, c'est sûr mais nous sommes amis, alors il finira par nous pardonner. »

« Mais je ne veux pas le perdre, même pour un moment. »

« Ecoute, si tu veux, je dirai que c'était mon idée, et que tu n'étais au courant de rien. »

« Tu ferais ça ? » demanda Hermione.

« Pour toi, oui. »

Hermione sourit et se mit sur ses pieds. Elle se dirigea vers son mari et l'embrassa tendrement. « Ca, c'est l'homme que j'ai épousé. » sourit-elle. « Et non, tu ne prendras pas tout le blâme. Je dirai juste la vérité à Harry en espérant qu'il écoutera. »

Ron resserra ses bras autour d'elle.

« Pourquoi n'as-tu pas fait plus d'efforts pour m'arrêter, Ron ? »

Ron se recula, toute trace de légèreté effacée de son visage.

« Bien souvent, la seule manière pour que tu apprennes une leçon est de te laisser l'expérimenter par toi-même. Lorsque tu as une idée en tête, ma chérie, tu ne laisses personne t'en écarter, en dépit de leur expérience ou de leur expertise sur le sujet. Jusqu'à ce que tu aies été prouvée du contraire, tu penses que tu as toujours raison. Tu pensais que tu savais mieux que quiconque ce qu'il fallait faire, et rien de ce que j'aurais pu dire ne t'en aurait dissuadée. Ne te méprends pas, j'apprécie Gabrielle, et je suis content de ce qui s'est passé jusqu'à présent; je pense juste qu'il aurait été préférable de poser cartes sur table et ne pas le dissimuler à Harry. »

Hermione le regarda, ses yeux écarquillés de stupeur. « Tu as fait ça plusieurs fois. » murmura-t-elle le souffle coupé.

« Te laisser découvrir par toi-même que quelque chose était une mauvaise idée ? »

Elle hocha la tête.

« En effet. » approuva-t-il.

« Tout ce temps. » marmonna-t-elle. « Je pensais que je te gérais, mais c'était toi qui me gérais. »

Ron acquiesça.

Un sourire se dessina lentement sur le visage de Hermione. « Quand es-tu devenu aussi intelligent ? »

« Tu as probablement déteint sur moi. » lança-t-il avec un sourire. « Ne t'inquiètes pas à propos de Harry nous ferons face ensemble et tu pourras lui promettre de ne plus jamais recommencer. »

Hermione hocha la tête avec ferveur.

« Alors allons manger et passer un bon moment. »

« Je t'aime. » souffla Hermione.

« Je sais. Je t'aime aussi. »


Harry observa son lit et fronça les sourcils d'un air songeur. Sous-vêtements, chaussettes, tee-shirt, veste, costume, plusieurs chemises, et un short de bain étaient impeccablement pliés sur son lit à côté de trois paires de chaussures. Il ne pouvait penser à autre chose dont il pourrait avoir besoin.

Il sortit un sac et y rangea tout soigneusement, les astuces de rangement de Hermione résonnant à son insu dans son esprit.

Il s'avança vers le miroir et s'inspecta d'un rapide coup d'œil. Il portait un pantalon au noir très sombre avec un pull en cachemire. Il effleura distraitement ses lunettes, les rendant plus transparentes, et se dirigea vers la cheminée.

Une seconde plus tard, il était en route. Il détestait toujours autant voyager par un moyen autre que par sa propre locomotion, mais il avait au moins appris à demeurer propre. Il maintenait un sort repousse-saleté autour de lui ainsi qu'un sort d'équilibre pour ses atterrissages.

Les personnes normales, bien sûr, n'avaient nullement besoin de ces sorts, mais Hermione avait pris le temps de chercher pour quelle raison exactement, il était toujours éjecté avec force de la Cheminée lorsqu'il arrivait à destination, et elle avait découvert que comme le voyage par Cheminette était alimenté par la propre magie d'un sorcier, le fait qu'il ait un surplus non négligeable par rapport au reste des sorciers signifiait qu'il voyageait toujours plus vite que quiconque.

« Bienvenue dans mon humble demeure. » l'accueillit Jean alors qu'il sortait de la Cheminée.

« Humble ? » répéta succinctement Harry, en balayant du regard le magnifique intérieur.

Les lèvres de Jean frémirent, et il hocha la tête.

« En effet. » dit-il avec un haussement d'épaules auto-dépréciateur. « Ces dames s'apprêtent pour le dîner, aussi ai-je pensé que nous pourrions aller nous promener dehors. »

« Cela me paraît être une excellente idée. » approuva Harry. « Un peu d'exercice me ferait le plus grand bien. »

Jean lui prit son sac et le déposa sur le sol avant de le mener à travers un long corridor au parquet boisé et une imposante porte à double entrées donnant sur une immense terrasse en pierre.

Ils marchèrent en silence dans le jardin et après avoir franchi un pont qui surplombait des douves, Jean s'arrêta et se retourna vers lui.

Harry se retourna pour retracer du regard le chemin qu'ils avaient parcouru et il siffla dans sa barbe.

« C'est aussi grand que Poudlard. » murmura-t-il.

« Pas exactement. » répondit Jean avec un petit sourire. « C'est en fait le quatrième château à avoir été construit sur ce site. Nous sommes au cœur du Pays d'Ouche, dans la partie basse de la Normandie. Les deux premiers châteaux furent construits par les Barons de Ferté-Fresnel au dixième siècle. Le troisième était un manoir Baronnial nommé « Le Colombier » et était une imitation des précédents châteaux, et fut construit en 1766 par le Baron de Hericy. Ce château a été construit en 1853 par un architecte Parisien du nom de Stores, qui était aussi responsable de la construction de nombres de bâtiments de notre Capitale. »

« Nous avons transformé la majeure partie en hôtel pour Moldus, ce qui nous permet ainsi de payer son entretien. »

« Bon plan. » apprécia Harry. « Cela aurait semblé un réel gaspillage si toutes ces chambres étaient demeurées vides en permanence. »

« Je suis d'accord. » approuva Jean avec un hochement de tête. « Et avec des enchantements judicieusement placés, nous ne les voyons ni ne les entendons jamais. Nous sommes complètement isolés d'eux, et cela nous assure une parfaite intimité. »

Ils firent les alentours du bâtiment, Jean lui en apprenant plus sur les caractéristiques du château pendant un moment jusqu'à ce qu'il jette un coup d'œil à sa montre.

« Prêt à passer à table ? »

« Absolument. »

Ils retournèrent à l'intérieur du château et montèrent un escalier en colimaçon menant à une salle à manger à la décoration formelle.

« Je vois que nos autres invités sont arrivés. » remarqua Jean, en indiquant un grand homme aux cheveux roux.

« Bill. » le salua Harry avec un sourire. « C'est bon de te revoir comment vas-tu ? Et le travail ? »

« Whoua ! » fit Bill en anglais. « Ralentis une minute, Harry mon français n'est pas aussi bon que ça. »

« Oh, désolé. » s'excusa Harry, en passant sans effort à l'anglais. « Tu sais, tu devrais vraiment demander à Hermione de te l'enseigner. »

Bill haussa les épaules et leva sa main en l'air.

« Certains d'entre nous ne possèdent simplement pas une aptitude naturelle pour les langues étrangères. » soupira-t-il. « Je peux comprendre la plupart de ce qui est dit, mais quand les gens m'assaillent avec ce genre de feu nourri, cela me prend du temps à assimiler. »

« William se donne du mal au moins. » déclara sèchement Jean, lui aussi en anglais.

« Vous avez rencontré Fred et George. » sourit Harry d'un air connaisseur. « Je peux vous assurer qu'ils se donnent vraiment du mal. Bill est un amateur comparé à eux. »

« Merci. » dit Bill, en imitant à la perfection le ton de Jean. « Fleur attendait ce dîner avec impatience depuis que Jean nous a invités. »

« Excellent. » déclara Jean en se tapant les mains. « Nous apprécions toujours vos visites, William. »

Bill sourit et hocha la tête. « C'est réciproque. »

La porte à leur gauche s'ouvrit et une femme d'âge mûre entra d'un air régalien.

« Aimée. » déclara Jean d'un ton formel en français. « J'aimerais te présenter Harry Potter. Harry, voici ma femme, Aimée. »

Harry se déplaça vers elle et saisit la main qu'elle lui offrait et en baisa doucement le dos.

« C'est un honneur, Madame, de rencontrer celle qui est si manifestement la source de l'exquise beauté de ses filles. »

Aimée haussa ses sourcils en direction de son mari pendant une seconde, puis s'avança et saisit avec légèreté le bras de Harry.

« Venez. » dit-elle avec douceur. « Et allons parler. »

Harry hocha la tête et l'accompagna à la table. Avec prévenance il recula et tint sa chaise pour qu'elle puisse s'asseoir et il s'assit à côté d'elle.

« C'est tellement rare de trouver quelqu'un de votre génération avec de véritables manières. »

Harry rougit, mal à l'aise.

« Détendez-vous. » le rassura Aimée avec un léger sourire. « Contrairement à ce qu'aurait pu vous dire William, je ne mords pas. »

« J'ai bien peur que William ne m'ait rien dit du tout à votre sujet. Votre mari, d'un autre côté, a passé une heure entière derrière un verre de vin à me parler de vous durant la guerre. »

Aimée leva les yeux et sourit à son mari pendant une brève seconde.

« Je vous remercie, Harry, pour avoir permis à mon mari de me revenir indemne. »

Harry eut un petit rire.

« Je n'ai pas fait grand-chose, Madame Jean est plus que capable de prendre soin de lui. »

« Harry. » l'interrompit Aimée avec fermeté. « Premièrement, appelez-moi Aimée je vous prie. Et deuxièmement, si vous n'aviez pas stoppé ce monstre, il ne me serait pas retourné comme je l'aime. »

« C'étaient des jours sombres. » murmura à demi Harry. « Mais ils appartiennent au passé. Je ne pense pas que quiconque apprécie vraiment de se les remémorer. »

Aimée hocha la tête. « C'est tout à fait vrai, Harry. Alors parlons de choses plus légères. Etes-vous impatient d'enseigner à nos étudiants à voler correctement ? »

« J'ai été vraiment surpris par la manière formelle de voler qu'on leur a déjà enseignée. »

« C'est ce que j'ai cru comprendre. Gabrielle m'a raconté à quel point c'était merveilleux de voler avec vous. C'était un réel plaisir que de la voir aussi animée par quelque chose qui n'est pas un livre. »

Harry inspecta les alentours avec des airs de conspirateur et se pencha un peu plus près.

« Pour être honnête, j'ai des plans pour elle. » dit-il avec un petit clin d'œil. « Elle a un très bon équilibre sur un balai et possède une très bonne vue. Je compte faire d'elle une Attrapeuse. »

Aimée sourit lentement.

« Pensez-vous qu'elle ait le potentiel pour y exceller ? »

« Je le pense. » confirma Harry avec un sourire. « Je suis sûr qu'elle sera parfaite. Etre un Attrapeur est autant une question de force mentale que de vol et de compétences. C'est quelque chose que mes adversaires à Poudlard n'ont jamais vraiment saisi. Vous devez être capable de surveiller le jeu, rechercher le vif, et aider vos coéquipiers, tout en ayant l'issue du jeu sur vos épaules. »

« C'est la position la plus difficile, mais c'est aussi la plus importante. Je suis persuadé que Gabrielle possède déjà la force mentale nécessaire et je peux lui enseigner le reste dont elle aura besoin. »

« Que pensez-vous des matches interscolaires ? »

« Puis-je être franc ? » demanda Harry, un sourire flottant sur ses lèvres.

Aimée se pencha davantage vers lui, ses yeux bleus pétillant. « Mais bien sûr. »

« Si vous ne tenez pas compte du contexte, je suis formel sur le fait que secrètement, Poudlard et Durmstrang sont impatients d'écraser Beauxbâtons. »

« Vraiment ? »

Harry opina du chef et eut un sourire carnassier.

« Mais nous allons leur montrer que sous-estimer ces étudiants est une très mauvaise idée. J'ai déjà dressé mentalement une équipe pour représenter l'école, basée sur leurs compétences dans d'autres sports ainsi que leur morphologie générale. Du moment que nous pouvons les convaincre de participer et leur apprendre à voler, nous devrions en surprendre plus d'un. »

Aimée sourit avec ravissement. « Je suis très heureuse d'entendre cela. Notre équipe nationale est une disgrâce, et ce pays a vraiment besoin d'avoir quelque chose à supporter en ce moment. »

« En effet. » approuva Jean en anglais, en s'asseyant au côté opposé de celui de sa femme, en tête de table. Bill s'assit en diagonale vis-à-vis de Harry, laissant deux places de libres pour Gabrielle et Fleur.

« C'était une mauvaise idée de laisser Fleur aller voir Gabrielle en premier lieu. » commenta Bill d'un air désolé en jetant un œil à sa montre.

« Le jour où mes filles seront à l'heure pour un dîner familier n'est pas encore venu. » déclara Aimée en secouant sa tête. Comme son mari, son anglais était parfait, avec juste une once d'accent Français. « Elles ont toujours eu l'incroyable habilité de perdre la notion du temps quand elles sont ensemble. »

Un majordome sembla se matérialiser à côté de Jean. En quelques tours de poignets, il ouvrit une bouteille de vin et en versa une petite quantité dans le verre de Jean.

Harry contempla, fasciné, Jean examiner en premier lieu le vin contre la nappe blanche de la table, avant de le faire légèrement tournoyer dans le verre. Il commença à lever sa main, et s'interrompit pour regarder Harry. « Vous n'avez jamais testé le vin avant de le servir ? »

Harry secoua sa tête. « Je n'en bois pas beaucoup. L'alcool et les athlètes ne font pas très bon ménage. »

Jean fit un geste de la main à l'intention du majordome, qui contourna la table et versa une petite quantité de vin dans le verre de Harry.

« Goûter le vin est un art. » déclara Jean d'une voix cérémonieuse. « Mais ce n'est pas seulement une affaire de goût, c'est tout autant une question de couleur et d'arôme. Tout d'abord, nous regardons le vin lui-même. Cela doit être fait sur un fond blanc, afin de pouvoir en examiner clairement la couleur. La couleur du vin peut fortement varier les vins blancs peuvent aller de vert à jaune en passant par le brun. D'une manière générale plus vous pouvez déceler de couleur, plus vieux est le vin bien que le brun puisse indiquer que le vin ne convient pas au chiens. Le temps peut spectaculairement améliorer un vin rouge, mais il ruine la plupart des blancs. Les vins rouges peuvent varier d'un rouge pâle à un riche bordeaux, et prend d'ordinaire une nuance plus claire au fil du temps.

« A présent, penchez légèrement votre verre et regardez le bord. Quelle couleur voyez-vous ? »

« Ca semble être une sorte d'orange brun. » répondit Harry.

« Exactement. » approuva Jean avec un sourire. « Le signe d'un vin mûr. S'il avait eu une teinte pourpre, cela aurait été un vin très jeune. Maintenant nous faisons tourner le vin. » Harry fit tourner avec précaution le sien. « Cela a plusieurs buts – cela relâche les molécules, nous permettant ainsi de sentir le bouquet du vin, et cela nous permet d'inspecter visuellement le corps du vin afin de voir comment il réagit. Ce vin, » dit-il, en le regardant , « a, comment vous les anglais dites-vous ? Oh oui, il a de 'bonnes jambes.' Ce qui signifie qu'il a un corps plus épais et une teneur en alcool légèrement plus élevée. Maintenant, sentez le vin, faites vous une première impression, et puis sentez-le plus profondément encore. »

Harry suivi les instructions à la lettre et fronça légèrement les sourcils en signe de concentration. « Il a un arôme légèrement épicé. »

Jean hocha la tête. « A présent prenez une gorgée. »

Harry leva le verre à ses lèvres et laissa le vin frapper ses papilles gustatives avant d'avaler. « C'est très similaire au vin que nous avons bu à Beauxbâtons. » dit-il. « Il possède le même arrière-goût agréable, mais il est légèrement meilleur…il semble être plus…mûr. »

« Bravo. » applaudit Jean. « Il provient du même vignoble, seulement de dix années antérieures à celui que nous avons bu à l'école. » il hocha la tête en direction du majordome, qui emplit rapidement six verres. « C'est un excellent vin, Harry, l'un des plus grands crûs. Plus tard, il nous faudra être indiciblement brave, et nous goûterons un mauvais vin, afin que vous puissiez les comparer. »

Harry pouffa et acquiesça. « Cela semble amusant. » dit-il avec un sourire.

Jean frissonna. « Attendez d'essayer quelques-uns de ces vinaigres que les Moldus font passer pour du vin de nos jours. »

« Oh, Papa. » soupira théâtralement Gabrielle depuis le seuil de la porte. « Tu n'es sûrement pas déjà en train de corrompre Harry avec ton obsession du vin ? »

« Gabrielle. » dit Jean sévèrement. « Tout jeune homme doit apprendre la différence entre un et bon et un mauvais vin. Je suis juste en train de donner à Harry sa première leçon. »

Harry et Jean se levèrent tous deux, Bill suivant leur exemple une seconde plus tard. Harry fit s'asseoir Fleur à côté de lui comme il l'avait fait pour Aimée tandis que Bill faisait s'asseoir Gabrielle.

« C'est bon de te revoir, Fleur. » déclara Aimée.

« Z'est bon d'être de retour. »

« Et tu possèdes toujours cet accent idiot. » soupira Aimée.

Fleur haussa les épaules et sourit avec malice.

« Z'est mignon. » déclara-t-elle en rejetant ses cheveux en arrière.

« Et horripilant. » marmonna Gabrielle dans un souffle.

« Mioche. » renifla Fleur.

Gabrielle lui lança un sourire espiègle, puis se tourna vers son père. « Quel est le menu ce soir, Papa ? »

« Anton a préparé certains de ses meilleurs mets. » répondit Jean. « Nous commençons avec du bouillon de poule, avec un gratin de truffes noires, suivi par une tranche de foie gras rôtie accompagnée d'endives caramélisées. Ensuite ce sera du homard tortellini avec du velouté aux herbes et des crustacés à la vinaigrette. Un Filet de Saint Pierre à la coriandre précédera le plat principal – un rôti de gigot d'agneau avec des salsifis sautés aux épinards et une glorieuse sauce au thym. Nous finirons avec de la compote de pomme caramélisée, un yaourt nature et un parfait au chocolat Valrhona noir avec de la crème glacée. »

« Nom d'une chouette! » siffla Harry.

Jean et Aimée éclatèrent tous deux de rire, avant qu'Aimée ne place sa main sur le bras de Harry. « Ce repas est un peu extravagant, mais j'ai bien peur que notre chef ait été si enchanté de cuisiner pour vous, que nous n'avons pas eu le cœur de le réfréner. »

Harry sourit faiblement et hocha la tête.

« Je sais que vous n'aimez pas user de votre célébrité. » continua Aimée. « Mais vous avez fait quelque chose dans laquelle vous excelliez pour venir en aide aux autres, aussi ne devez-vous pas être gêné lorsque d'autres en font de même pour vous. Car ce n'est que justice et qu'il n'y a rien de plus naturel à cela. Notre chef désirait vous repayer de vos efforts en faisant ce qu'il fait de mieux. – cuisiner le meilleur des repas dont il est capable. Il est honoré d'être capable de trouver une manière si infime soit-elle de vous dire merci. »

« Je n'y avais pas pensé ainsi. » admit Harry, un peu surpris.

Aimée sourit. « Autant je désapprouve les actions de Madame Prévoyez, je suis ravie que ce qu'il en a résulté ait été d'avoir votre vrai premier repas Français avec nous. »

« Et crois-moi. » intervint Bill avec un sourire. « Anton est un vrai Maître Queux. »

Quatre heures, sept plats et trois bouteilles de vin plus tard, Harry approuvait de tout son estomac la déclaration de Bill. Il ne pouvait se rappeler avoir eu un meilleur repas de tout sa vie – et cela comprenait les restaurants où il s'était rendu à Londres ou durant ses voyages à l'étranger dans le cadre du Quidditch.


« Me serait-il possible de remercier personnellement Anton ? »

Jean sourit. « Gabrielle peux-tu montrer la cuisine à Harry et nous rejoindre ensuite au salon ? »

« Bien sûr, Papa. » répondit Gabrielle. « Si tu veux bien m'accompagner Harry, je vais te conduire aux cuisines, et te faire faire par la même occasion une petite visite de notre château. »

Alors que Harry et Gabrielle quittaient la pièce, Aimée se tourna vers sa fille ainée.

« Est-ce que William et toi pouvez nous excuser pendant quelques minutes ? »

« Bien sûr, Maman. » dit Fleur en se levant. « Bill. » continua-t-elle en lui tendant sa main.

Aimée scrutait du regard son mari sans rien dire jusqu'à ce que le jeune coupe ait quitté la pièce.

Jean lui renvoya son regard puis se mit à se tortiller dans son fauteuil.

« Ceci, » commença Aimée en indiquant du doigt la porte par laquelle Harry venait juste de sortir, « est un charmant, et honorable jeune homme. »

« Je suis d'accord. » acquiesça Jean avec précaution.

« Alors pourquoi exactement acceptons-nous ce plan ridicule de Gabrielle qui est de le manipuler dans une situation où il se pourrait tout comme il ne se pourrait pas qu'il tombe amoureux – avec l'assurance que si ce n'est pas le cas, tu lui révéleras tout quand même ? »

Jean leva ses mains défensivement.

« Je sais que tu veux lui dire, mais il se trouve que je suis d'accord avec Gabrielle sur le fait qu'un tigre encagé en est un qui a perdu quelque chose d'inestimable. »

« Je pense que tu sous-estimes ce jeune homme. » soupira-t-elle doucement. « Penses-tu honnêtement que ce soit la bonne chose à faire ? »

« Non. » soupira Jean. « Mais je ne peux penser à quelqu'un de meilleur pour Gabrielle. »

« Il ne s'agit pas seulement d'elle. »

« Je sais, je sais. J'ai juste oublié à quel point Harry est attachant. »

« Ou à quel point Gabrielle a été stupide. » déplora tristement Aimée. « Malgré tout ce que nous lui avons dit, en dépit des avertissements que Maman, et moi, lui avons donnée, elle s'est quand même liée à lui à cet âge déraisonnable. »

« Aimée. » dit Jean d'une voix douce. « C'est le passé. Nous ne pouvons pas le changer. »

« Ni ne le désires-tu, Jean-Sébastien Delacour. Tu le désires pour ton gendre, n'est-ce pas ? Je te connais bien trop parfaitement pour que tu puisses me cacher quelque chose. Pourquoi ? »

« Ce n'est pas pour ma politique. » dit instantanément Jean, prouvant ainsi qu'il avait au moins appris quelque chose dans leur mariage. « Qu'est-ce que tout homme désire pour leur fille, si ce n'est le meilleur partenaire possible pour elle ? Il ne reste plus beaucoup de chevaliers dans ce monde, et je désire le meilleur pour ma fille. »

« Elle t'a tout enroulé autour de son petit doigt. » déclara-t-elle avec un petit sourire.

« Elle est tout comme sa mère. » répondit Jean. « Intelligente, belle, et avec un degré d'entêtement d'un kilomètre. »

Aimée rit doucement. « Elle me ressemble bien trop. » admit-elle avec regret. « Nous avons toujours eu une relation tumultueuse. »

« Un fait qui a comblé d'aise notre fournisseur de vases. » sourit malicieusement Jean.

« Mufle. » rétorqua-t-elle. « Je ne ruinerai pas ton plan, Jean, mais j'espère sincèrement que tu n'as pas tort. Il y a un volcan à l'intérieur de ce jeune homme, et son éruption serait très dangereuse. »

« Je l'ai vu dans la bataille, se battant en combat singulier contre Voldemort, ma chérie. » murmura-t-il doucement, ses yeux se faisant lointain comme ils le faisaient toujours lorsqu'il évoquait la guerre. Elle avait entendu cette histoire plusieurs fois, durant plusieurs nuits tardives, mais elle le laissa quand même parler.


Jean balaya du regard ses alentours et lança plusieurs sorts à quelques Mangemorts qui se trouvaient près de lui. Il menait les Aurors Français, tandis que Kingsley Shacklebolt menait les Anglais. Ils approchaient tous deux selon la stratégie classique de la tenaille, chacun venant d'un côté différent pour mieux acculer leurs adversaires.

Avec les Horcruxes détruits, et la location des Mangemorts découverte, ils avaient lancé une ultime attaque afin de tenter d'en finir.

D'un côté, l'A.D, à présent connue sous le nom de l'Association de Défense, venait juste de rejoindre la bataille – leur travail était légèrement différent de celui des Aurors. Ils devaient faire en sorte que Harry parvienne à s'approcher de Voldemort.

Ils semblaient inarrêtables, courant dans un parfait ensemble sur le terrain, pénétrant à travers le périmètre défensif de Voldemort et permettant à Harry de se jeter dans la mêlée.

Comme prévu, l'A.D menée par Ron et Hermione, se retira et se sépara en deux groupes, chacun se ralliant et se mettant à aider l'un des groupes d'Aurors.

Cela avait été un plan que bon nombre de membres de l'A.D avait désapprouvé, mais Harry avait insisté. La discussion avait drastiquement monté en octaves, jusqu'à ce que Harry l'interrompe avec une soudaineté qui avait surpris tout le monde.

Harry avait attaqué ses amis, en usant de tous les sorts non mortels connus de l'homme. En moins de soixante secondes, chaque membre de l'A.D, chaque Auror, et tout le reste du monde présent dans la salle était devenu complètement immobile.

Jean avait été frappé par un sort qui le rendait incapable de parler, et ses bras ligotés derrière son dos.

Harry s'était dirigé vers la table et avait pris une longue gorgée d''eau. « Ceci ne prête pas à discussion. » avait-il simplement dit. « Vous me ferez approcher de Voldermort, et ensuite vous assisterez les Aurors à s'occuper des Mangemorts et vous me laisserez le reste. J'ai besoin d'être capable de me concentrer sur ce que je fais et non pas de veiller sur quelqu'un d'autre. Aucun d'entre vous ne possède les compétences pour survivre contre Voldemort. »

Hermione avait été la première à se libérer du sort de mutisme. « Mais Harry. » avait-elle plaidé. « Ce sera toi contre dix de ses élites. »

Harry avait haussé les épaules à cela. « Je sais Hermione. Je sais. Mais c'est le seul moyen par lequel nous pouvons le faire. Le plan d'attaque de Jean-Sébastien est le meilleur que j'ai entendu jusqu'à présent. Nous avons la chance, nous avons l'opportunité, et nous avons l'assistance. Il est temps de mettre un terme à tout ça. »

Harry avait ensuite agité distraitement sa main, libérant tout le monde, et il avait quitté la pièce.

« Par la barbe de Merlin. » avait à demi-chuchoté Jean. « Je n'ai plus aucun doute. Faisons ce qu'on nous a dit de faire. »

Ron avait soupiré avant de hocher la tête, et ils s'étaient tous accordés, avec une grande réticence, sur le fait que Harry avait raison. Aucun d'entre eux ne serait capable de suivre son rythme, et à la fin, cela l'handicaperait en essayant de les protéger tout en se défendant lui-même. C'était de la bravoure, presque suicidaire, mais personne n'avait jamais accusé Harry de manquer de courage.

Des sorts de toutes les formes et de toutes les couleurs volaient à tout va, à présent. Il pouvait voir les cheveux roux qui signalaient les Weasley et il adressa une rapide prière pour qu'ils survivent, tandis qu'il lançait d'autres sorts dans les rangs massifs de Mangemorts.

Il pouvait voir Harry, au sommet d'une colline, combattant comme un démon. Mais il pouvait le voir être touché aussi – l'un de ses bras pendillait impuissante, ou tout du moins le semblait-il, jusqu'à ce que Harry lance un sort à un Mangemort, se retourne, lance un sort à sa propre épaule, avant de reprendre la bataille.

Jean secoua sa tête – de la médecine de secours en plein milieu d'un combat ? Cela requérait des tripes, car il était presque aussi douloureux de soigner une blessure que la douleur suscitée par le dommage initial qui avait causé la blessure.

« Pour la Gloire de la France. » hurla-t-il à pleins poumons. « Chargez ! »

A travers le champ de bataille, il entendit un cri résonner tel un écho de son propre cri. « Pour l'Angleterre et pour Harry ! Chargez ! »

Il courut avec les autres, toutes pensées d'auto-préservation depuis longtemps oubliées pris comme il l'était par la fièvre de la bataille. Un Mangemort se dressa sur son chemin, et lui lança un sort il se contorsionna violemment, laissant le maléfice le survoler, et lança en représailles un vicieux sort de découpe qui décapita le Mangemort.

Il regarda autour de lui et grimaça en voyant Harry sur ses genoux, deux Mangemorts le tenant, tandis qu'un troisième le torturait.

Lorsqu'il regarda de nouveau, Harry était de nouveau sur ses pieds, avec quelques Mangemorts tombés de plus autour de lui.

Ils étaient en train de gagner ; le nombre de Mangemorts se mouvant encore était significativement inférieur au nombre d'Aurors et de membre de l'A.D à présent.

Il se leva en s'appuyant sur sa cuisse et se dirigea vers Harry tentant de voir s'il pouvait lui venir en aide, mais davantage de Mangemorts se dressèrent sur son chemin et il fut contraint de les combattre.

Quand il – avec l'aide de quelques-uns de ses Aurors, les eut vaincus, seul restaient Harry et Voldemort.

Le garçon était dans un piteux état. Le même bras que précédemment pendait de nouveau le long de sa hanche, et il put voir que Harry saignait d'une multitudes de coupures et de plaies sur tout son corps.

Mais il combattait Voldemort de front, et recevait beaucoup plus de dommages

C'était horrifiant. Même parmi les morts et les agonisants gisant un peu partout sur le champ de bataille, le supplice que Harry endurait était de trop ; c'en était insupportable. Personne ne devrait avoir à être soumis à autant de maléfices.

Voldemort riait, haranguait Harry en lui faisant subir le Doloris pendant ce qui semblait être une éternité.

Il hurla, alors que Harry hurlait, il voulait lui crier d'arrêter, que cela n'en valait pas la peine, rien ne valait ça.

Mais soudainement Harry bondit sur ses pieds, lançant le même sort encore pour guérir son épaule. Même sous l'emprise du Doloris. Harry courut vers Voldemort et saisit le poignet du Seigneur des Ténèbres tout en mouvant son autre main contre la main de Voldemort.

Il y eut un craquement sinistre qui sembla résonner dans tout le champ, car tout le monde se retourna pour regarder.

Harry poussa encore. Le poignet de Voldemort pointait à présent vers le corps du Seigneur des Ténèbres, avec la baguette de Harry à côté de celle de Voldemort.

« Avada Kedavra ! » hurla Harry, et deux flashs verts distincts illuminèrent le paysage.

Il y eut un silence, un silence absolu, avant que Voldemort ne tombe au sol, mort.

Il y eut une immense clameur, tandis que Ron, Hermione, et les autres membres de l'A.D couraient en direction de Harry.

« Nous avons besoin de faire examiner ces coupures, monsieur. » lui dit une voix à sa gauche.

Il posa son regard sur le propriétaire de la voix puis baissa ses yeux sur ses robes. Elles semblaient insignifiantes comparées aux blessures que Harry avait endurées.

« Cet homme est un chevalier. » souffla-t-il.

« C'est certain, monsieur. » approuva l'Auror Français. « Maintenant allons vous trouver un médecin. »


Aimée attendit quelques secondes avant de rappeler d'une voix douce.

« Il est temps de rejoindre les autres. »

Jean sursauta légèrement et opina du chef. « Très bien. » dit-il avec un sourire, en secouant sa tête pour chasser les sombres réminiscences.

« Nous passerons la matinée de demain à la piscine. » l'informa-t-elle. « Gabrielle sera magnifique dans le nouvel ensemble que j'ai pour elle. »

« Alors tu n'es pas complètement contre tout ça. » la taquina légèrement Jean.

« Sans prendre en considération un certain plan, Harry est une personne appropriée pour Gabrielle, et c'est un mâle. Tout mâle hétérosexuel devrait être capable d'admirer une femme dans son maillot de bain, et s'il ne le fait pas, ton plan ne marchera jamais. »

« C'est vrai. » nota Jean.

« Monsieur. » appela le majordome, en apparaissant dans un coin de la pièce.

Jean pencha sa tête sur le côté.

« Une certaine Mme Weasley a requis que vous l'appeliez dès qu'il vous sera possible. »

« Merci. » dit Jean. « Si elle appelle encore, dites lui je vous prie que nous sommes déjà au fait concernant le tournoi de Quidditch de Dumbledore, et que nous nous en occupons. »

« Comme il vous plaira, monsieur. » répondit le majordome.


Harry balaya du regard sa chambre et siffla dans sa barbe. Il avait été dans bien des endroits magnifiques jusqu'à présent, et cette pièce ne faisait pas exception. Une chambre Louis XVI, réputée pour avoir beaucoup plus de tons bruns que les chambres de Louis XV qui privilégiaient le bleu.

Il s'avança vers la garde-robe en acajou et se mit à sourire légèrement toutes ses affaires avaient été déballées, repassées et rangées avec expertise.

La soirée avait été très divertissante. Cela avait été un peu étrange de parler autant en anglais, mais il y avait une familiarité à cela qui lui rappelait chez lui. Les conversations avaient portées sur un large éventail de sujets, prouvant sans nul doute que tous les Delacour étaient très intelligents sans l'être excessivement.

Aimée Delacour avait été énormément distrayante. Bien que semblant frigide et réservée à prime abord, elle était très chaleureuse et attentionnée intérieurement, avec un redoutable sens de l'humour dont elle usait sans merci et sans distinction sur les membres de sa famille et ses amis. Plus encore, elle était aussi plus que ravie de se trouver de l'autre bout d'une pique humoristique.

Il se déchaussa et se dévêtit de son pullover, avant de se diriger vers la porte de sa chambre après avoir entendu un faible cognement.

« Bill ? »

« Tu es une crapule, Harry. » accusa Bill avec un sourire malicieux en entrant dans la pièce et en prenant un siège.

« Vraiment ? » s'enquit Harry, en s'asseyant avec désinvolture sur son lit.

« Ouaip. » affirma catégoriquement Bill. « Ceux invités à la résidence Delacour ne sont pas censés charmer Aimée trente secondes seulement après avoir été présentés. » sourit-il.

« Ouups ? »

Bill éclata de rire. « Fleur est en train de souhaiter la bonne nuit à Gabrielle, alors j'ai pensé venir voir si tout allait bien. »

« Oui je vais bien. » sourit Harry. « Ce n'est pas si difficile que ça de s'habituer à autant de luxe. »

« Ca ne l'est pas, n'est-ce pas ? » sourit Bill. « J'ai eu quelques difficultés quand j'ai réalisé pour la première fois à quel point ils étaient scandaleusement riches, mais en fait, ils te ressemblent beaucoup. »

« Ils me ressemblent ? »

« Réservés, mais une fois que tu passes à travers ça, des personnes très agréables. »

« Ahhhh. » sourit Harry. « Oui, je peux un peu déceler cela. Tu sais ce qui est un peu étrange ? »

« Quoi ? »

« Quand j'ai rencontré Anton. J'ai l'habitude de voir les personnes se pâmer devant moi et me rendre mal à l'aise. Il a secoué ma main, m'a remercié sérieusement d'avoir tué Voldemort, et ensuite nous avons parlé cuisine pendant dix minutes. C'était, » il marqua une pause, « plaisant. »

Bill hocha la tête lentement. « Le problème que tu as Harry, est que tu as seulement rencontré quelques-uns de tes fans, et ils tendent à être si impressionnés par ta simple présence, qu'ils passent les premières quinze minutes de n'importe quelle conversation, à vagir, et tu as déjà continué ton chemin au moment où ils finissent par reprendre un peu leurs esprits. Il y a des gens comme Anton à travers le monde entier, qui te sont reconnaissants pour ce que tu as fait, et adorerait simplement te parler en tant qu'être humain normal. »

« Vagir ? » interrogea Harry. « Ai-je même envie de savoir ce que ça veut dire ? »

Bill éclata de rire. « Tu as passé trop de temps dans les hautes sphères. » sourit le briseur de sortilèges. « C'est le bruit que font tes fans lorsque tu t'avances vers eux. »

Harry y pensa pendant une seconde et se mit ensuite à grimacer. « C'est cet étrange son crissant, n'est-ce pas ? Je me mets à suer à grosses gouttes à chaque fois que je l'entends. »

« Laisse Harry se reposer un peu, chéri. » dit Fleur depuis le pas de la porte en français, et en parlant lentement.

« Bonne nuit, Harry. » répondit Bill en anglais, en lui lançant un clin d'œil avant de sortir de la chambre.

Harry secoua sa tête en souriant. Il aurait eu bien du mal à s'empêcher de cligner de l'œil, lui aussi, si une sublime blonde vêtue du même négligé que Fleur portait lui avait dit d'aller au lit.

Il fixa le plafond du regard, désireux que le sommeil le prenne, mais ce ne fut pas le cas.

Et il ne le prendrait très probablement pas avant des heures.

Ces dernières semaines avaient été énormément amusantes, et cela lui avait procuré un certain sentiment d'optimisme. Et si une chose avait été prouvée dans sa vie, c'était que dès que quelque chose allait bien, quelque chose d'autre n'allait pas tarder à aller mal.

Il était temps que le pire survienne.


Harry sortit de sa chambre, vêtu de son short de bain, avec une serviette sur son épaule. Il avait découvert une paire de tongs à côté de son lit, avec une serviette, et avait sourit – émerveillé par la discrétion du personnel, et par le fait que les Delacour n'employaient pas d'elfes de maisons.

Il sortit du château, et ajusta ses lunettes avec un effleurement afin de protéger ses yeux du soleil étincelant.

« Viens, Harry. » cria Bill depuis l'autre côté de la piscine. « L'eau est bonne. »

Harry opina et s'avança vers un transat, il y déposa sa serviette se enleva ses tongs. Il retira ses lunettes et lança un sort d'imperméabilité devant ses yeux. Le sort ne durait pas longtemps mais il lui permettait au moins de voir où il nageait.

Il avança de trois pas rapides jusqu'au bord de la piscine et effectua un plongeon impeccable. Il avait appris à nager après avoir eu son épaule détruite pour la première fois, et il eut tôt fait de surmonter sa peur de l'eau. Nager était un excellent exercice, et il avait nagé des miles et des miles pour rééduquer son épaule, et il en était tombé amoureux. C'était une poursuite solitaire, comme voler, par le biais de laquelle il pouvait simplement se détendre et se laisser complètement aller, tout en essayant de s'épuiser. Il arriva au niveau de Bill avec de confiants et puissants mouvements de crawl.

« Alors, » sourit Bill d'un air sérieux, « tu te prends pour une grosse pointure ? Faisons la course. »

« Es-tu sûr de pouvoir tenir le rythme vieil homme ? » répliqua Harry.

« Huit longueurs. » gronda Bill avec amusement. « Je te montrerai qui est un 'vieil homme'. »

« A trois ? »

« Trois ! » cria instantanément Bill et se mit à nager.

« Tricheur ! » hurla Harry, en observant Bill pour déterminer sa rapidité. Il prit une profonde inspiration et se lança à la poursuite de son ami.


La phrase 'Je n'ai rien à me mettre.' dont Gabrielle s'était fait une rengaine plaintive depuis quelques minutes était bien loin de la vérité. Elle avait une garde-robe plus grande que la chambre de la plupart des personnes, emplie de vêtements de haute-couture.

« Gabrielle. » soupira Aimée. « Tu as quatorze maillots de bain il ne te serait sûrement pas difficile d'en choisir juste un ? »

« Mais ils recouvrent bien trop de peau ! »

« Si je me souviens bien, » commença Aimée d'une voix lente, « tu les as tous choisis toi-même. »

« Bien sûr que c'est moi qui les ai choisis. » soupira Gabrielle. « Mais je n'essayais pas de faire tomber un homme amoureux de moi à ce moment là. La dernière chose que je désire est de porter l'une de ses choses puériles. » elle s'interrompit et leva un maillot pour l'exemple. « Celui-ci a une étoile de mer sur le ventre ! »

« Alors il te faut porter celui-là. » déclara Aimée avec un léger sourire sur les lèvres, en lui présentant un sac.

Gabrielle plongea sa main dans le sac et en retira le maillot de bain. Bien qu'il ait plus de tissu que ce qu'elle aurait aimé, force lui était d'admettre qu'il était à la fois magnifique et pratique, et qu'elle n'aurait aucun problème à le porter devant lui.

« Merci Maman, » dit-elle, en étreignant sa mère avec enthousiasme, avant de se précipiter dans la salle de bains pour se changer.

« Comment je suis ? »

« Sublime. » commenta Aimée d'une voix douce.

« Tu es magnifique aussi, Maman. » complimenta Gabrielle, en souriant tendrement à sa mère.

Bien qu'elles eussent eu beaucoup de moments de confrontation alors que Gabrielle grandissait, et que sa mère ait été extrêmement déçue de sa décision de se lier à Harry, elle n'avait jamais douté de l'amour de sa mère. Même en approchant les soixante-dix ans, Madame Delacour avait une silhouette que la pluparts des jeunes de vingt-ans seraient prêt à tuer pour avoir et un visage qui traitait la perspective du vieillissement avec tout le dédain qu'elle méritait.

Aimée se leva et offrit sa main à sa fille, qui la saisit. Elle avait été émerveillée par la beauté de sa mère en grandissant, et pendant une seconde, se sentiment lui revint. Même vêtue d'un maillot de bain avec une chemise par-dessus, sa mère irradiait de grâce et d'élégance d'une manière que Gabrielle espérait pouvoir imiter un jour.

Elles marchèrent ensemble en direction des portes menant vers l'extérieur quand Aimée s'arrêta.

« Attends ici, Gabrielle. Lorsque je m'assoirais au bord de la piscine, tu feras ton entrée. Marche lentement, ne trébuche pas, et quand tu arriveras au bord de la piscine, tourne toi vers la gauche, et trempe légèrement le bout des orteils de ton pied droit dans l'eau, et ensuite assieds-toi à côté de moi. »

« Maman ? »

« Fais juste ce qui t'est dit, Gabrielle. »

« Oui, Maman. »


« Ce n'est pas juste. » se plaignait Bill avec un large sourire. « Tu es à moitié poisson ! »

Harry fit mine de s'examiner avec le plus grand soin. « Je ne vois pas de branchies ni de palmes à mes pieds. »

Bill, avec une maturité qui frôlait l'admiration, lui tira la langue et se mit à rebrousser chemin à la nage pour aller à l'encontre d'Aimée.

Harry le suivit, le dépassant avec aise.

« Bonjour. » sourit-il en restant à quelques brasses devant elle.

« Bonjour Harry, William. » leur sourit-elle à tous deux. « Avez-vous bien dormi ? »

« Eh bien, presque. » sourit avec facétie Harry, en lançant un clin d'œil à la matriarche. « Mais je n'ai pas cessé d'entendre ces bruits étranges en provenance de la chambre de Bill. »

« Voulez-vous m'excuser un moment ? » demanda Bill à Aimée, avant de se retourner, lever sa main, et noyer fermement Harry dans l'eau.

Harry parvint à prendre une profonde inspiration avant d'être forcé sous l'eau, et cela ne lui prit qu'une seconde pour saisir la main qui le maintenait en profondeur, la tordre et de renvoyer la politesse, noyant à son tour Bill.

« Il se sent agité ce matin. » déclara Harry en relâchant Bill.

« C'est ce que je peux voir. » sourit Aimée. « Puis-je demander pourquoi vous n'avez pas fait usage du charme de mutisme ? » demanda-t-elle à Bill.

Ce dernier ouvrit sa bouche, puis la referma, avant de devenir d'un rouge écarlate.

Aimée eut un délicieux rire de gorge et s'assit prudemment sur le bord de la piscine, laissant ses jambes tremper dans l'eau.

Derrière elle, Harry put voir Gabrielle sortir de la maison, elle portait une serviette sur un bras et était vêtue d'un maillot de bain argenté. Ses cheveux étaient relâchés et cascadaient sur ses épaules, et elle s'avançait avec une sérénité et une grâce qu'il n'avait jamais vues chez quelqu'un d'aussi jeune.

Elle lui sourit directement tandis qu'elle arrivait au niveau de sa mère, puis se retourna, se penchant légèrement pour tester l'eau avec son orteil. Il trouva son regard fixé sur ses jambes, et bien qu'il tentât de se convaincre que c'était parce qu'il regardait quel genre de muscles elle possédait, et comment ils conviendraient pour le Quidditch, la franchise le forçait à admettre que Gabrielle était magnifique, et possédait les jambes les plus merveilleuses qu'il ait vues de sa vie.

Il détourna le regard pour croiser les yeux d'Aimée, et pour la première fois, il fut rassuré. Finalement, quelqu'un agissait normalement. Le regard qu'il reçut était froidement calculateur, comme si elle examinait s'il était digne de regarder sa fille ainsi, et que son jugement était pour le moins réservé.

C'était la première réaction naturelle qu'il avait reçue en ce qui concernait Gabrielle, et il sourit à l'adresse d'Aimée, lui informant ainsi qu'il avait compris le message.

Ils parlèrent pendant quelques minutes, avant que Jean et Fleur ne rejoignent les hommes dans la piscine, et cela ne requit pas beaucoup de cajoleries de leur part pour inciter Aimée et Gabrielle à entrer aussi dans l'eau.

Quelques heures plus tard, après un glorieux déjeuner sur une table nappée près de la piscine, Harry demanda à parler à Jean en privée pendant quelques minutes.

Ils devisaient amicalement en entrant dans son bureau privé. Harry s'assit de l'autre côté d'un immense et élégant bureau qui aurait relégué celui de Dumbledore au rang de simple pupitre d'élève.

« Que puis-je faire pour vous Harry ? » s'enquit Jean.

Harry prit une profonde inspiration et évita le regard de Jean pendant une seconde. Il jouait un rôle à présent, et il voulait le faire correctement.

« C'est un peu difficile. » commença-t-il doucement, en reportant lentement son regard sur Jean.

« Allez-y je vous prie. » l'invita Jean en écartant ses bras. « Je ne vais pas mordre. »

« Il se peut que vous le fassiez. » marmonna délibérément Harry. « Je me suis beaucoup amusé depuis que je suis arrivé en France. »

« Excellent. » l'interrompit Jean.

« Et une grande part de cela, » continua Harry, feignant la nervosité, « est dûe à Gabrielle. »

Jean hocha la tête en un signe d'encouragement.

« Et bien que je sois conscient d'avoir quelques années de plus qu'elle. » dit-il précipitamment. « J'aimerais avoir votre permission pour lui demander de sortir avec moi. »

Jean se mit lentement à sourire et tenta de paraître sévère mais il était évident qu'il était ravi par la requête.

« La différence d'âge n'est rien. » balaya-t-il avec un haussement d'épaules. « Et je pense que la personne à laquelle vous devriez demander cela est Gabrielle elle-même. »

« Foutaises. » soupira Harry, baissant son masque.

« Excusez-moi ? » dit Jean, paraissant surpris.

« J'ai dit 'Foutaises', Jean. Vous voulez bien cesser cette comédie et me dire ce qui se passe réellement ? »

« Je ne comprends pas… »

« Oh mais si, vous comprenez. » placarda Harry, en jetant un regard noir à l'homme en face de lui. « Tout le monde, excepté Aimée, tente, d'une manière ou d'une autre, de me pousser dans une relation avec Gabrielle. Au début, j'ai pensé – et croyez-moi, j'ai espéré de toutes mes forces que je me trompais – qu'elle était une sorte de récompense pour moi. » Il marqua une pause et hocha la tête en voyant Jean paraître horrifié à cette idée. « Je ne pensais pas que ce soit le cas. » admit-il. « Et je suis heureux d'avoir eu tort.

« Je ne suis pas très perceptif, mais je sais reconnaître lorsqu'une femme me fait des avances, même si c'est aussi subtil que ce que faisait Gabrielle. Alors j'ai interrogé mes amis, Ron et Hermione, sur cette affaire, et ils étaient très encourageants. En fait ils étaient aussi subtils qu'un Mangemort faisant un discours sur la légitimité de l'existence des Moldus. Ils n'ont jamais au grand jamais, approuvé quiconque avec qui je désirais sortir, et surtout après l'avoir connue seulement pendant quelques jours, et certainement pas quand il y a un tel âge d'écart. Alors j'ai décidé de vous demander la permission et voir votre réaction, comme je vous sais être un homme honorable. Et comme tous les autres, vous étiez immédiatement encourageant. Bien trop ; il y a quelque chose qui se trame ici, je suis en train d'être manipulé, et ce n'est pas quelque chose que j'apprécie. »

Jean tira le tiroir qui se trouvait sous son bureau, et en sortir une petite flasque. Il prit une goulée et la referma, avant de reporter son regard sur Harry.

« Je suis coincé dans une situation qui m'est pénible. » avoua ouvertement Jean. « Et je ne sais pas comment répondre. »

« La vérité, Jean. » gronda sourdement Harry. « C'est seulement le respect que j'ai pour vous qui m'empêche de m'en aller sur le champ. »

Jean pâlit à cela et leva ses mains.

« Je vous en prie Harry. » plaida-t-il. « Il y a beaucoup de choses que vous ne savez pas, et je ne saurais vous en expliquer la majorité. Je suis tenu par des promesses que j'ai faites qui sont par trop importantes pour que je puisse les briser. »

Harry se mit sur ses pieds et lança à Jean un regard dégoûté.

« Tout ce que je puis dire est que vous devrez parler à Gabrielle. »

Harry haussa un sourcil et hocha sèchement la tête avant de faire volte-face et de prendre la porte.


Jean le regarda partir pendant un moment, puis se leva pour passer un appel à travers le Réseau de Cheminette.

« J'ai besoin de quelques Aurors. » déclara-t-il abruptement.

« Il l'a déjà découvert ? » demanda la tête flottant dans les flammes.

« Oui. » confirma Jean avec un tout nouveau respect, bien que réticent, pour le jeune homme. « Il m'a piégé pour que je le révèle. »

« Impressionnant. » commenta l'homme. « Les Aurors sont dans votre salle à manger. »

« Merci. » dit Jean. Il grogna en réalisant que Hermione avait probablement tenté de l'avertir, mais il n'y avait pas réfléchi assez clairement pour s'en rendre compte.

Il soupira et disparut à travers une porte latérale, empruntant un raccourci vers la piscine.


Gabrielle put sentir l'énergie magique émanant de Harry bien avant qu'il ne soit en vue et elle soupira, son estomac se nouant désagréablement.

« Harry sait. » dit-elle simplement.

« Quoi ? » s'exclama Fleur. « Comment ? »

« Je ne sais pas. » soupira Gabrielle. « Il vient me parler. Il est furieux. »

« Rends- toi jusqu'au verger. » instruisit calmement Aimée. « Ne te place pas hors de vue. Sois très honnête Gabrielle, parce que si tu n'es pas totalement sincère, tu le perdras. »

« Oui, Maman. » dit nerveusement Gabrielle.

« Tu es une Delacour. » poursuivit Aimée. « Tu es assez forte pour faire cela. C'est ce que tu veux, il est ce que tu veux, et la personne que tu as choisie. Rappelle-toi cela, et reste forte. »

Gabrielle redressa ses épaules, et hocha fermement la tête.

« Merci Maman. »

Elle se retourna et s'éloigna, se dirigeant vers le verger, les paroles d'encouragement de sa mère imprimées dans son esprit.

Elle atteignit l'entrée et s'arrêta. Il ne ferait pas bon que Harry la voit nerveuse, alors elle s'adossa contre l'un des pommiers et attendit, lissant distraitement la robe qu'elle portait par-dessus son maillot.

Elle n'eut pas à attendre longtemps. Il sembla exploser hors de la maison, l'immense énergie magique qu'il dégageait lui faisant se redresser les cheveux de sa nuque. Il était magnifique, encore vêtu de son short de bain, alors qu'il s'avançait vers elle. Son corps était bronzé, avec seulement quelques cicatrices de son combat contre Voldemort visibles. Il n'était pas excessivement musclé, de la manière d'un homme passant trop de temps dans un centre de musculation, mais il était davantage musclé de la manière d'un athlète professionnel qui devait réagir avec vitesse et grâce à chaque situation.

Il était magnifique, et malgré tout, elle savait qu'elle avait était incroyablement chanceuse qu'il se soit développé en un tel homme. Cela ne lui aurait pas importé qu'il soit laid – sa beauté intérieure aurait tout de même illuminé sa personne, mais sa beauté extérieure était incroyable.

Ses yeux étincelaient d'une fureur à peine contenue tandis qu'il s'approchait d'elle. Elle pouvait voir ses lèvres se mouvoir, alors qu'il essayait de se calmer, et elle en était reconnaissante. Son propre cœur battait à tout rompre, en partie de peur, et en partie par l'effet que lui procurait la passion que son Compagnon éprouvait. Elle savait que si elle faisait la moindre erreur, non seulement elle finirait folle, mais elle le perdrait avant même de l'avoir eu.

Il arriva à son niveau et s'arrêta.

« Parle. » ordonna-t-il d'une voix brusque.

« C'est une longue histoire. » dit-elle d'une voix douce. Aussi gracieusement qu'elle le put, elle s'assit devant lui. « Je t'en prie. » supplia-t-elle.

Il la regarda pendant une seconde et finit par s'assoir dans un mouvement qui en était presque violent dans sa simplicité.

« Dumbledore n'a jamais informé à Fleur ou à Madame Maxime que j'allais être l'otage durant la seconde tâche. » elle réprima un sourire en le voyant devenir instantanément curieux. Cela n'avait pas été ce à quoi il s'attendait, et elle s'autorisa à éprouver un sentiment d'espoir.

« D'aussi loin qu'on puisse se souvenir, il y a eu une inimitié entre les Etres de l'eau et les Vélanes. La raison de cette inimitié à été perdue dans le temps, mais elle aussi vive aujourd'hui qu'elle l'était lorsqu'elle a débuté. Ainsi, lorsque je fus placée entre leurs mains, ils étaient extatiques, ils espéraient pouvoir provoquer un accident afin de me tuer. »

Le visage de Harry s'assombrit, et il hocha la tête.

« Fleur était terrifiée à la simple idée d'entrer dans l'eau, mais elle n'allait pas me laisser tomber, et elle ne pouvait rien dire. L'inimitié a été maintenue secrète pendant des siècles. Elle a été stoppée assez facilement, et les Etre de l'eau savaient que rien ne devait lui arriver, alors ils l'ont laissée partir. Ils en étaient grisés, car ils savaient que leur plan n'avait plus aucun moyen de faillir. Et puis tu es arrivé et tu m'as sauvée. Tu ne me connaissais même pas, mis à part le fait d'être la sœur d'une Vélane arrogante. Tu étais tellement plus jeune que les autres compétiteurs, et pourtant tu as sauvé ma vie. Pas à cause de la tâche, mais parce que c'était la bonne chose à faire. Tu aurais pu perdre l'épreuve, tu aurais pu échouer à sauver ton ami, mais tu ne t'en souciais pas. Tu savais ce qu'il était juste de faire, et tu l'as fait. Et je peux me rappeler me tenir là, frissonnante, te regarder faire ce que tous les héros font – balayer les éloges comme si tu avais fait quelque chose de naturel – comme si tout le monde en aurait fait de même à ta place.

« Et soudainement, cela me vint. Comme un éclair, l'idée entra dans mon esprit, et cela prit tout son sens. Ainsi, en dépit de tous les avertissements que j'avais reçus, je pris la décision. Je me Liai à toi. »

Harry cligna des yeux, son visage adoptant un masque de perplexité. « Pardon ? » dit-il comme s'il avait mal entendu.

En une autre occasion, elle aurait souri de voir son expression ahurie mais pas celle-là.

« Une Vélane peut choisir son Compagnon. » expliqua-t-elle. « C'est différent du mariage, de tomber amoureux, ou même de faire l'amour. Pour une Vélane, Etablir le Lien est la chose la plus profonde qui soit. Cela signifie placer sa vie dans les mains d'un autre, lui jurer loyauté et fidélité pour l'éternité cela signifie joindre sa vie et sa magie à la leur.

« Mais… »

« Mais je n'avais que huit ans ? » dit-elle doucement, levant sa main pour interrompre la question qu'il s'apprêtait à formuler. « Je sais, et je ne possédais cette habilité que depuis quelques mois. A mon huitième anniversaire, Maman et Mamie m'ont fait m'asseoir et m'ont expliquée très clairement ce qu'était l'Union, comment le faire, et par-dessus tout, pourquoi je ne devais pas le faire à moins d'en être absolument sûre – et que le faire avant mes dix-huit ans était une chose stupide à faire car cela causerait des problèmes. J'ai toujours été têtue, et en te regardant, tu semblais être parfait. Bien sûr, tu étais un peu petit pour un prince, mais tu étais encore jeune. Tu étais noble, beau, et brave. J'étais persuadée de faire le bon choix, alors j'ai libéré l'habilité qui m'a unie à toi, puis je me suis évanouie. »

« Fleur a reconnu ce qui s'était passé et a immédiatement appelé Maman pour venir me ramener à la maison. » sourit-elle faiblement. « Elle n'était pas contente de moi. »

Elle pouvait voir qu'il attendait toujours qu'elle continue, et qu'il n'allait pas poser de questions pour l'instant.

« C'est très rare qu'une Vélane se lie à une personne à un âge aussi jeune, à cause des problèmes que cela pose, et je savais que j'étais trop jeune pour y faire quelque chose de toute manière, tu avais des choses plus importantes auxquelles te soucier que les actions d'une petite fille idiote. »

« Que veux-tu dire par problèmes ? » demanda-t-il, sa voix froide et distante.

Elle grimaça et prit une profonde inspiration. « Si une Vélane se lie à quelqu'un avant ses dix-sept ans et qu'elle n'ait pas acceptée par son Compagnon avant son dix-septième anniversaire, ses pouvoirs deviendront hors de contrôle, et elle finira par devenir folle. » informa-t-elle calmement. « C'est une perspective avec laquelle j'ai dû vivre depuis ce jour-là. »

« Et tu n'es pas venu à moi avec ce problème parce que ? »

« Parce que mon père essayait de trouver une autre solution en premier lieu. Les meilleurs esprits magiques du monde ont été consultés, des potions rares ont été essayées, mais rien ne marchait. Cela demanda plusieurs années des plus grands efforts de mes parents pour qu'ils parviennent à la conclusion que j'allais devoir vivre avec les conséquences de ma décision l'Union est autant une part de moi-même que l'est ma magie. Et quand nous apprîmes que ma seule chance résidait en toi, je ne voulais pas juste débarquer dans ta vie et t'enlever ta liberté. » confessa-t-elle avec honnêteté. « Et je ne voulais pas t'avoir comme ça. Je t'ai aimé depuis mes huit ans. T'aimer a été mon point d'ancrage en grandissant. Fleur a eu beaucoup de problèmes en grandissant en tant que Vélane, mais je n'en ai eu aucun, car j'avais quelque chose sur lequel m'appuyer pour supporter les changements. Tu étais mon support. J'ai appris tout ce que je pouvais à ton sujet, Harry, pendant que j'attendais. Bien que je sache que tu abandonnerais ta vie pour quelqu'un d'autre, je ne voulais que tu fasses ça pour moi. Je ne te voulais pas par défaut. » elle prit une autre inspiration. « Je voulais que tu tombes amoureux de moi de ton propre chef je ne voulais pas que tu sois forcé d'être avec moi. Je voulais avoir une chance de te montrer que je peux te rendre heureux, afin que nous puissions être ensemble pour notre bien à tous deux, et pas seulement à cause de l'Union. »

Il hocha lentement la tête, ses yeux clos. « Et donc tu as demandé de l'aide à Ron et Hermione ? Et à ton père et à Madame Maxime, ce qui est pourquoi on m'a offert le poste à Beauxbâtons ? »

« Pas exactement. » corrigea Gabrielle en grimaçant. « L'idée que tu enseignes était tellement enthousiasmante que toutes les personnes impliquées étaient désireuses d'aider sans rien savoir de ma situation. »

Elle put sentir sa colère grandir de nouveau.

« Que se serait-il passé si j'avais trouvé quelqu'un d'autre ? Si j'étais tombé amoureux ? » argua-t-il.

Elle ferma ses yeux, tentant désespérément d'empêcher ses larmes de couler. C'était la seule question, entre toutes qu'elle avait prié qu'il ne pose jamais. Le conseil de sa mère lui revint de nouveau à l'esprit, et elle prit une autre inspiration profonde.

« Cela ne serait pas arrivé. » dit-elle simplement, en ouvrant ses yeux et en le regardant droit dans les yeux. « Tu ne pouvais pas. »

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » demanda-t-il suspicieusement.

« L'Union crée une connexion entre nous. Ma magie a été liée à la tienne cela signifiait que tu ne pouvais te sentir vraiment à l'aise en présence d'une autre femme. »

« Quoi ? » souffla-t-il, avant que sa magie ne jaillisse dramatiquement.

Elle put le sentir chercher en lui-même, et quelques secondes plus tard, elle sentit une petite secousse sur le Lien magique qui les unissait.

« Est-ce la raison pour laquelle quand j'embrassais Ginny, quand j'embrassais n'importe qui, il n'y avait jamais rien ? » souffla-t-il.

Elle hocha la tête.

« Tout ce temps, » poursuivit-il sa voix gagnant en intensité alors qu'il se mettait sur ses pieds, « j'ai été seul pendant les huit dernières années de ma vie à cause d'un sort si minuscule que je ne l'ai pas décelé ? »

Elle hocha de nouveau la tête.

« Non ! » cria-t-elle en sentant la magie de Harry s'élever de nouveau. Elle se mit, subitement sur ses genoux en levant les yeux vers lui. « Je t'en prie » supplia-t-elle. « S'il te plaît ne le brise pas, je t'en supplie, tout mais pas ça. »

« Pourquoi pas ? » demanda-t-il d'une voix froide et dépourvue de toute émotion.

« Parce que c'est irremplaçable, et que cela me condamnera à la folie. » elle leva de nouveau les yeux vers lui, ses mains jointes dans une prière désespérée, gardant consciencieusement ses pouvoirs de Vélane sous contrôle, ne désirant pas qu'il voie autre chose qu'elle, Gabrielle, l'implorant pour son futur, le futur qu'elle désirait avec lui. « S'il-te-plaît, Harry ne fais pas ça maintenant, pas comme ça, pas sous le coup de la colère et de la frustration. Je t'en prie n'agis pas avec précipitation. Penses-y tout d'abord, je t'en prie, avec une tête froide, avant que tu ne rompes la connexion. Si, une fois que tu y as réfléchis, tu décides de le faire, je ne t'arrêterai pas, et j'accepterai mon destin comme juste punition pour le geste inconscient que j'ai commis lorsque j'étais jeune. Mais je t'en supplie, pas comme ça, pas dans un accès de rage. S'il te faut m'accorder qu'une seule chose, je t'implore, accorde-moi cette seule requête. »

Elle regardait dans ses yeux, inconsciente des vents tourbillonnants autour d'eux, des hommes qui accouraient depuis la maison et qui semblaient se heurter à une barrière invisible, inconsciente de tout sauf de lui. Pour la première fois elle vit les ravages que son Union à Harry lui avait causé, et cela s'abattit sur elle à travers ses yeux avec fracas, et c'était bien plus douloureux qu'aucun coup physique qu'on aurait pu lui infliger. Elle avait blessé le seul homme qui comptait pour elle, le seul homme dont le cœur pouvait la détruire.

Il commença à parler puis se secoua, son visage changeant, adoptant une expression qui semblait montrer qu'il désirait être n'importe où sauf ici, n'importe où mais pas au près d'elle, comme si sa simple présence causait en lui des émotions qu'elle était trop effrayée d'identifier. Une colonne de feu géante tournoya autour d'eux tandis qu'il fermait les yeux et disparaissait, les champs protecteurs supposément impénétrables de la demeure gémissant avant d'éclater, dans un bruit assourdissant allant de concert avec le mugissement du feu qui s'étendit sur un rayon de trente mètres, détruisant tout sur son passage.

Tout sauf elle.

Elle s'affaissa sur ses genoux, en pleurs, au beau milieu de la désolation.

Sa mère fut la première à ses côtés avant tout le monde, et la prit dans une étreinte réconfortante.

« J'ai ruiné sa vie. » sanglota Gabrielle, enfouissant son visage dans le cou de sa mère.

« Non, mon petit ange. » murmura doucement Aimée. « Tu as fait une stupide erreur étant enfant, mais tu n'as pas ruiné sa vie. Ne t'inquiète pas, nous trouverons un moyen de te laisser vivre, maintenant qu'il t'a rejetée. »

« Oh non, Maman, non. » contredit Gabrielle, en se reculant et en regardant sa mère. « Il est furieux. Il est furieux contre moi, contre ses amis, contre tout le monde. Mais malgré tout, il n'a pas choisi sa liberté, Maman. Harry n'a pas brisé le Lien. »

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